Louis Aliot, maire de Perpignan, adresse aujourd’hui une lettre ouverte à l’historien Benjamin Stora, auteur du « Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie » remis à Emmanuel Macron.
Lui reprochant ses « omissions » et « dissimulations », Louis Aliot l’invite ce 19 mars, « date du pseudo-cessez- le-feu de 1962 », à venir à Perpignan se « recueillir, réfléchir, et peut-être discuter » autour d’une « quarantaine de photos et de documents » témoignant des « tortures et massacres généralisés » dont furent victimes environ 100 000 harkis et entre 3 000 et 5 000 pieds noirs de la part du FLN.
« Ces documents et photos, toutes issues de publications officielles des gouvernements français de l’époque, je ne vous ferai pas l’injure de penser que vous les ignorez », écrit Louis Aliot. « En tant que maire de Perpignan, si imprégnée de l’apport des rapatriés et harkis, et de leurs descendants, mais aussi en tant que fils et petit-fils de pied-noir moi-même, je ne peux en revanche souffrir que vous les passiez sous silence, conjuguant ainsi celui-ci avec repentance. »
Les photos et documents seront présentés ce 19 mars de 9h à 17h, salle des Libertés, 3 rue Edmond Bartissol, à Perpignan, transformée, pour l’occasion, en « lieu de mémoire et de recueillement » accessible uniquement sur réservation et dans le strict respect des règles sanitaires.
Certains des documents exposés risquant de heurter les plus jeunes, ce lieu de recueillement sera interdit d’accès aux mineurs de moins de 16 ans.
Lettre ouverte à Benjamin Stora par Louis Aliot, maire de Perpignan :
En matière de mémoire, il est nécessaire, et même vital, de rappeler sans cesse la réalité des faits, y compris par les images les plus terribles, afin que ceux-ci survivent à l’épreuve du temps. Cela s’applique notamment à tous les conflits et tragédies qui ont marqué la France, dont la guerre d’Algérie. La vérité est à ce prix. Monsieur Stora, votre « Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », remis le 20 janvier au Président de la République, ne contient pas que des contre-vérités. Il occulte en revanche sciemment, comme Emmanuel MACRON vient à nouveau de le faire sur vos conseils, des faits innommables qu’il convient de rappeler.
En ce 19 mars, date du pseudo-cessez-le-feu de 1962, après lequel entre 50 000 et 100 000 harkis – voire 150 000 selon certains documents officiels -, et entre 3 000 et 5 000 pieds noirs furent assassinés, j’ai décidé de rendre hommage à ces victimes oubliées, hier abandonnées par la France, aujourd’hui abandonnées par l’histoire.
Ce geste de justice et de réparation prendra la forme de l’ouverture, en ce 19 mars, d’un lieu de mémoire et de recueillement accessible sur réservation, salle des Libertés, à Perpignan, où sera exposée une quarantaine de photos et de documents rappelant, dans toute leur cruauté, ce que vous-même, et nombre d’historiens, vous échinez à dissimuler : les tortures et massacres généralisés dont furent victimes, en Algérie, des dizaines de milliers de nos compatriotes, en particulier musulmans, femmes et enfants compris, de la part du FLN – aujourd’hui encore au pouvoir dans ce pays, où il maintient sous sa coupe son peuple et sa jeunesse.
Ces documents et photos, toutes issues de publications officielles des gouvernements français de l’époque, je ne vous ferai pas l’injure de penser que vous les ignorez.
En tant que maire de Perpignan, si imprégné de l’apport des rapatriés et des harkis, et de leurs descendants, mais aussi en tant que fils et petit-fils de pied-noir moi-même, je ne peux en revanche souffrir que vous les passiez sous silence – conjuguant ainsi celui-ci avec repentance.
Ce n’est pas la vérité, ennemie de tous les totalitarismes, qui est dérangeante, Monsieur STORA, c’est son omission. Or vous avez fait preuve, dans votre rapport, d’un rappel des faits, de jugements et de « préconisations » qui omettent une large part de ces vérités.
Je vous invite donc, si vous le souhaitez, à venir ce 19 mars à Perpignan, comme j’y invite les Perpignanais dans le strict respect des règles sanitaires, à vous recueillir, réfléchir, et peut-être discuter, autour de ces photos et documents, qui, certes cruels, sont avant tout porteurs de vérités. Fussent-elles dérangeantes…
Bien à vous.
Louis ALIOT
Maire de Perpignan