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La BCE abaisse ses taux pour la première fois depuis 2011 : quels impacts pour l’économie européenne ?

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La Banque centrale européenne (BCE) a frappé un grand coup ce jeudi en abaissant ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage, une première depuis 2011. Cette décision historique intervient dans un contexte de ralentissement économique persistant en zone euro, malgré une inflation revenue à des niveaux plus modérés.

Une baisse des taux attendue mais d’ampleur surprenante

Le taux de dépôt de la BCE passe ainsi de 3,5% à 3,25%, tandis que le taux de refinancement tombe à 3,75%. Si les marchés anticipaient depuis plusieurs semaines un assouplissement monétaire, l’ampleur de la baisse a surpris de nombreux observateurs qui tablaient plutôt sur un ajustement de 0,15 point [1].

Cette décision marque un tournant dans la politique monétaire de la BCE, qui avait maintenu une ligne restrictive depuis 2022 pour lutter contre l’inflation galopante. Avec un taux d’inflation ramené à 1,3% en décembre 2024, bien en-deçà de l’objectif de 2%, l’institution de Francfort dispose désormais d’une marge de manœuvre pour soutenir l’activité [5].

Un contexte économique préoccupant

Plusieurs facteurs ont pesé dans la balance :

  • Une croissance atone de 0,6% prévue en zone euro pour 2025 selon les dernières projections de BNP Paribas [5]
  • Un risque de récession technique au second trimestre 2025 avec une croissance qui pourrait tomber à 0,1% [5]
  • Des tensions géopolitiques persistantes, notamment avec la Chine, qui pèsent sur le commerce international [3]
  • Un euro qui s’est apprécié de près de 5% face au dollar depuis début 2024, pénalisant la compétitivité des exportations européennes [1]

Impacts attendus sur l’économie réelle

Stimulation de l’investissement et de la consommation

La baisse des taux directeurs devrait se répercuter progressivement sur les conditions de crédit pour les entreprises et les ménages. Les analystes de la BCE estiment qu’une baisse de 0,25 point pourrait injecter jusqu’à 40 milliards d’euros dans l’économie réelle sur 12 mois via une hausse des investissements et de la consommation [1].

Soutien au marché immobilier

Le secteur immobilier, en berne depuis la remontée des taux, pourrait bénéficier d’un regain d’activité. Les taux des crédits immobiliers devraient progressivement s’ajuster à la baisse, redonnant du pouvoir d’achat aux acquéreurs potentiels [1].

Risque de dépréciation de l’euro

La baisse des taux pourrait entraîner un affaiblissement de l’euro face aux autres devises, notamment le dollar. Si cela peut favoriser les exportations européennes, une dépréciation trop marquée risquerait de raviver les pressions inflationnistes via le renchérissement des importations [1].

Réactions contrastées des marchés financiers

Les bourses européennes ont dans l’ensemble bien accueilli la nouvelle, le CAC 40 gagnant 1,2% dans les heures suivant l’annonce. Les valeurs bancaires ont particulièrement profité de cette décision, à l’image de BNP Paribas (+2,8%) ou Société Générale (+3,1%) [5].

Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d’État se sont nettement détendus. Le taux à 10 ans français est ainsi passé sous la barre des 2%, au plus bas depuis 18 mois [5].

Perspectives et prochaines étapes

La BCE a laissé entendre que ce mouvement d’assouplissement monétaire pourrait se poursuivre en 2025, avec potentiellement 4 à 5 baisses supplémentaires de 0,25 point chacune. L’institution reste toutefois prudente et conditionnera ses futures décisions à l’évolution des données économiques [1].

Les marchés anticipent désormais un taux de dépôt à 2% d’ici fin 2025, un niveau qui resterait historiquement élevé mais nettement plus accommodant qu’aujourd’hui [5].

Un décalage croissant avec la Fed américaine

Cette décision de la BCE contraste avec l’approche de la Réserve fédérale américaine, qui a maintenu ses taux inchangés entre 5,25% et 5,5% lors de sa dernière réunion. Ce décalage reflète des dynamiques économiques différentes, avec une croissance plus robuste outre-Atlantique (+2,1% attendu en 2025) et des craintes persistantes sur l’inflation [5].

L’écart grandissant entre les politiques monétaires européenne et américaine pourrait accentuer les pressions baissières sur l’euro dans les mois à venir, un paramètre que la BCE devra surveiller de près.

Conclusion : un pari risqué mais nécessaire

En abaissant ses taux directeurs, la BCE prend le risque de raviver l’inflation si la reprise économique s’avérait plus vigoureuse que prévu. Mais face au spectre de la récession et à une inflation désormais maîtrisée, ce changement de cap apparaît comme un pari nécessaire pour soutenir une économie européenne à la peine.

Les prochains mois seront cruciaux pour évaluer l’efficacité de cette nouvelle orientation monétaire. La capacité de la BCE à doser finement ses interventions futures sera déterminante pour atteindre le délicat équilibre entre soutien à la croissance et stabilité des prix.

Pour approfondir le sujet, consultez notre analyse sur l’Occitanie, 5e économie française en 2025, ainsi que nos articles sur le taux d’inflation stable à 1,80% en janvier 2025 et les perspectives de croissance mondiale de 2,8% en 2025.