Les eaux tranquilles du Marais d’Orx reflètent le ciel tandis qu’une colonie d’aigrettes s’envole en formation parfaite. Ce spectacle, renouvelé chaque jour depuis la renaissance de cette zone humide, témoigne d’un équilibre fragile mais retrouvé. À seulement 15 kilomètres de Bayonne, cette réserve naturelle nationale de 774 hectares représente l’une des dernières grandes zones humides protégées du littoral aquitain, au destin aussi surprenant que son écosystème.
Un marais façonné par l’homme et sauvé par la nature
L’histoire du Marais d’Orx commence il y a environ 3 millions d’années, mais c’est l’intervention humaine qui lui donne sa configuration actuelle. Sous Napoléon Ier, puis Napoléon III, d’importants travaux d’assèchement transforment cette vaste étendue marécageuse en terres agricoles, symbole d’une époque où l’on « domptait » la nature.
Des vestiges impressionnants de pompes hydrauliques impériales de 1863 témoignent encore de cette ambition. Le fils naturel de Napoléon Ier, le comte Walewski, est intimement lié à cet assèchement qui façonne durablement le paysage.
Mais en 1989, un tournant s’opère : le Conservatoire du Littoral rachète le site avec l’aide du WWF pour entreprendre l’un des plus grands projets de renaturation jamais réalisés en France. Six ans plus tard, en 1995, le Marais d’Orx est classé Réserve Naturelle Nationale, puis reconnu site Ramsar en 2011, à l’image d’autres sanctuaires naturels essentiels à la biodiversité mondiale.
Un écosystème exceptionnel entre terre et eau
La symphonie des ailes et des eaux
Ce qui rend le Marais d’Orx véritablement unique est sa mosaïque d’habitats répartis en quatre « casiers » hydrauliques interdépendants. Cette configuration permet l’accueil de 247 espèces d’oiseaux différentes, dont 137 migratrices faisant halte sur l’un des principaux axes migratoires d’Europe.
En cette journée d’avril 2025, les ornithologues peuvent observer la nidification des sternes et le passage spectaculaire des oies migratrices. L’aigle pêcheur, star du site, plonge régulièrement dans les eaux pour capturer sa proie, offrant un spectacle saisissant aux visiteurs patients.
La mosaïque de paysages où se côtoient plans d’eau, saulaies, roselières et prairies humides abrite également la discrète tortue cistude d’Europe et de nombreux amphibiens, créant un véritable sanctuaire de biodiversité.
Explorer le marais : une immersion sensorielle
Circuits et observations
Deux circuits principaux permettent de découvrir cette réserve : le Marais Barrage (6,2 km) et le Marais Burret (5,8 km). Les sentiers sur pilotis et les observatoires stratégiquement placés offrent des points de vue privilégiés sur la faune sans la déranger.
La Maison Béziers, point d’accueil des visiteurs, propose une vue panoramique depuis son observatoire en toiture. En ce début de printemps, les joncs maritimes et les salicaires commencent à fleurir, tandis que les reflets dorés du soleil matinal sur l’eau créent une ambiance féerique, particulièrement propice à la photographie.
Pour les plus chanceux, l’Observatoire des Pompes offre un spectacle inoubliable au coucher du soleil, quand les cygnes se déplacent majestueusement entre les nénuphars, créant une atmosphère aussi magique que dans certains villages bâtis autour de l’eau.
Informations pratiques pour votre visite
L’accès à la réserve est gratuit et ouvert toute l’année, mais les chiens, vélos et drones sont strictement interdits pour préserver la tranquillité des lieux. Le site est partiellement accessible aux personnes à mobilité réduite.
En avril 2025, des visites guidées thématiques sont proposées sur le cycle de vie des souchets et l’ornithologie printanière. N’oubliez pas vos jumelles – indispensables pour l’observation – et prévoyez des vêtements adaptés au temps variable de cette saison (12-18°C avec possibilité d’averses l’après-midi).
FAQ : Tout savoir sur le Marais d’Orx
Quelle est la meilleure période pour observer les oiseaux migrateurs ?
Le printemps (mars-mai) et l’automne (septembre-novembre) sont les périodes optimales pour observer les migrations. Avril est particulièrement propice avec le retour de nombreuses espèces comme les spatules et les aigrettes.
Les visites guidées sont-elles payantes ?
Oui, les visites guidées sont sur réservation et payantes, contrairement à l’accès général qui reste gratuit. Elles offrent cependant l’accès à des zones normalement fermées au public et l’expertise d’un guide naturaliste.
Peut-on pique-niquer dans la réserve ?
Des aires de pique-nique sont aménagées près de la Maison Béziers, mais il est interdit de manger sur les sentiers et observatoires pour éviter de déranger la faune et de laisser des déchets.