La cascade de Tugela jaillit du plateau de Mont-aux-Sources comme une surprise géologique dans le ciel sud-africain. Déployant ses 948 mètres en cinq sauts distincts contre l’imposant amphithéâtre du Drakensberg, elle détient le titre convoité de deuxième plus haute chute d’eau au monde. Son nom, issu du zoulou « thukela » signifiant « ce qui surprend », témoigne parfaitement de l’effet produit sur les visiteurs découvrant cette merveille naturelle aux multiples visages.
La « chose qui surprend » : un géant aquatique aux secrets glacés
Jusqu’en 1937, Tugela était considérée comme la plus haute cascade du monde avant d’être détrônée par le Salto Ángel au Venezuela. Une controverse persiste d’ailleurs depuis 2016, lorsque des géomètres tchèques ont mesuré sa hauteur à 983 mètres, suggérant qu’elle pourrait reprendre sa couronne selon certains critères de mesure.
Plus fascinant encore : pendant les hivers particulièrement rigoureux, la cascade se métamorphose en colonnes de glace verticales, créant un spectacle rarissime dans cette région d’Afrique. Cette transformation éphémère attire les photographes du monde entier, avides de capturer ces piliers cristallins suspendus aux flancs des montagnes.
La chute principale offre un saut libre vertigineux de 411 mètres, créant une brume visible à des kilomètres lors de la saison des pluies. L’eau provient du plateau du Mont-aux-Sources, source principale du fleuve Tugela situé seulement à 5 kilomètres en amont des chutes.
Une expérience immersive entre ciel et terre
Deux approches s’offrent aux randonneurs désireux d’affronter ce colosse liquide. Le sentier bas (7 km aller-retour) reste accessible aux familles et offre une vue impressionnante depuis la vallée. Pour les plus téméraires, le sentier supérieur (12 km) présente un défi considérable avec notamment le passage d’une échelle métallique verticale de 10 mètres.
C’est précisément J.W. Matthews qui, en 1887, fut l’un des premiers visiteurs à décrire l’amphithéâtre naturel abritant la cascade dans ses mémoires, évoquant sa « grandeur et sa majesté sauvage ». Aujourd’hui encore, cette majesté demeure intacte, comme d’autres cascades étagées remarquables à travers le monde.
Au-delà des sentiers balisés se cachent des trésors méconnus : piscines naturelles dissimulées derrière d’imposants rochers, grottes ornées de peintures San millénaires, et points de vue secrets sur les gorges où le Tugela poursuit sa course folle vers l’océan Indien.
Capturer la magie : conseils aux photographes audacieux
Pour saisir l’essence de Tugela, la lumière dorée du lever de soleil révèle la totalité de l’amphithéâtre dans une clarté optimale, avec moins de brume. Un grand angle (24mm) permet d’embrasser l’ensemble de la formation en fer à cheval, tandis qu’un téléobjectif (70-200mm) isole admirablement les détails des cinq cascades.
Le point de vue le plus impressionnant reste sans doute le campement sommital, accessible uniquement avec un permis spécial. De là, le coucher de soleil embrase la paroi rocheuse et transforme ce paysage grandiose en tableau vivant aux teintes flamboyantes.
Les colonnes de glace hivernales constituent un sujet photographique d’exception, bien que difficilement accessibles. L’utilisation d’un filtre ND permet de lisser l’écume et de créer cette sensation de mouvement figé qui caractérise les images les plus saisissantes de cascades.
FAQ : Préparez votre visite à la cascade de Tugela
Quelle est la meilleure période pour visiter les chutes de Tugela ?
La période optimale s’étend d’avril à octobre pour des conditions de randonnée plus sûres. Pour un débit maximal impressionnant, privilégiez novembre à février (saison des pluies). Les formations glacées se produisent uniquement en juin-août lors des hivers particulièrement froids.
Faut-il être un randonneur expérimenté pour accéder aux chutes ?
Non pour le sentier bas (7 km), accessible aux familles avec enfants. Oui pour le sentier supérieur qui nécessite une bonne condition physique et le franchissement d’une échelle métallique verticale. Comme dans d’autres régions montagneuses, les conditions météo peuvent changer rapidement.
Quels équipements sont indispensables pour la randonnée ?
Chaussures de trail, eau (minimum 2L/personne), vêtements à couches pour s’adapter aux variations de température, crème solaire (altitude élevée), bâtons de marche recommandés. Pour la photographie, un trépied léger est conseillé pour les prises de vue en pose longue.