L’aube s’étire lentement sur les flancs rocailleux du mont Sinaï, teintant de rose et d’or ces reliefs millénaires. Dans le silence majestueux du désert égyptien, seuls les pas des pèlerins et le souffle du vent perturbent la quiétude de ce lieu où, selon la tradition, Moïse aurait reçu les Tables de la Loi. À 2285 mètres d’altitude, ce sommet n’est pas seulement une merveille géologique, mais un carrefour spirituel où trois grandes religions monothéistes se rencontrent dans une rare harmonie.
Entre mythe et réalité : le mont des révélations divines
Connu également sous le nom de Jabal Musa (la montagne de Moïse) ou mont Horeb, ce massif volcanique trône majestueusement dans la péninsule du Sinaï, à environ 50 kilomètres des côtes de la mer Rouge. Sa silhouette accidentée se dessine dans un paysage lunaire, entre vallées arides et reliefs déchiquetés par des millénaires d’érosion.
À ses pieds se dresse le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine, l’un des plus anciens monastères chrétiens encore en activité, fondé entre 548 et 565 par l’empereur Justinien. Cette forteresse de pierre volcanique noire, entourée de murailles de trois mètres d’épaisseur, abrite des trésors inestimables : une bibliothèque contenant plus de 3300 manuscrits anciens et la légendaire chapelle du Buisson Ardent, construite à l’endroit où Moïse aurait conversé avec Dieu.
« Le monastère est comme un voyage dans le temps qui reste figé depuis quinze siècles », explique un moine orthodoxe qui m’accueille à l’entrée. « Ici, les Bédouins et les moines ont cohabité pendant des siècles dans une entente rare entre cultures différentes. »
L’ascension vers le sacré : un périple entre défi et contemplation
L’ascension du mont Sinaï se fait généralement de nuit, pour atteindre le sommet au lever du soleil. Deux chemins s’offrent aux visiteurs : le sentier des chameaux, plus long mais moins abrupt, ou les Steps of Repentance (3750 marches), un escalier vertigineux taillé dans la roche par des moines pénitents.
Un paysage façonné par les éléments
Le parcours traverse des formations rocheuses aux textures surprenantes. Dans la lueur des lampes frontales, les granites et basaltes révèlent leurs teintes cuivrées et noires. Comme Antelope Canyon en Arizona, la lumière crée ici des jeux d’ombres hypnotiques au lever du soleil, transformant les roches en œuvres d’art naturelles.
À mi-chemin se trouve la « Plain of Cypresses », une vallée abritant un cèdre vieux de 500 ans où, selon la tradition, Élie aurait trouvé refuge. Les Bédouins nomades proposent du thé chaud aux randonneurs épuisés dans de petites cabanes de fortune illuminées par des feux de camp.
Le sommet : entre spiritualité et panorama à couper le souffle
Au sommet cohabitent une petite mosquée et une chapelle orthodoxe grecque. Dans la roche, une fissure naturelle est identifiée comme la grotte où Moïse se serait abrité de la présence divine. Le panorama qui s’offre aux yeux des pèlerins est saisissant : un océan de montagnes aux formes torturées, baignées dans la lumière dorée de l’aube, avec au loin les reflets de la mer Rouge.
Conseils pratiques pour une expérience inoubliable
La visite du mont Sinaï exige une préparation minutieuse. De Dahab ou Sharm El-Sheikh, il faut réserver un tour incluant transport, guide et autorisation militaire (les déplacements individuels sont interdits). Prévoir des vêtements chauds même en été, les températures nocturnes pouvant descendre sous zéro au sommet.
Pour une expérience authentique, privilégiez la période d’avril à septembre, en évitant juillet-août pour échapper aux chaleurs extrêmes. L’ascension nocturne commence généralement vers minuit pour atteindre le sommet avant l’aube. Les guides bédouins, connaisseurs des lieux depuis des générations, enrichissent l’expérience de leurs récits et traditions locales.
FAQ : Tout savoir sur l’aventure du mont Sinaï
Quelle est la meilleure période pour gravir le mont Sinaï?
Le printemps (avril-mai) et l’automne (septembre-octobre) offrent des températures idéales. L’hiver peut être dangereusement froid et l’été étouffant, surtout dans la journée.
L’ascension est-elle difficile?
De difficulté modérée, elle reste accessible aux personnes en bonne condition physique. Le sentier des chameaux est moins exigeant que les Steps of Repentance, particulièrement raides.
Peut-on visiter le monastère de Sainte-Catherine?
Oui, mais il est fermé le vendredi et le dimanche. La visite est incluse dans la plupart des excursions, mais certaines sections restent réservées aux moines.