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mercredi 23 avril 2025

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La seule ville d’Asie centrale où 2000 ans d’histoire se lisent en 140 monuments

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Bukhara évoque un Orient éternel où le temps semble suspendu. Jadis surnommée « la ville des cigognes », cette cité millénaire d’Ouzbékistan cache bien des mystères derrière ses murailles ocre. Au cœur de l’Asie centrale, les 140 monuments historiques de cette étape majeure de la Route de la Soie racontent 2000 ans d’histoire dans un périmètre entièrement parcourable à pied. Mais au-delà des sites touristiques connus, c’est dans ses particularités méconnues que réside la véritable fascination.

La disparition énigmatique des cigognes de Bukhara

Jusqu’aux années 1920, Bukhara arborait fièrement le surnom de « ville des cigognes ». Ces oiseaux majestueux nichaient sur chaque toit, attirés par les nombreux « hauz » – étangs artificiels qui ponctuaient la ville. Ces bassins, véritables cœurs battants de la vie sociale, grouillaient d’amphibiens, nourriture de prédilection des cigognes.

Mais l’histoire prit un tournant radical avec l’arrivée des bolcheviks. Soucieux d’éradiquer les maladies hydriques, ils lancèrent une campagne d’assèchement systématique des 200 étangs traditionnels. Cette décision sanitaire eut pour conséquence imprévue la disparition des amphibiens, puis celle des cigognes qui, privées de nourriture, désertèrent définitivement la cité.

Cette transformation écologique drastique illustre comment tout comme certaines villes fortifiées méditerranéennes, Bukhara a dû sacrifier certains de ses symboles ancestraux au nom de la modernité.

L’ingénierie hydraulique invisible qui a fait vivre le désert

Sous les rues poussiéreuses de Bukhara se cache un chef-d’œuvre invisible d’ingénierie hydraulique : les qanats. Ces canaux souterrains, hérités de l’Antiquité, ont permis à la ville de prospérer en plein désert de Kyzyl Kum. Ce système complexe captait l’eau des montagnes lointaines et l’acheminait sur des centaines de kilomètres via des tunnels souterrains inclinés, limitant l’évaporation.

Cette prouesse technique, à l’image de Perth, isolée au milieu d’espaces désertiques mais qui a développé ses propres solutions hydriques, témoigne de l’ingéniosité des habitants face à un environnement hostile. Ces aqueducs invisibles expliquent comment Bukhara a pu devenir une oasis urbaine prospère pendant des millénaires.

Le Mausolée Samanide : le bâtiment aux briques « tissées »

Le Mausolée Samanide, considéré comme le plus ancien monument islamique d’Asie centrale (Xe siècle), cache un secret architectural fascinant. Ses briques ne sont pas simplement empilées mais « tissées » selon des motifs géométriques complexes. Cette technique crée un jeu d’ombres et de lumières qui transforme l’apparence du bâtiment tout au long de la journée.

Cette merveille d’ingénierie a inspiré d’autres monuments comme Pétra, célèbre cité sculptée dans la roche, où l’on retrouve cette même préoccupation pour l’interaction entre lumière naturelle et architecture.

Des mathématiques secrètes dans les mosaïques

Les splendides motifs géométriques ornant les édifices de Bukhara ne sont pas le fruit du hasard. Ils reposent sur des algorithmes mathématiques complexes, transmis de génération en génération. Chaque carreau de céramique est positionné selon des calculs précis de symétrie qui créent des figures impossibles à décrypter au premier regard.

Ces principes mathématiques apparaissent clairement sur le minaret Kalyan, surnommé « la tour de la mort ». Cette structure de 46 mètres de hauteur impressionna tellement Gengis Khan qu’il la préserva, tout en l’utilisant pour précipiter des condamnés depuis sa plateforme sommitale.

FAQ : Découvrir Bukhara autrement

Quelle est la meilleure période pour observer les jeux de lumière sur les monuments ?

Le printemps (avril-mai) offre la luminosité idéale pour admirer les changements d’apparence du Mausolée Samanide. À l’aube, les premières lueurs révèlent progressivement les motifs géométriques des briques « tissées », tandis que le coucher du soleil baigne le minaret Kalyan dans une lumière dorée spectaculaire.

Peut-on encore voir des traces des anciens hauz (étangs) aujourd’hui ?

Un seul hauz majeur subsiste aujourd’hui : le Lyab-i-Hauz, construit en 1620. Ce bassin carré de 42 mètres de côté, entouré de mûriers centenaires, est le dernier témoin de ce qui fut autrefois un réseau de 200 étangs urbains, et offre une idée de ce à quoi ressemblait Bukhara avant l’ère soviétique.

Comment découvrir le système de qanats (aqueducs souterrains) ?

Bien que la majorité des qanats ne soient plus accessibles, le mausolée Chasma Ayub (la « Source de Job ») contient un petit musée de l’eau qui explique ce système ingénieux. La légende raconte que ce lieu marque l’endroit exact où le prophète Job aurait fait jaillir une source miraculeuse en frappant le sol de son bâton.