Après Béziers, Perpignan sera-t-elle la prochaine grande ville de la Région Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée à tomber dans l’escarcelle électorale du Rassemblement National (ex-FN), avec le député-candidat Louis ALIOT ?
Jamais, jusqu’ici, les conditions n’avaient été plus favorables pour entériner un tel scénario politique. Depuis les « municipales » de 1989 avec Pierre SERGENT, à chaque rendez-vous électoral pour tenter de briguer la mairie de Perpignan, le FN, aujourd’hui donc devenu le RN, est assuré de pouvoir s’appuyer dès le 1er tour de scrutin d’un matelas d’électeurs compris dans la fourchette de 25 à 35%.
Au mois de mars 2020, Louis ALIOT pourrait bien faire exploser ce compteur et flirter avec les 40% dès le 1er tour, ce qui lui assurerait une élection dans un fauteuil au second tour. En tout cas, toutes les conditions semblent aujourd’hui rassemblées pour imaginer une telle feuille de route.
A droite, le maire de Perpignan, Jean-Marc PUJOL (LR/ Les Républicains), entretient le suspens sur sa candidature. Pressé par certains de son entourage à s’exprimer sur le sujet, dès cette rentrée, candidat ou pas, partira ou ne partira pas, lui a toujours dit qu’il annoncerait sa décision qu’au printemps 2019 : « Nous serons encore à 1 an du scrutin. Je comprends certains qui s’impatientent, qui s’agitent, mais eux ont besoin de se faire connaître, de se faire un nom, je comprends que leur temps leur soit compté. En ce qui me concerne, je ne suis pas dans cette situation. Laissez-les courir, ils n’ont pas fini de s’essouffler ! ». Sous-entendu : à ce rythme-là, le moment venu, ils seront inaudibles par manque de « voix »…
Et il ne faut pas trop le titiller sur la question, Jean-Marc PUJOL, car si vous insistez il persiste et signe : « Après tout, je pourrais annoncer ma candidature qu’à la rentrée 2019, nous serons encore à six mois de l’élection. Vous voyez bien que j’ai le temps, que j’ai tout mon temps, et je compte bien le prendre pour m’occuper d’abord des Perpignanaises et des Perpignanais en appliquant le programme sur lequel ils m’ont élu en 2014 ».
Jean-Marc PUJOL demeure le chef de la Droite perpignanaise et, d’ici mars 2020, il entend bien saisir toutes les occasions pour le rappeler : « Je n’ai aucune légitimité à conquérir, moi ! », aurait-il répondu à un proche qui le taquinait avec la candidature de Romain GRAU. « J’assume, même si cela ne dispense pas la droite perpignanaise de trouver un nouveau souffle, avec des personnes qui ont des convictions chevillées au corps ».
Selon des proches, Jean-Marc PUJOL aurait déjà arrêté son choix : « Il sera candidat à sa propre succession ! Il espère obtenir l’investiture du côté des Républicains de Laurent WAUQUIEZ et du côté de MACRON pour La République En Marche (LaREM). Pour cela, il se présente comme le dernier rempart contre l’arrivée de Louis ALIOT à La Loge. C’est sa vision de la situation, après on en pense ce qu’on veut. Toutefois, son principal adversaire pourrait bien être son âge ; il aura 71 ans. Certes, vous trouverez toujours des gens plus âgés que lui qui vont se représenter, par exemple, dans les P-O, à Cabestany, Port-Vendres ou Rivesaltes, mais après tout, c’est vrai, l’âge c’est une question de santé… ».
Dans le cas contraire, s’il n’y allait pas, la relève est assurée : une jeune garde chez Les Républicains (LR) s’est constituée autour de l’un de ses adjoints, Olivier AMIEL, convaincue d’avoir à jouer un rôle de premier plan aux prochaines municipales, sur Perpignan… pour gagner, ou pour faire perdre un candidat gênant ?
Jean-Marc Pujol menace de retirer les délégations « aux traîtres »
Au centre-droit, du côté du député LaREM de la 1ère circonscription des P-O, Romain GRAU, on ne lâche pas le morceau et on promet d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire de conduire une équipe, déjà « en marche » (au sens propre comme au sens figuré), pour le rendez-vous de mars 2020. Romain GRAU est plus que jamais persuadé que ce sera son heure de gloire. Sa liste serait bouclée à 90%. Après s’être essayé, en politique, aux côtés des députés socialistes Henri SICRE et Jean CODOGNES, dont il fut le brillant attaché parlementaire, après avoir été adoubé par l’ancien sénateur-maire de Perpignan, le centriste Jean-Paul ALDUY, qui ne le quitte plus d’une semelle voyant en lui son « digne successeur », Romain GRAU entend bien désormais voler de ses propres ailes et montrer qu’il a le costume taillé pour être le bon maire de Perpignan. Dans son proche entourage, on retrouve toutes les tendances de l’échiquier politique, ou presque.
Des élus « Pujolistes » auraient même rejoint le camp de Romain GRAU. L’affaire, d’ailleurs, ferait tellement de bruit que le mardi 11 septembre, lors d’un conseil municipal privé réservé aux membres de la Majorité, le maire Jean-Marc PUJOL aurait tapé du poing sur la table et menacé de retirer les délégations à plusieurs de ces « rats qui seraient en train de quitter le navire »… Nous ne sommes qu’au début des trahisons.
Toutefois, Romain GRAU aura sur sa route deux handicaps de taille, à régler ou à tenter de contourner : il y a quelques mois encore il était le 1er adjoint de Jean-Marc PUJOL à la mairie de Perpignan (ce lui sera donc difficile d’en critiquer la gestion municipale car il n’a pas claqué la porte, c’est la nouvelle loi anti-cumul de mandats qui l’a obligé à sortir de La Loge) ; l’impopularité spectaculaire, surtout auprès des retraités (un électorat qui sait se mobiliser), du Gouvernement MACRON…
A gauche, Le France Insoumise leader
A gauche, c’est le flou complet, total.
Qui pour diriger une liste PS ? Hermeline MALHERBE, la présidente du Département, qui a perdu son fauteuil de sénatrice l’an passé. Ségolène NEUVILLE, vice-présidente du Département, ancienne secrétaire d’Etat, qui a perdu son siège de députée de la 3ème circonscription des P-O, dès le 1er tour de scrutin, battue par une parfaite célèbre inconnue, Laurence GAYTE (LaREM). Agnès LANGEVINE-CODOGNES, 2ème vice-présidente de la Région Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée, à la tête des écologistes en Languedoc-Roussillon.
Face à une fédération catalane socialiste éclatée, la liste de La France Insoumise (LFI) – autour de Philippe ASSENS et Francis DASPE ? – pourrait bien créer l’événement et arriver largement en tête de la Gauche sur Perpignan au soir du 1er tour. Enquêtes d’opinion, conférences et présence sur le terrain social confortent ce pronostic jour après jour.
Au Parti Communiste, la candidature perpignanaise de Françoise FITER, conseillère départementale, paraît être incontestée et faire l’unanimité.
Enfin, il faut tenir compte localement du poids du mouvement associatif. Depuis que la Gauche a déserté le conseil municipal – en n’allant pas au second tour en 2014 « pour faire un front républicain derrière la candidature de Jean-Marc PUJOL et faire ainsi barrage au Front National de Louis ALIOT – de nombreuses associations citoyennes ont vu le jour et entendent bien avoir le mot à dire en mars 2020… derrière une liste conduite par Clotilde RIPOULL, qui a raté d’un demi-point seulement sa présence au second tour en 2014 ? De toutes façons, quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, il faudra compter avec Clotilde RIPOULL, dans un camp comme dans l’autre.
C’est tout ce contexte, à droite comme à gauche, fait d’animosité, de rancunes, d’égos, de subtilités aussi, d’incompréhensions, de divisions surtout, qui rend le terrain électoral perpignanais plus que jamais favorable à l’élection d’un candidat du Rassemblement National, Louis ALIOT en l’occurrence.
Peu importe si ce dernier devait être poursuivi dans l’affaire « des assistants parlementaires européens » – où le FN a été mis en examen pour « complicité d’abus de confiance » et « recel d’abus de confiance » dans l’enquête sur les emplois fictifs d’assistants d’eurodéputés – Louis ALIOT sait que maintenant le temps joue avec lui, puisque en contestant les faits juridiquement le procès, si procès il y a, arrivera après les élections municipales de mars 2020.
La seule et unique vraie difficulté à laquelle désormais Louis ALIOT est confrontée réside en l’élaboration d’une liste représentative de la société perpignanaise, tant au plan économique que sur les plans social, culturel et sportif. L’arrivée d’une poignée de personnalités locales connues et reconnues boosterait incontestablement sa notoriété et pourrait l’emmener jusqu’à la porte de La Loge. Pour cela, il lui faut trouver la bonne équipe.