Le ton est donné dès l’entrée du village. Le platane de la liberté planté en 1848, mis en valeur et fleurie de la plus charmante manière, imprime cette volonté : se rappeler de notre histoire. C’est en effet, le 24 février de cette même année que la Seconde République était proclamée.
Un gros travail fourni par les adhérents de l’association Ansigna’Muse, a permis, en ce samedi 14 juillet, la découverte d’un véritable patrimoine enfoui jusqu’alors, dans les tiroirs des commodes, des armoires. Cette mise à jour voulue par les bénévoles, montre une forte volonté et une détermination à toute épreuve, pour donner au village, en rappelant son passé, toutes les chances d’espérer dans son avenir.
Une exposition aux nombreuses photos sur le village
Le public venu nombreux était accueilli dans la salle Guy Barbaza, par un montage vidéo, véritable trésor dans l’art de communiquer, réalisé par Christian Dumas. Comme ce dernier devait le préciser, « ce sont les photos rassemblées qui m’ont permis de faire le montage. Sans le travail de l’équipe d’Ansigna’Muse, rien n’aurait été possible ». Il n’en reste pas moins que la réalisation est remarquable, agrémentée comme il se doit, de très belles chansons anciennes comme « Julie la Rousse » et d’autres.
Ainsi donc, cette exposition s’étale des années 1910 à nos jours. Elle rappelle la vie d’avant avec le cochon élevé dans la rue qui côtoyait les chèvres fournissant le bon lait et le fromage.
Ansignan, village placé au centre du Fenouillèdes, avait vraiment une vie intense, active. Les photographies sont là pour témoigner.
Pensez donc ! Le village a pu compter jusqu’à trois cafés, trois épiceries, un bureau de tabac, un bureau de poste, une boucherie. Le bourrelier était également présent ainsi que le boulanger, la mercerie, mais encore le coiffeur et les deux forgerons. L’exode rural est passé par là. Mais des hommes et des femmes sont sur ce territoire et veulent y rester. Ils ne baissent pas les bras et montrent qu’une économie, une vie, loin des turpitudes des grandes métropoles, sont possibles dans l’arrière-pays.
Des photos de communions, d’élèves de l’école communale comme nous en possédons tous, mais aussi des fêtes votives, montrent combien la vie était agréable et riche dans toute sa diversité. Bien évidemment, l’aqueduc dont nous avons eu l’occasion de parler dans ces colonnes occupe une place de choix.
De l’expo photos au Certificat d’Études
Il n’y avait qu’un pas à franchir pour aller plus loin dans la mise à jour des trésors détenus par les habitants d’Ansignan. Il a été franchi. Ainsi pouvons-nous découvrir l’original du Certificat d’Études Primaires, délivré à Martignoles Louis le 10 juin 1913.
Mais aussi la blouse pour se rendre à l’école, portée par la maman de Lyliane dans les années 1936.
Un cliché d’une manifestation viticole de l’année 1954, vient témoigner que l’histoire de la cité a été également faite de luttes pour préserver et faire prospérer l’économie principale, celle de la vigne et du vin. Monsieur le Maire, Etienne Bascou, officiant à ce moment-là, était à la tête de ses administrés.
Mais c’est aussi, en 1942, une pièce de théâtre réalisée et jouée par la jeunesse, au profit des prisonniers de guerre. Ce beau geste nous rappelle que la solidarité, aujourd’hui comme hier, est une arme.
Les participants, dans les discussions qui s’instauraient grâce à tous ces souvenirs qui ont traversé les âges, ne manquaient pas de remercier les responsables de l’association et tous ceux qui ont contribué à rassembler, à ordonner tous les documents.
C’était au tour de Lyliane Cardona de remercier les participants à cette première expo qui en appelle d’autres très certainement. Nous avons entendu parler de la prochaine qui porterait sur la Grande Guerre. Mais ne le répétez pas. Nous ne voudrions pas divulguer des secrets.
Monsieur le Maire, Eric Izard présent dans la salle, et son Conseil municipal, devait également être remerciés pour leur aide et dans la promesse de laisser l’expo en place encore quelque temps. Elle le mérite.
Lyliane devait montrer avec autant de force que de détermination, la volonté émise par l’association, de rendre hommage à toutes les femmes, à tous les hommes d’Ansignan qui ont porté haut et fort les couleurs de leur village. L’amour pour ce village rural du Fenouillèdes existe encore et est brandi avec enthousiasme. C’est un vrai plaisir de le constater.
Pour conclure et après avoir utilisé la citation : « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », Lyliane devait inviter tous les présents à un agréable apéritif ou les conversations devaient perdurer pour le plus grand plaisir de tous.
Joseph Jourda