Automne littéraire du CML : Javier Cercas présente « L’imposteur » le 8 octobre à Perpignan

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Hanté par le réel, le romancier espagnol Javier Cercas démonte l’improbable mystification d’une victime supposée de la déportation nazie. Une fresque renversante que l’auteur présente samedi 8 octobre à partir de 18h30 à l’hôtel Pams. L’entrée est libre.

Javier Cercas est né en 1962 à Caceres et enseigne la littérature à l’université de Gérone. Il est l’auteur de romans, de recueils de chroniques et de récits. Ses romans, traduits dans une trentaine de langues, ont tous connu un large succès international. Anatomie d’un instant a été consacré Livre de l’année 2009 par El Pais.
Du même auteur, Actes Sud a publié : Les Soldats de Salamine (2002), À petites foulées (2004), À la vitesse de la lumière (2006), Anatomie d’un instant (2010), Les Lois de la frontière (2014) et L’Imposteur (2015). Maintes fois primé ( il a reçu le prix Méditerrané en 2014).

Pendant de longues années, Enric Marco passa pour un héros. Anarchiste, jeune combattant de la guerre civile espagnole, exilé, entré dans la résistance au nazisme et, pour toutes ces raisons, déporté à Mauthausen. La fable était si crédible que Marco fut porté à la présidence de l’Amicale des anciens déportés de ce camp de concentration qui compta parmi les plus terribles. Il multipliait les conférences dans les écoles et animait le combat pour que l’Espagne retrouve la mémoire occultée par quarante années de franquisme. Jusqu’au moment où un jeune historien a démasqué l’imposteur. Marco n’était ni résistant, ni déporté. Il avait bien connu l’Allemagne nazie, mais c’était en tant que travailleur volontaire envoyé par Franco…

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Sortir l’histoire réelle de l’oubli
De cet énorme scandale, Javier Cercas tire un roman, où le réel écrase la fiction. L’histoire de Marco ne se résume pas à l’imposture. Aucun romancier n’oserait construire pareil personnage : né dans un asile où sa mère finira ses jours, élevé entre des tantes fantasques et un père qui fut vraiment un militant du syndicat libertaire CNT, Marco appartenait bien à cette Espagne baroque et rouge qui fut écrasée et niée par le franquisme. Il ne fut pas le seul à se renier en se fondant dans les normes nées de la défaite républicaine de 1939. Il se fit pourtant militant de la mémoire, après la mort de Franco, comme s’il sortait d’un long sommeil.

Pour Javier Cercas, l’histoire de cet imposteur se confond avec celle de l’Espagne contemporaine. La folie originelle hante Marco, mais elle est aussi celle d’un peuple qui reconstruit sa mémoire dans la douleur. Les relations de Franco avec l’Allemagne nazie furent occultées après la guerre, quand le Caudillo se rapprocha des Alliés pour sauver son régime. La ligne de partage, qui semblait établie quand les bombardiers de Hitler appuyaient les troupes de Franco, avait été estompée quand le dictateur appuyait la politique des États-Unis. Javier Cercas installe l’imposture de Marco au sein d’une histoire pavée d’oublis et de mensonges, où il n’est guère surprenant que la vérité soit portée par un fabulateur. Le romancier a trouvé son double, en cet homme qui a fabriqué son personnage pour sortir l’histoire réelle de l’oubli.

Au-delà de l’enquête, Javier Cercas conduit une réflexion sur la littérature. Qu’est-ce qu’un romancier, quelles limites dresse-t-il entre la réalité et la fiction ? Marco n’était-il qu’un roublard mu par un narcissisme maladif ? A Flos­senburg, Cercas découvrira la preuve ultime. Et l’épilogue de ce livre formidable tonne comme une sanction définitive.

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L’Imposteur
, de Javier Cercas, traduit de l’espagnol par Elisabeth Beyer et Alexandre Grujicic, Actes Sud, 416 p.

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