La municipalité de Banyuls-sur-Mer a lancé l’an passé un projet (pour le moins Dalirant !) de nouvelles terrasses pour les établissements situés en front-de-mer dans la traversée de la partie centrale du village. Le projet est estimé à environ trois millions d’euros. Les anciennes terrasses ont donc été détruites, les pelles sont passées, la route s’est rétrécie, etc.-etc. Les nouvelles terrasses devraient être installées bientôt…
A Banyuls, chacun est pleinement conscient que la situation ne pouvait perdurer de la sorte. Entre pollution et insécurité routière, il fallait bien oser une solution. D’ailleurs, toutes les municipalités qui se sont succédé ont mené une réflexion. Un ancien maire, Jean Rède pour ne pas le citer, par exemple, avait même envisagé un temps de creuser un tunnel sous l’avenue de la République et la plage centrale… Qu’on ne rêve pas, il aurait été stoppé net par les ayatollahs à la chlorophylle ! Cela pour dire que l’actuel maire, l’hôtelier Jean-Michel Soler, qui a décidé de retrousser les manches pour prendre le sujet en main, a raison de s’y frotter, car, comme le dit l’opinion publique localement : « il faut agir, il faut faire quelque chose, on ne peut pas rester les bras croisés en attendant qu’un incident se produise ». Donc, 22 v’là le chantier ! Les grands travaux sont lancés.
Mais voilà, comme dirait feu l’humoriste Fernand Raynaud : « y’a comme un défaut ! ». Les nouvelles terrasses verront le jour – et la plage en l’occurrence – toujours du mauvais côté, puisque elles sont en train d’être construites… à nouveau de l’autre côté de la route. Pile-poil comme c’était le cas jusqu’ici. C’est-à-dire, pour faire simple dans la démonstration, que pendant toute la saison estivale les dizaines de serveurs au plateau saisonniers qui fourmillent sur le site continueront de traverser en permanence, toute la journée, la route départementale 114 qui sépare les comptoirs et salles des établissements des terrasses du front-de-mer ! Ridicule, grotesque… en tout cas, c’est l’évidence et la logique même : absurde.
Pire encore : les sept passages piétonniers sensés assurer la sécurité des piétons sur une distance d’environ 150 mètres constitueront, encore et encore, un frein à la circulation, sur une portion littorale empruntée en été par des milliers d’automobilistes ; on pense là à tous les véhicules qui traversent le village pour se rendre en direction de l’Espagne… et retour en soirée pour le chemin inverse : Port-Bou, Cerbère, Banyus-sur-Mer, Paulilles/ Port-Vendres, Collioure et Argelès-plage. L’enfer ! Quotidiennement, ce sont trois à quatre kilomètres de ralentissement (voire de bouchons) qui se forment dans la traversée du village.
« Au lieu de faire comme ailleurs où l’intelligence existe, c’est-à-dire rapprocher les terrasses des cafés et des restaurants, déplacer la route contre la plage comme cela se fait ailleurs, afin d’éviter les traversées incessantes des serveurs qui font un travail dangereux toute la journée, on va rajouter du problème au problème, et surtout on ne va rien résoudre alors que c’était l’occasion de régler une bonne fois pour toutes la situation. C’est nul ! », tempête Jean Lecomte, Banyulenc, qui n’en finit pas de tancer la municipalité. « Ce sont là de très des mauvaises surprises qui nous arrivent et qui ne sont pas du tout du goût d’une majorité de la population. Comme les parcs à voitures payant tout l’été, qui refroidit quelque peu les touristes, il n’est pas étonnant qu’une baisse de fréquentation de la station s’observe un peu plus chaque année à Banyuls. La proximité de l’Espagne n’arrange pas leurs affaires puisque beaucoup d’automobilistes se refusent à payer ce qui est gratuit de l’autre côté de la frontière. Avant de quitter la mairie, le maire précédent, JR, nous avait gratifiés de deux giratoires totalement superflus et hors de prix (financés avec nos impôts) cela avec le soutien du conseil municipal, sauf quelques courageux qui ont démissionné… Plus la construction d’un gué en béton armé très couteux tout à fait inutile, pour aller de nulle part à l’autre côté de la Baillaury où il n’y a rien ? (…) ».
La circulation est un vrai problème à Banyuls-sur-Mer, comme d’ailleurs dans la plupart des stations balnéaires qui s’enchaînent sur le littoral roussillonnais. Force est de constater, malheureusement, que pendant plusieurs décennies les décideurs n’ont rien fait pour résoudre le problème… si ce n’est de regarder les barques catalanes voguer. Et vogue la galère !
Une mauvaise surprise vient encore de l’installation de « ralentisseurs » qui sont à l’évidence, une gêne à la circulation pour tous les conducteurs qui doivent se taper ces machins tous les jours de la semaine, créant un inconfort injustifié, dans un village où 53 % des habitants sont des retraités qui conduisent « pépère ». Qui est donc visé par l’installation de ces gendarmes allongés détestables ? Sans que l’on sache combien d’années ces trucs vont rester en place, « je demande », poursuit Jean Lecomte, « une votation pour savoir si une majorité se dégage contre ces tape-culs et combien de gens souhaitent les conserver, de sorte qu’après avoir voté, nous demanderons au maire de les supprimer. D’ailleurs, l’excuse que m’a donnée le maire, est qu’il aurait reçu « une pile de demandes » de Banyulencs pour la pose de ces tape-culs afin de ralentir ceux qui rouleraient trop vite, ce qui fait que les 98 % des gens qui roulent normalement doivent payer pour les 2 % qui rouleraient trop vite (…). Encore une idée lumineuse, non ?. Si ces ralentisseurs avaient été vraiment nécessaires, on le saurait depuis longtemps, quand je pense que l’on s’en est passé pendant 50 ans au moins, quel dommage ! ».
Tout le monde reconnaît à Banyuls-sur-Mer « Que la dernière action du maire et de ses adjoints consentants, consistant donc à refaire le front de mer, était à priori une bonne idée ». Mais tout le monde admet également « Que cette nouvelle esthétique n’arrêtera pas la formation de bouchons de plusieurs kilomètres, chaque soir de l’été entre 16h et 19h, à l’entrée Est de Banyuls, lorsque les touristes reviennent de leurs sorties en Espagne »… Sachant que la queue quotidienne des voitures a pour origine les multiples traversées des serveurs de cafés et de restaurants, car les terrasses étant placées de l’autre côté de la route « internationale » ces traversées continues arrêtent la circulation des véhicules.
« Bien sûr », souligne encore Jean Lecomte, « la route 114 serait déplacée à la place des terrasses démontées, comme il serait logique de le faire. L’exemple le plus proche étant la traversée de Port-Vendres avec ses cafés et restaurants. Il semblerait que la logique ne s’applique pas ici… ».