La révision du Plan d’occupation des sols (POS) déclenche de nouveaux… divertissements !
Banyuls-sur-Mer, ça se passe (toujours) comme ça !… Dès qu’une idée, un projet, une envie, une parole, un cancan, une ambition, une célébrité, une influence, etc., s’échappent de l’Hôtel-de-ville, c’est aussitôt forcément un scandale, une friponnerie, qui doit alimenter la rumeur publique, qui doit nourrir des correspondances anonymes et autres (r)appels téléphoniques en mode inconnu. Car, quel que soit le maire, quelle que soit sa couleur politique, c’est paraît-il dans les gênes des Banyulencs, il y a anguille sous roche, il faut y regarder à deux fois, se tenir sur ses gardes, chat échaudé craint l’eau chaude… bref, la mariée est trop belle.
Vous en voulez des anecdotes qui font que la commune de Banyuls-sur-Mer est absolument à part sur l’échiquier roussillonnais ?
En voilà : chaque séance publique du conseil municipal est filmée par des vidéomaniaques (de l’Opposition au maire) et illico diffusée sur le net via youtube où, localement, elle est autant visionnée que Video Game de Lana Del Rey.
Une autre : en juin 2012, une habitante n’a pas hésité à étendre ses soutiens-gorges dans une rue très passante du centre-ville; cette passionaria locale avait fabriqué à partir de ces sous-vêtements une banderole qu’elle avait accroché telle une guirlande. Elle entendait ainsi « soutenir » à sa façon des personnes du village victimes selon elle d’une injustice manifeste de la part de la municipalité.
Une dernière pour la route : le tempérament de feu du maire justement, Jean Rède (UMP), ancien vice-président du conseil général des P-O, qui n’hésite pas à jurer face à l’adversité à coups du fameux mot de Cambronne… et qui comme tant d’autres – Audiard, De Gaulle, Coluche, etc. – a décidé quand il s’agit de clore un chapitre municipal face à des opposants : « Je ne parle pas aux cons, ça les instruit ! ».
Une commune qui ne manque pas de maires !
Comme sa commune voisine au nord de son territoire, Port-Vendres, sur tout le littoral nord-catalan Banyuls-sur-Mer partage le privilège d’avoir trois maires toujours en vie : Pierre Becque (centre-droit), qui fut maire de Banyuls-sur-Mer de 1995 à 2001; Roger Rull (radical de gauche), de 2001 à 2008; et donc Jean Rède (UMP), depuis 2008, mais qui occupa également le fauteuil de maire (RPR) de Banyuls-sur-Mer de 1983 à 1995. Et, à 81 ans (depuis le 9 avril dernier), ce Don Camillo de la Côte Vermeille, savant mélange de Fernandel et de Raimu, espère bien « si Dieu le veut » remettre en 2014, au mois de mars, pour les prochaines municipales… De toutes façons, ironise-t-on sur place, « si ce n’est lui, ce sera son épouse Hélène, qui est déjà très active sur tous les fronts, qui conduira la liste (…) ».
Et comme si ça ne suffisait pas, la commune peut aussi compter sur des maires « extérieurs », à savoir des maires élus dans d’autres régions mais qui ont décidé de prendre leur retraite à Banyuls-sur-Mer.
Exemple avec Rosendo Caubet, directeur commercial retraité, qui a été maire de Lacroix-Falgarde, de 1989 à 2001, une petite commune d’environ 2 000 habitants qui se situe au sud de Toulouse, dans le département de la Haute-Garonne (31).
Seulement voilà, Rosendo Caubet n’est pas du tout sur la même longueur d’onde que Jean Rède. Evidemment. Son cheval de bataille : la 14ème révision du Plan d’occupation des sols (POS), en général; l’enquête publique sur l’emplacement n°12 inscrit comme aménagement de parking, en particulier.
L’ancien maire de Lacroix-Falgarde a décidé de saisir le commissaire-enquêteur car, lui écrit-il, « les constructions envisagées me semblent inopportunes pour les raisons suivantes : actuellement, il y a un manque cruel de places de parking pour les voitures et les autobus à Banyuls. L’emplacement dans ce quartier rend sujet à inondations et le risque serait aggravé dû à de nouvelles grandes surfaces de toitures et de goudron rejoignant les eaux pluviales. Bartissol (salle de festivités), tout à côté, manque également de place de parcage, et comme ce site doit à proche échéance recevoir d’autres activités recevant un grand nombre de personnes… Où se gareront voitures et autobus ? (…) ».
Autres arguments développés par Rosendo Caubet pour s’opposer à cette 14ème révision du POS de Banyuls-sur-Mer : « Le dimanche et le jeudi toute l’année; marché de plein vent à Banyuls sur le parking Novelty ce qui restreint encore plus les possibilités de stationnement… Le laboratoire Arago compte recevoir avec son nouvel espace tout récemment créé, plus de 110 000 personnes annuellement (contre 60 000 actuellement), mais il n’y a toujours pas de parking important à proximité. Mais ce « projet-Arago » est aussi un projet pédagogique qui prévoit dans ce bâtiment un nouvel aquarium qui devrait accueillir 110 000 visiteurs donc par an selon une enquête réalisée par un bureau d’étude. Cet aquarium est une nouvelle génération d’aquarium destiné à diffuser les connaissances scientifiques sur l’écologie et la biodiversité… Les rues de la ville sont déjà très encombrées et les habitants n’ont même plus la place actuellement pour garer leurs véhicules. Pendant la période estivale c’est évidemment pire. Avec cette éventuelle nouvelle construction, les riverains du secteur auront devant eux une barre surélevée de 25 mètres par rapport à la rue en contrebas et longue de 125 mètres !, qui gênera considérablement le visuel et le bien être du voisinage (…) ».
In fine, Rosendo Caubet réclame « une réunion publique qui permettrait à chacun de s’exprimer sur un sujet d’une telle importance. C’est ce que j’ai fait en son temps en tant que maire. Ici, à Banyuls, je constate que la population ne peut s’exprimer que sur des actes administratifs obligatoires comme celui-ci. C’est dommage, la démocratie y perd ses fondements ».
Dans toutes les familles, un candidat se lève pour les municipales
Autour de Jean Rède, l’équipe de la Majorité municipale fait bloc. Elle entend bien les doléances des uns et des autres, mais refuse d’être taxée « d’intolérance et de sectarisme ». Un proche de l’actuel maire de Banyuls-sur-Mer rappelle qu’ils ont été « élus démocratiquement et confortablement !, pour appliquer un programme. Le temps des élections viendra, les Banyulencs trancheront à ce moment-là. Mais pour l’heure, nous avons une ligne de conduite, un cap à maintenir. Nous avons fait des promesses, nous nous sommes engagés auprès de la population, nous avons annoncé la couleur, et c’est pour toutes ces raisons que les Banyulencs nous ont choisi, qu’ils nous ont préféré aux autres candidats. Tout le reste n’est que palabre, qu’idéologie, que divertissement pour faire diversion, ce n’est que l’addition d’égoïsmes venus de l’extérieur et qui n’ont que faire de l’avenir des jeunes de Banyuls-sur-Mer. Nous, nous avons choisi de leur construire un avenir, une situation, nous voulons avancer tout simplement ».
Chacun l’aura compris, à Banyuls-sur-Mer, il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas.
Rosendo Caubet aura toujours le loisir de monter une liste contre le maire sortant, Jean Rède. Car cela aussi fait le charme de cette commune de pas tout à fait 4 800 habitants (et près de 4 000 électeurs inscrits), et qui ne manque jamais de candidats à chaque rendez-vous des municipales. Bien au contraire ! En mars 2008, pas moins de 6 listes se sont disputées les voix des Banyulencs au 1er tour, conduites par ordre alphabétique par : Claude Gauze, André Mariotti, Patrick Médina, Jean Rède, Roger Rull et Jean-Michel Solé. En 2001, il y avait déjà 5 listes au 1er tour (MM. Jomain, Mérieux, Rède, Rull et Solé). A 27 noms par liste, cela donne 162 candidats ! Autant dire qu’en 2008 chaque famille de Banyuls-sur-Mer avait un candidat en lice…
Pour mars 2014, on annonce déjà quatre listes dans les starting-blocks, celles de : Patrick Médina, Jean Rède, Roger Rull et Jean-Michel Solé.