Une page très importante va se tourner dans le village de Bages. Mauricette Aybar, conseillère municipale, le confirme : « le commerce le plus ancien de Bages (depuis 1900), exploité par quatre générations, va prochainement être la propriété de nouveaux repreneurs ». Que de chemin parcouru depuis l’ouverture de la première boulangerie, située alors rue du Figuier, jusqu’à celle de la rue Danton. Que la route fut longue, émaillée de sourires, de larmes mais toujours dans la convivialité et la simplicité d’une famille qui n’a eu, toute sa vie d’autre but que la satisfaction de ses clients.
« Personnel et apprentis se sont succédé durant ces années et ont tous été formés par ces fervents défenseurs de la boulangerie et pâtisserie authentique et artisanale, par ces amoureux du « fait maison ». Que de débats matinaux passionnés avec des clients-amis dans la « gloriette » ! », souligne encore Mauricette Aybar, passionnée et subjuguée par la belle histoire de cette entreprise familiale.
Cet établissement plus que centenaire a connu les deux grandes guerres, l’Occupation et les tickets de rationnement, la terrible inondation du village où, malgré les difficultés de l’époque, Roger et Louis enfournaient sans discontinuer avec de l’eau jusqu’aux genoux afin de satisfaire les bagéens.
Les anciens se souviennent encore du courage d’Augustine qui, malgré le fait que son époux Roger soit en captivité en Allemagne et qu’elle ait la charge de ses deux enfants en bas âge (Huguette et Louis) partait livrer les miches de pains au village voisin de Montescot avec mulet et charrette.
D’autres se rappelleront leurs délicieux « plats » de la Saint André ou du dimanche qu’ils apportaient pour finir de cuire ou de mijoter dans la chaleur tombante du four. Tout comme ces clients, rapatriés d’Algérie,qui venaient pétrir et cuire leurs traditionnelles « mounas » et « montécaos » dans le fournil accueillant et généreusement prêté.
Le dernier de la dynastie, Philippe, nous a confié : « C’est avec un pincement au cœur et un peu de nostalgie que,je réalise vraiment que notre tradition familiale va cesser à l’approche de mon départ à la retraite. Je suis né dans ces murs, j’y ai grandi et travaillé toujours dans le même esprit. Je n’ai jamais cédé « aux chants des sirènes qui veulent qu’on peut acheter du pain pré cuit ou des pâtisseries à garnir… Je suis heureux et fier d’avoir essayé de maintenir cette renommée acquise par mes aïeux Jean-Baptiste, Roger et mon père Louis auprès duquel j’ai évolué et qui a toujours su me guider avec la complicité de ma mère Simone toujours présente dans les bons et les mauvais moments. Je suis certain que cette relation avec les clients la plupart devenus amis,ce lien social propre aux commerces de proximité vont me manquer. Je présente mes meilleurs vœux de réussite a mon successeur ».
Nous lui souhaitons, ainsi qu’à son épouse, une retraite paisible et méritée. Et qui sait ? Peut-être Philippe a t’il déjà d’autres projets dans sa besace, lui qui a aussi écrit deux livres qui ont eu un grand succès et qui a toujours envie d’innover…
Soyons certains que cette boulangerie au label « Maison de qualité », décerné en 1992 par le Club international gastronomique Prosper Montagné, a encore de beaux jours devant elle et que la bonne odeur de ses célèbres et uniques tourteaux anis-citrouille créés par Jean-Baptiste embaumeront toujours le quartier pendant longtemps encore.
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