Les cadres de santé du Centre Hospitalier de Thuir nous communiquent, sous le titre « Les cadres de santé du Centre Hospitalier de Thuir en Grève s’expriment », au sujet du malaise en milieu hospitalier, avec prière d’insérer :
« Depuis des années, nos directions font appel à notre sens des responsabilités et à notre exemplarité pour relayer auprès de nos équipes des plans d’austérités décidés par nos instances de tutelles.
Sous de jolies formules et nouveaux concepts de « rationalisation », « regroupement », «protocole » ou encore « de référentiel qualité » nous ne pouvons faire que le constat d’une baisse constante des moyens dans nos hôpitaux, d’un manque de considération manifeste de tout le personnel qui travaille au quotidien auprès des patients et d’une aggravation criante des conditions de prise en charge lors des soins.
C’est donc avec ce même sens des responsabilités que nous, Cadres de Santé, nous nous mettons en grève ce jour pour mettre un terme à ce processus. Les personnels soignants ont toujours répondu présent pour prendre en soin la population, y compris dans les périodes de crises comme nous en avons connues en Novembre l’an passé ou en Juillet de cette année.
Ce sont bien les soignants qui sont en première ligne pour faire face au mécontentement de la population, qui doivent expliquer avec le sourire « qu’il faudra attendre », « qu’il n’y a plus de lit », « que nous avons pas le temps de nous occuper d’eux car il y a une nouvelle entrée », « que nous ne sommes que deux soignants pour toute l’unité et que nous sommes donc limités à préparer les traitements et enchainer les soins sans pouvoir parler de leur souffrance… ».
Oui avec le sourire alors que les soignants sont sous payés au regard de leur niveau d’étude, que le cadre (oui nous !) les a rappelé sur leur repos pour revenir travailler, qu’ils devront enchainer de nuit après leur après midi de travail parce qu’un collègue a du s’arrêter, qu’ils n’auront pas leurs vacances comme souhaité et qu’ils devront se contenter de 10 jours…
Alors on encaisse les coups, puis on en devient malade de voir l’écart grandissant entre nos valeurs, notre éthique professionnelle et ce qu’on nous oblige à faire au quotidien. Nous voyons nos collègues qui partent bien avant la retraite cassés par le travail.
Cet été 5 infirmiers ce sont donnés la mort. Nous ne pouvons plus rester sourds !
Le discours politique ambiant vient accroitre cette souffrance quand l’objectif pour notre gouvernement est de faire 3 milliards d’économie supplémentaires. Ces chiffres sont abstraits mais se concrétisent dans notre quotidien par une dégradation du soin offert à la population.
Ne parlons même pas du discours des candidats de droite pour lesquels il faudra encore diminuer le nombre de fonctionnaires, supprimer les 35 heures, allonger le départ en retraite : Stop !
Quand les hôpitaux débordent, quand nos soignants souffrent jusqu’à s’en donner la mort, c’est tout simplement le signe que notre société est malade.
Cadres de Santé, et avant tout infirmiers, nous ne pouvons pas le cautionner davantage. Il est impératif de mettre en place un plan d’urgence de revalorisation pour les soignants et de renforcer les moyens de l’Hôpital à la hauteur des besoins de la population.
Avec le soutien de : CGT, FO, SUD. »