Sous les arcades millénaires d’une petite rue pavée, les cloches du monastère de Santa Maria résonnent tandis que la lumière du soleil d’avril caresse les pierres ocre. Bienvenue à Girona, cette ville catalane où chaque recoin dissimule une histoire fascinante que peu de visiteurs connaissent. Au-delà des décors de Game of Thrones qui ont rendu célèbre sa cathédrale, Girona garde jalousement ses secrets, attendant le voyageur curieux qui saura s’aventurer hors des sentiers battus.
Le gardien silencieux : El Tarlà de Girona
Dans la rue étroite de l’Argenteria, levez les yeux. Suspendu entre les façades, un personnage coloré semble défier la gravité. C’est El Tarlà, une figure acrobatique qui tournoie au-dessus des passants pendant les festivités de printemps. Cette tradition remonte au XIVe siècle, quand la peste ravageait la ville. Un jongleur local aurait distrait les enfants confinés dans ce quartier, apportant joie et espoir en des temps sombres.
« Le Tarlà fait partie de notre identité profonde », confie Josep, artisan local. « Chaque année lors de la Sant Jordi et les Temps de Flors, il réapparaît comme un rappel de notre résilience face à l’adversité. » Cette figurine acrobatique symbolise l’âme festive qui anime la ville, loin des clichés touristiques habituels.
La Venise catalane aux cases de l’Onyar
Si Venise a ses canaux, Girona possède l’Onyar, cette rivière dont les eaux calmes reflètent les façades colorées des cases. Ces maisons suspendues au-dessus de l’eau créent un tableau vivant que la lumière transforme à chaque heure du jour. Jaune ocre, rouge terre cuite, vert amande – la palette chromatique de ces habitations constitue l’une des cartes postales les plus emblématiques de Catalogne.
L’originalité de ces demeures ne tient pas seulement à leurs couleurs. Leurs fondations plongent directement dans la rivière, défiant les crues occasionnelles qui ont façonné l’histoire de la ville. Pour capturer leur magie, empruntez le Pont de Ferro, conçu par Gustave Eiffel lui-même, au coucher du soleil.
Les mouches miraculeuses de Saint Narcisse
Peu de visiteurs connaissent l’étrange légende qui a forgé l’identité de Girona. En 1285, alors que les troupes françaises de Philippe III le Hardi assiégeaient la ville, un événement inexplicable se produisit. Lorsque les soldats profanèrent le tombeau de Saint Narcisse, patron de la ville, des essaims de mouches en émergèrent miraculeusement, attaquant l’armée ennemie avec une telle férocité que les Français battirent en retraite.
Cette histoire n’est pas qu’une simple légende. À la cathédrale, une chapelle entière est dédiée à Saint Narcisse, où vous remarquerez le motif récurrent de mouches stylisées. Ce symbole est si important que les habitants de Girona sont parfois affectueusement surnommés « gironins de la mosca » (les Gironais de la mouche).
Une nef record cachée derrière des façades modestes
La cathédrale Santa Maria peut sembler modeste de l’extérieur, mais franchissez son portail pour découvrir un record architectural méconnu. Sa nef gothique, mesurant 22,98 mètres de largeur, est la plus large du monde dans son style. Cette prouesse technique du XIVe siècle offre une acoustique exceptionnelle qui sublime les concerts d’orgue organisés périodiquement.
« La plupart des visiteurs passent à côté de ce détail technique », explique Maria, guide locale. « Ils montent les 90 marches de l’escalier monumental sans réaliser qu’ils s’apprêtent à entrer dans un espace unique au monde. »
Le Call : un labyrinthe de 800 ans préservé
Perdez-vous délibérément dans les ruelles médiévales du Call, l’ancien quartier juif qui abrita une communauté prospère jusqu’à la fin du XVe siècle. Contrairement à d’autres villes européennes, Girona a préservé l’intégralité de ce dédale de passages étroits, d’escaliers abrupts et de cours intérieures secrètes.
La beauté de ce quartier réside dans son authenticité. Loin des reconstitutions touristiques, le Call respire encore l’atmosphère médiévale, accentuée par les pierres usées de ses murs et les fenêtres à meneaux qui témoignent de huit siècles d’histoire continue.
FAQ : Les mystères de Girona dévoilés
Quand visiter Girona pour éviter les foules ?
Privilégiez mars-avril ou septembre-octobre. Vous profiterez d’une température idéale et éviterez l’afflux de touristes estivaux, tout en ayant une chance d’assister à des événements locaux comme la fête de Sant Narcís (fin octobre) ou les prémices du Temps de Flors (début mai).
Existe-t-il encore des bains arabes à Girona ?
Oui, bien que techniquement romans et non arabes ! Ces bains du XIIe siècle s’inspirent de l’architecture musulmane mais furent construits après la Reconquista. Ce joyau caché offre une plongée dans l’histoire médiévale avec ses colonnes majestueuses et sa coupole percée d’étoiles.
Où peut-on voir les décors de Game of Thrones à Girona ?
Les escaliers de la cathédrale, le quartier juif et les remparts ont servi de décor pour Braavos et King’s Landing dans la saison 6. L’Office du Tourisme propose un itinéraire dédié, mais le charme authentique de ces lieux transcende largement leur apparition télévisuelle.
