« Sur les chemins d’Albert Bausil » par Hugues di Francesco et les Inedix

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Francis Adam à la contrebasse, Pierre-André de Vera à la guitare, Julien Lebart au synthétiseur et à l'accordéon, François Miniconi aux percussions et Hugues di Francesco au chant…

Au long de cette tournée innée et dite, qui s’est achevée dimanche 30 octobre au soir, au Palais des Rois de Majorque, Hugues di Francesco et les Inedix ont incarné, de par leur sincérité, leur charisme et leur humilité, l’intime mais luminescente poésie d’Albert Bausil (homme de lettres accompli), lequel écrivain a chanté et exalté le Roussillon, de même que ses paysages, son époque et la confiance en son devenir, au long de la première moitié du XXème siècle… Jean Iglesis nous raconte cette soirée d’exception.

« Hugues di Francesco et son quintet ont imposé au long de cette tournée, devenue hommage et signe vivace de mémoire à une époque heureuse et révolue, les vers oubliés d’Albert Bausil, dont la vie s’est éteinte, voilà plus de 70 ans…
Ressouvenue car revisitée six mois durant (d’avril à octobre passés) au long de la tournée offerte par Hugues et les Inedix, l’écriture vive, juste et éclairée d’Albert Bausil a ressuscité, s’est déclinée et a résonné (sans pour autant oncques déraisonner) au long de textes permanents, pertinents et pérennes…

Autant de textes inhérents à l’histoire culturelle et fondatrice du Roussillon (vécus depuis la « Grande guerre » à la Victoire de 1945)… redécouverts et envolés dans la joie de vivre du poète, laquelle joie de vivre occultait bien souvent un mal-être profond…

Sur les chemins d’Albert Bausil – Hugues di Francesco et les Inedix
Les adaptations mélodiques et les interprétations des textes majeurs de Bausil par Hugues et les Inedix s’avèrent on ne peut plus fidèles au propos du poète, se ressourçant du coup, à un siècle de distance de là, des thèmes qu’il a puisés dans les réalités et dans les charmes du Roussillon. Hugues et les Inedix marchent pas-à-pas dans les sentiers féconds de la poésie et se désaltèrent aux sources inspiratrices des textes lyriques et enflammés, réalistes et contemplatifs, déterminés et revendicatifs du poète…

A l’aune du verbe et des sentiments mêlés que leur quête annonce, prédit et oblige, les poèmes que les Inedix ont choisis – devenus chansons par la grâce et par la savante alchimie d’Hugues et de ses acolytes -se parent d’un naturel virginal et saisissant, qui remémore, scénarise et impose au-devant de la scène les images fugaces d’un Perpignan d’hier, carnavalesque et festif, bien que chronologiquement situé entre deux guerres.

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Forts et riches des scènes bucoliques d’abord récipiendaires, puis témoins, dépositaires et acteurs, dans la foulée Bausilienne, les Inedix glorifient et révèrent les paysages et personnages phares du Roussillon, admirés et magnifiés avec respect, voire avec ferveur…
Autant de moments de vie rendus et devenus éternels, captés er restitués dans l’ombre originale et passionnelle d’Albert Bausil…

Avec l’album « Sur les chemins d’Albert Bausil », Hugues di Francesco nous renvoie derechef et sans coup férir à notre condition, voire à notre responsabilité d’individus, dans la définition de « citoyens du monde », définition que lui confère Erasme…

Nous appartenons tous ensemble à un monde fragile, saisi dans son éphémère beauté, et ce « Quand tout change et s’en va sans regrets/Quand on est seul debout sur la pass’relle/Devant tel ou tel monde qui disparaît », pour citer la chanson immortelle « Fidèle », de Charles Trénet. Viennent des images évanescentes qui – à près d’un siècle de distance – nous ressourcent, tant elles dépeignent avec justesse et réalisme nos perceptions humaines – certes ressenties banales, mais pour autant rêvées et souhaitées comme édéniques, salutaires ou salvatrices. Bausil puise ses mots, ses quatrains et ses thèmes de prédilection dans la musique de Déodat de Séverac, dans les vers d’Henry Muchart, de Josep Sebastià Pons ou de Joan Amade, dans la peinture d’un autre Bausil, qui n’a pas pour prénom Albert, mais Louis… en l’occurrence son frère.

Hugues di Francesco – revisitant Albert Bausil – nous rappelle à tous et ce que nous sommes (dans notre essence individuelle et intime, mais au-delà de textes aussi paradoxalement profonds qu’ils nous semblent légers), et ce que nous sommes restés (dans notre parcours existentiel : dans notre vie personnelle, affective ou professionnelle)…

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Les vers d’Albert Bausil nous reflètent nous interpellent et nous interrogent instamment… Ils nous invitent à nous reconsidérer, à nous réinventer, et à nous accorder une seconde chance, à nous réorienter dans une nouvelle vie, plus proche de celle qui a participé à faire
ce que nous sommes devenus…

Quand bien même, certains d’entre nous se sont exilés à Paris ou ailleurs, nous sommes restés avec notre foi et nos espérances, au bord de l’improbable, singulière et impénitente route d’été, fantasmatique porte d’issue à notre questionnement, à nos problèmes quintessentiels et à nos souffrances, symbolisée dans le texte symbolique « La terrasse au soleil », une voie à la fois casanière, protectrice et rassérénant.

Même si nous avons dû quitter « ce Roussillon des fruits et des treilles, jeté sur la mer comme un bouquet d’or » (« Mon pays ») Hugues di Francesco exhume et ressuscite Albert Bausil, en régénérant et en revivifiant sa force de témoin historique, sa légitimité littéraire, sa permanence, sa force, son courage et sa conviction…

Debout et conquérant qu’il est et demeure ici et maintenant, fier de respirer, de ressentir et d’exister… Entre les chênes que la tramontane agite, entre les pins que le soleil accable, entre les vignes que l’automne vendange…l’âme d’Albert Bausil s’instille, s’affirme et s’exprime…

Merci à Hugues di Francesco et aux Inedix pour cette tournée inespérée, et pour ce tourbillon d’images éthérées, insaisissables, bénéfiques, ainsi que pour ce firmament par avance étoilé d’espoirs ressouvenus, et de joies qui ne demandent qu’à renaître… »

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