Vendredi 5 janvier, d’entrée, lors de la traditionnelle cérémonie de vœux à la population, et après avoir salué et formulé les remerciements d’usage destinés aux diverses autorités, le docteur Jacques Manya, maire de Collioure, n’y est pas allé par quatre chemins :
« Vous l’aurez compris, Mesdames et Messieurs, je vais construire ce soir devant vous, un nouveau plaidoyer pour l’échelon communal. N’ayez pas peur, les plus grandes vérités ne sont pas les plus longues à énoncer. Le petit film qu’il vous a été donné de voir en prologue à cette diatribe, est bien l’illustration de cette convivialité, de cette joie d’être et de vivre ensemble que nous devons en grande partie à nos associations. Vous savez aussi combien à Collioure, nous sommes regardés, souvent enviés et copiés, jamais égalés mais parfois jalousés… Dans cette logique, on aurait presque tendance à croire, que la gestion de la ville se résume à l’organisation du calendrier récréatif, que notre aptitude à gérer la commune se mesure à notre capacité à assurer le train de vie festif. J’avais pourtant annoncé pendant la campagne électorale des municipales, que la vocation de Collioure n’était pas celle d’être le « jardin des plaisirs de notre Département ». »
« Collioure est un vrai village »
Fidèle à son propos, Jacques Manya, devant plusieurs centaines de personnes réunies au centre culturel communal, a donc souligné avec une certaine insistance : « Collioure est un vrai village, avec une communauté humaine qui a de vrais besoins d’équipements, de vraies aspirations à la présence de services publics, de vraies nécessités d’anticipation de l’évolution de la pyramide des âges, une vraie volonté de préservation d’une qualité de la vie en société (…). « Collioure pour tous », c’était bien le sens de notre candidature et de notre programme aux élections municipales, il y a bientôt quatre ans. En effet, Mesdames et Messieurs, nous avons déjà franchi la mi-parcours de notre mandat et il est intéressant de mesurer le travail accompli en trois ans, en le comparant à nos objectifs de campagne ».
Et Jacques Manya a décliné son programme de campagne électorale à partir des dix points qui ont servi de socle fondateur de ce fameux programme : l’emploi, le logement, l’école, la culture, l’animation, le sport, la sécurité, la santé (solidarité & lien social), le cadre de vie (l’écologie), la gestion (les finances).
Ce « copié-collé » lui a permis de faire un aller-retour à chaque fois en fonction d’un thème particulier : rappeler ce qui avait été dit, promis, annoncé, et le calquer sur la situation présente.
C’est du chapitre des « finances » que la surprise est venue.
« Le pire restait à venir »
« Nous nous étions engagés à un audit financier indépendant dès notre arrivée. Cela a été fait. Si certaines conseillères municipales ont trouvé que l’audit coûtait cher, nous n’avons pas été déçus du résultat, en apprenant qu’un contentieux fiscal antérieur à notre arrivée, allait impacter les finances communales à hauteur de 450 000€ en 2015. On peut certainement mieux commencer un mandat… Le pire restait cependant à venir », a confirmé Jacques Manya depuis sa tribune des voeux. « Nous avons eu à subir de mars à septembre 2016, un contrôle de la Chambre Régionale des Comptes sur les finances de la commune de 2011 à 2015, soit en ce qui nous concerne, de mars 2014 à décembre 2015. Ce contrôle est certes gratuit mais souvent plus bavard qu’un audit privé… ».
Après la communication d’un rapport confidentiel auquel ont été apportées des explications de la collectivité contrôlée et des élus responsables, un rapport définitif a été transmis et porté à la connaissance du Conseil municipal et du public. Cela a été fait le 6 novembre dernier.
La Chambre Régionale des Comptes n’a certes qu’une vocation de contrôle mais elle a le devoir d’une part de relever un certain nombre d’anomalies de formes, mais aussi de pointer des pratiques qui ne revêtiraient pas les critères de légalité ou de transparence requis.
« Des pratiques irrégulières d’allures systémiques »
En d’autres termes, a précisé l’actuel maire Les Républicains de Collioure, « la gestion de la commune de 2014 à 2015, a fait l’objet de prescriptions formelles en quatre points essentiels auxquels nous nous sommes dès à présent mis en mesure de répondre en particulier par le recrutement d’un nouveau Directeur Général des Services que je salue. L’analyse de la gestion communale de 2011 à 2014 a quant à elle, mis en lumière des pratiques irrégulières d’allures systémiques, concernant particulièrement l’emploi d’un agent public et ses conditions de rémunération ainsi que l’existence de certains marchés récurrents de prestation en communication, conclus sans publicité, ni mise en concurrence, malgré l’importance des sommes versées. Ces faits ont été établis par la Chambre Régionale des Comptes elle-même. Dès lors, la loi place les conclusions des juges financiers entre mes mains d’Officier Public. Aujourd’hui en vertu de l’article 40 du Code de Procédure Pénale, et ayant acquis la connaissance de faits délictueux, j’ai l’obligation de transmettre sans délai, ces éléments au Procureur de la République qui jugera alors de l’opportunité des poursuites (…) ».
Ces révélations ont fait l’effet d’une bombe dans une partie du public, notamment dans les rangs restés fidèles à l’ancien maire socialiste de Collioure, Michel Moly, toujours 1er vice-président du Département, visé par les déclarations de son successeur qui entend bien désormais donner une suite judiciaire à ses paroles.