Le groupe d’action « Étudiants Insoumis de Perpignan » de La France Insoumise avait invité Francis Daspe mercredi 13 décembre pour une conférence / débat sur le thème « Droites, extrême droite et République ». Cette formation militante coïncidait aussi avec l’actualité récente, tant nationale et que départementale. Il nous en communique un compte-rendu avec prière d’insérer :
« L’orateur rappelait les origines du clivage droite / gauche : les débats sur le droit de veto à accorder ou pas au roi au début de la Révolution française en 1789. « La droite s’est constituée dans une opposition à l’héritage de la Révolution française et sa déclinaison institutionnelle, la République », expliquait-il. A ce clivage politique initial, deux autres allaient se superposer : une opposition religieuse estimant qu’il ne pouvait y avoir de société stable sans une influence forte du fait religieux, une opposition économique considérant que l’État devait s’effacer devant la loi du marché dans le cadre du capitalisme de la révolution industrielle naissante.
« Ces remarques peuvent faire sourire aujourd’hui, et inviter en tout cas, à écarter toute forme d’anachronisme », affirmait Francis Daspe. « Les déclamations de la droite et de l’extrême droite sur la laïcité manquent de sincérité historique. Les politiques menées par les gouvernements socialistes et par la majorité autour du Président Macron sont bien de droite ».
Aux XIX° et XX° siècles, la droite a oscillé entre périodes de rejet de la République qualifiée de « Gueuse » (monarchie constitutionnelle, écrasement de la Commune, détestation du Front Populaire, parenthèse pétainiste etc.) et moments de ralliement plus ou moins contraint. « A chaque fois que des pans de la droite finissaient par accepter la République, la contrepartie était que la République soit rétrécie dans ses principes ». Francis Daspe illustrait ses propos par des exemples précis : moins de République sociale avec la formule de Thiers au moment de la Commune indiquant que la République serait conservatrice ou ne serait pas, moins de République laïque avec le refus d’appliquer la loi se séparation de l’État et des Églises de 1905 aux trois départements alsaciens et mosellan au lendemain de la première guerre mondiale ou le vote de la loi Debré de 1959 qui permet le financement de l’école privée religieuse, moins de République démocratique avec les institutions gaulliennes de la monarchie présidentielle de la 5° République.
Ces impensés antirépublicains sont toujours valables aujourd’hui, comme en témoignent la droite décomplexée incarnée par Laurent Wauquiez et la « zemmourisation » des esprits. « Il en va de la devise républicaine qui n’a jamais été totalement acceptée. Pour elle, la liberté signifie trop souvent anarchie, pertes des valeurs traditionnelles et désordre. L’égalité serait porteuse de tyrannie de la masse en raison d’un prétendu égalitarisme et d’un nivellement par le bas. La fraternité équivaudrait à un cosmopolitisme honni et à une perte d’identité ».
Francis Daspe concluait par des allusions à ses deux derniers livres. « Si la droite s’est rebaptisée Les Républicains, c’est qu’elle a ressenti le besoin de se nommer par ce qu’elle n’a pas été et ce qu’elle n’est pas totalement », faisant écho à l’avant-dernier livre « Le vol des mots. Le voile des mots » (éditions du Croquant, octobre 2016). Reprenant la formule adressée à cette droite ralliée au
début du XX° siècle après l’affaire Dreyfus, « Vous acceptez la République, fort bien ! Mais acceptez-vous le bilan de la Révolution ? », il renvoyait à son dernier ouvrage « La Révolution citoyenne au cœur » (Eric Jamet éditeur, octobre 2017). Pour certains, le chemin est encore long… »