A l’instar du maire d’Argelès-sur-Mer, diverses personnalités pourraient devoir rendre des comptes sur des extensions de maisons non autorisées
Récemment, le maire d’Argelès-sur-Mer, Antoine PARRA (PS), par ailleurs vice-président de la communauté de communes Albères-Côte Vermeille-Illibéris, a été condamné, le 12 avril dernier plus précisément, en première instance par le tribunal correctionnel de Perpignan à démolir sa maison principale construite illégalement en lieu et place d’un casot de moins de 50m², situé au lieu-dit « La Cerigue », et dans lequel le 1er magistrat avait été autorisé en 2012 – à la demande d’un projet élaboré par son épouse Maryse née COSTA – uniquement à ouvrir un gîte de vacance dans les murs existants et sans procéder à de nouvelles ouvertures.
S’ils décident de ne pas faire appel du verdict, les époux PARRA ont jusqu’au 30 juin pour démolir leur habitation (le tribunal leur a également infligé une amende de 10 000€)… Passé ce délai, à partir du 1er juillet 2018, il leur en coûtera 300€ de pénalité par jour : soit environ 9 000€ par mois, dont ils devront s’acquitter même s’ils choisissent d’aller en appel, puisque la procédure n’est pas suspensive.
Un sportif, deux comédiens… et un militaire
Autant dire que les magistrats perpignanais, en rendant la Justice, ont voulu frapper un grand coup, pour l’exemple. Après tout, nul n’est censé ignorer la loi, à fortiori un élu, qui plus est maire, même si au moment des faits Antoine PARRA n’était pas encore maire d’Argelès-sur-Mer… mais il connaissait parfaitement le contenu (et la destination autorisée de son immeuble) du document délivré par les services administratifs compétents et concernés.
Très prochainement, les époux PARRA pourraient se sentir moins seuls, mois isolés en tout cas, car d’autres constructions illégales, et non des moindres, appartenant à diverses personnalités, seraient dans le collimateur des services de l’Etat avec transmission à la Justice.
Les constructions, extensions et surélévations diverses, mais également des branchements électriques hors normes réalisées en toute illégalité, concerneraient essentiellement les façades maritimes des communes de Collioure, Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer. Elles viseraient notamment un sportif de haut-niveau, un artiste, deux comédiens, un homme d’affaires… et un militaire. Ce dernier devrait d’ailleurs être le premier à devoir s’exécuter, car il tomberait déjà sous le coup d’une astreinte : il lui est reproché d’avoir surélevé en totale illégalité (et en connaissance de cause) son patrimoine familial architectural, pourtant situé au cœur d’une zone inconstructible, un site naturel merveilleux et classé qui relie Port-Vendres à Banyuls-sur-Mer via la baie de Paulilles.
Étonnamment, c’est dans les secteurs paradisiaques pourtant protégés de Paulilles, du Fourrats, du Cap Béar et sur les collines de Collioure que, ces dernières années, certains propriétaires de mazets, de maisons de pêcheurs, auraient transgressé les lois de l’urbanisme, parfois de manière spectaculaire, se permettant quelques fantaisies et quelques détours avec la réglementation en vigueur.
Et pourquoi pas un MacDo dans la chapelle de Cosprons !
Jusqu’ici, les services de l’Etat fermaient plus ou moins les yeux, ils s’accomodaient devant le fait accompli. Depuis deux décennies, même les écolos avaient baissé la garde, les bras ! Il faut remonter au tout début des années 90, avec « l’affaire » de la Maison du Cap de l’Abeille, autre site naturel remarquable et protégé, les pieds dans l’eau, ancré sur la corniche qui mène de Banyuls-sur-Mer à Cerbère, pour trouver traces d’une association écologiste, FRENE’66, militant pour la destruction de cette demeure rachetée par un homme d’affaires franco-libanais et depuis revendue en toute légalité et conformité avec la Loi Littoral à un couple d’industriels britanniques. Affaire classée.
Depuis cette affaire-là : silence radio. En dépit de la prolifération de casots viticoles transformés en haciendas… qui se rachètent à prix d’or, lorsqu’ils sont à la vente !
Il semblerait donc que la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM’66) a décidé de remettre de l’ordre dans ce tout ce désordre ambiant qui contribue gravement à défigurer les plus beaux paysages du patrimoine roussillonnais. A ce rythme-là, il y aura bien un jour un MADOFF catalan qui réussira à installer un MacDo dans la chapelle de Cosprons avec la bénédiction des élus locaux… et pourquoi pas une discothèque dans le clocher de Collioure !
Pour l’heure, l’intention est aux retrouvailles et au respect des textes de loi, pour tout le monde, sans exception, et c’est tant mieux ainsi.