Des chercheurs du laboratoire Ihpe (Interactions Hôtes-Pathogènes-Environnements) de l’Upvd ont récemment publié les résultats de leurs recherches sur la clé d’un vaccin contre la schistosomiase, deuxième maladie parasitaire humaine après le paludisme, dans le journal Nature Communications. Elle pourrait venir de la faune sauvage.
Depuis les années 2000, plusieurs travaux soulignaient déjà la capacité du macaque à combattre naturellement une première infection à Schistosoma mansoni, l’agent de la schistosomiase. Désormais, les chercheurs Sergio Verjovski-Almeida et Murilo Sena Amaral, du Laboratoire de parasitologie de Butantan, ainsi que Christoph Grunau et Ronaldo De Carvalho Augusto de l’Ihpe sont allés plus loin et ont suivi des macaques infectés et ensuite réinfectés par S. mansoni. L’objectif de ces études était de comprendre comment, après exposition à une deuxième tentative d’infection, la mémoire immunitaire des macaques arrivait à purger les pathogènes, et, dans l’avenir, développer un vaccin pour l’homme.
Dans la première partie de la recherche, tous les macaques ont guéri de l’infection entre la douzième et la dix-septième semaine. Après 42 semaines, quand les macaques étaient déjà exempts de parasites, les scientifiques ont étudié leur auto-guérison après une deuxième infection. La conclusion était que les macaques se rétablissaient encore plus rapidement de la réinfection. Après la deuxième infection, les macaques ne présentaient plus de symptômes cliniques de la maladie, et après la réinfection, les schistosomes n’atteignaient pas le stade des vers adultes.
À la fin de l’expérience, moins de trois vers ont été récupérés sur chaque macaque, ce qui a soulevé l’hypothèse que les anticorps rhésus bloquaient la maturation des parasites. Pour tester cette hypothèse, les anticorps générés par les macaques ont été incubés avec des parasites en laboratoire dans un milieu de culture. Cette co-incubation a conduit à la mort des parasites. Neuf gènes de la voie d’autophagie du parasite ont été identifiés comme inhibés par la défense immunitaire du macaque.
L’étude représente une avancée importante compte tenu du fait que l’incidence de la schistosomiase a augmenté de 30 % ces dernières années, notamment en Afrique et au Brésil. La maladie est également endémique en Europe depuis 2015. Les parasites infectent les personnes qui entrent en contact avec de l’eau contaminée et s’installent dans les vaisseaux sanguins de l’intestin. Comme les humains ne peuvent pas éliminer le parasite naturellement, la maladie devient dangereuse car elle entraîne de graves complications dans les organes touchés. Le seul médicament contre la schistosomiase recommandé par l’Organisation mondiale de la santé à l’heure actuelle est le Praziquantel, qui est inefficace contre les formes jeunes du parasite et n’empêche pas la réinfection. Pour palier l’absence d’un vaccin pour lutter contre la maladie, les prochaines phases de l’étude consisteront à identifier les protéines parasitaires ciblées par les anticorps de macaque et à tester ces protéines en tant que nouveaux candidats de vaccins.