Notre département est-il condamné à ne vivre que trois mois par an, en été ?

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L'une des rues commerçantes piétonnes d'Argelès-plage, fréquentée aux mois de juillet et d'août par des dizaines de milliers de touristes quotidiennement, mais en « morte saison »... La station balnéaire d'Argelès-sur-Mer n'est évidemment pas la seule en Pays Catalan à offrir un tel spectacle l'hiver venu.

Dès la saison estivale passée, tout fout le camp ! Les services de proximité s’enfuient avec les touristes… une fatalité pour notre département ?

Tourisme Made in P-O, Morte saison
Les décideurs politiques et les décisionnaires administratifs ont du pain sur la « plantxa » ! Pendant des années ils ont laissé filer des pratiques inacceptables et, ainsi, ils se sont rendus complices et coupables d’un contexte économique et social local que les habitants « à l’année » sous le soleil du Roussillon traînent comme un boulet, ou plutôt comme un réel handicap. Et le fait que « notre » secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, Mme Ségolène Neuville, soit « originaire » des P-O (elle siège au Conseil Départemental) n’a rien ni arrangé ni modifié à la sauce catalane. Mais « nos » élus, qu’ils soient de droite, de gauche, du centre ou d’ailleurs, « catalanistes » autonomistes ou indépendantistes (car ils ont aussi siégé dans des conseils municipaux et pour certains continuent d’y être présents d’ailleurs), sont tous responsables de la situation…
Une fois la page de la saison estivale tournée, le département des Pyrénées-Orienta(b)les n’entre pas dans le « hors-saison » comme cela se dessine dans la plupart des autres départements touristiques – on pourrait citer en exemples les Charentes-Maritimes, l’Hérault, les Pyrénées-Atlantiques ou encore le Var – mais bien dans la « morte-saison » !

De Toussaint à Pâques, le département met la clé sous la porte !
Sur le littoral roussillonnais, le changement est flagrant et commence à poser un véritable problème de société qui, pourtant, ne semble pas inquiéter outre-mesure les décideurs et décisionnaires nord-catalans.
L’été fini… et les touristes partis : « on » déconnecte la plupart des DAB (Distributeurs Automatiques de Billets) sur le territoire départemental, l’accessibilité à Internet devient un authentique parcours du combattant tant les opérateurs téléphoniques s’en fichent comme de l’an 40 et débrayent… des fronts-de-mer entier donnent l’apparence d’un site qui vient d’être bombardé avec ses rideaux baissés, ses commerces à l’abandon, etc.-etc.
Des vacances de Toussaint à celles de Pâques, les P-O sont « closed », ou presque, excepté naturellement sur les sommets cerdans et capciriens enneigés, excepté of course au Barcarès et à Perpignan où les municipalités font preuve d’une réelle imagination pour maintenir une attractivité originale, et ce en installant patinoire, chalets de Noël, manèges plus ou moins spectaculaires… et animations diverses qui vous transportent, côté sensations, jusqu’à Rovaniemi, en Laponie finlandaise, le lieu de naissance du Père Noël, nous dit-on.
Le village de Collioure, depuis l’an 2000, se distingue également avec l’organisation de réveillons populaires « en plein air » en fin d’année, sur des thèmes aguichants qui ont su attirer jusqu’à 20 000 personnes (dans une commune qui compte à peine 3 000 habitants). Le Marché de Noël du Barcarès qui s’étend sur plus de un mois attire lui environ 100 000 visiteurs… pour une population permanente estimée à moins de 4 400 habitants.

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Distributeur automatique de billets (DAB), à Port-Argelès… Hors service dès la fin de l’été comme de très nombreux autres situés sur le littoral roussilonnais.

Les touristes partis on en arrive à fermer des… routes
Collioure, Port-Barcarès (où les commerçants et artisans locaux se bousculent au portillon pour décrocher un emplacement), Perpignan : ces trois communes sont bien le témoignage que le département peut (sur)vivre à l’année.
Eh bien non : ailleurs, pour ne pas dire presque partout, nos visiteurs de l’été ayant regagné leurs pénates, les municipalités continuent d’alimenter le désert : ici on baisse les éclairages publics (pour laisser allumer qu’un lampadaire sur deux!) ; là les commerçants saisonniers ont déjà fermé les grilles de leurs commerces à la mi-septembre (voire pour certains le 31 août!) pour aller se dorer la pilule en République Dominicaine ou à Madagascar (voire pour les plus fortunés à Saint-Barth’) ; là encore on ferme des routes (!!!), des wc publics ; ailleurs on donne un sacré tour de vis dans les services publics de proximité (suppression des collectes de ramassage des ordures ménagères, fermeture de bureaux de postes ou de guichets communaux, restrictions diverses)… Les exemples d’abandon sont légion. La réduction de la voilure touche tous les secteurs d’activités, tous les services.
Alors certes, concernant notamment la diminution des collectes de ramassage des ordures ménagères, on peut (le) comprendre lorsque la population, dans une commune comme Argelès-sur-Mer descend en flèche pour passer de plus de 150 000 habitants en haute période estivale aux alentours de 12 000 à 15 000. Idem dans les autres « mastodontes » de la Côte : Canet-en-Roussillon, Saint-Cyprien et Le Barcarès.
Mais aujourd’hui ces municipalités – Qui ont voulu passer à la vitesse supérieure pour être qualifiée de »Ville » et non plus de simple « station balnéaire » – doivent porter un autre regard, plus ambitieux, en tout cas plus emphase avec la réalité.
Depuis une décennie, le département est devenu une véritable terre d’accueil qui reçoit annuellement plus de 4 000 nouveaux habitants venus de l’extérieur portant désormais sa population à bientôt 500 000 habitants, soit près de un demi-million ! Et le phénomène va en s’accentuant. Les P-O sont avec l’Hérault (Montpellier) – proportionnellement à leur taille démographique – les départements les plus attractifs de la façade méditerranéenne.

Faire pression sur les banques, les opérateurs téléphoniques…
Visiblement, nos décideurs et nos décisionnaires ne l’ont pas vu venir. Chaque année, en fin de saison, ils taillent déraisonnablement dans leurs budgets communaux, s’alignant de fait sur les politiques de l’État – Qui supprime des trains, des services publics… – qu’ils dénoncent pourtant dans les médias.
Les commerçants saisonniers, sédentaires ou pas, doivent être associés à la réflexion, car évidemment ils portent leur part de responsabilité, lorsqu’ils baissent leur rideau pendant de trop longs mois, lorsqu’ils n’ouvrent qu’une demi-journée hors-saison, lorsqu’ils ferment leur boutique à 18h (au lieu de 19h, 20h et au-delà en juin-juillet-août).
Une chose est certaine : cela ne peut plus durer ainsi. Il faut faire pression sur les opérateurs téléphoniques (pour rétablir la perception des réseaux à l’année et installer le haut-débit), sur les banques, sur les syndicats et organismes professionnels, sur les chambres consulaires, sur les collectivités locales… Il n’est plus acceptable, en 2016, de faire plusieurs kilomètres pour accéder à un DAB sous prétexte que le gros bataillon des touristes est parti lorsque, sur un seul kilomètre, en été, on en trouve 2, 3… et jusqu’à 5 !
Car à ce rythme-là, bientôt, les villages les plus éloignés de la métropole perpignanaise, ne seront plus desservis ne serait-ce que par les transports en commun sous prétexte « Qu’ils ne sont plus assez peuplés » !, et de fait ils en seront encore plus isolés.

Jean-Michel MARTINEZ

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Le front de mer …

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