1er adjoint de la Ville de Perpignan, conseiller départemental, Romain GRAU (LR/ tendance Macron) a été, le lundi 18 juin, à l’occasion du 2ème tour des élections législatives, le candidat de La République En Marche! (LREM) élu député dans la 1ère circonscription des P-O sous la bannière de la Majorité présidentielle avec 57,22% des suffrages exprimés (à partir d’un taux d’abstention record et historique frôlant les 60%).
Dans la 3ème circonscription des P-O, le tandem LREM formé de Laurence GAYTE et d’Antoine TAHOCèS (maire de Sansa) capte 59,31% des suffrages exprimés (et l’abstention s’y élève à 56,50%). Dans la 4ème circonscription, le troisième député estampillé LREM du département, Sébastien CAZENOVE, est élu avec 57,97% (et un taux d’abstention de l’ordre de 55,33%).
Là où, en 2012, le candidat socialiste Jacques CRESTA était élu avec 17 098 voix, Romain GRAU ne recueille que 14 720 voix. Mais cette différence est observable dans les autres circonscriptions des P-O, c’est l’abstention record qui plombe les résultats. Par exemple, sur la 2ème circonscription, Louis ALIOT (FN-RBM) est élu avec 20 477 voix, quand en 2012 son prédécesseur à l’Assemblée Nationale, Fernand SIRé, avait recueilli 25 689 voix.
Dès le lundi 19 juin, lendemain du second tour des législatives, Romain GRAU a remis au maire LR de Perpignan, Jean-Marc PUJOL (LR), sa démission du poste de 1er adjoint, comme la loi limitant le cumul des mandats en politique l’y oblige. Il sera remplacé par Me Pierre PARRAT (LR), actuellement adjoint à l’Urbanisme. Un choix qui est loin de faire l’unanimité au sein de la Majorité municipale, certaines voix parmi les quadras souhaitant saisir cette occasion pour imposer à mi-mandat un renouvellement qui permettrait d’installer l’équipe dans l’objectif des prochaines municipales, fixées à 2020. Parmi les noms qui circulent, ceux de Laurent GAUZE, d’Olivier AMIEL… Mais lors d’un conseil municipal privé rassemblant les seuls élus siégeant dans la Majorité municipale LR-UDI, qui a eu lieu le mardi 20 juin en soirée, Jean-Marc PUJOL a sifflé la fin de la partie et a invité toute l’équipe à serrer les rangs, à se resouder autour de la candidature de Me Pierre PARRAT, allant jusqu’à se faire menaçant vis-à-vis des élus récalcitrants, des éventuels dissidents qui se désolidariseraient de ce choix (imposé). D’aucuns affirmeront que le maire « a eu entièrement raison de remettre de l’ordre dans un petit désordre ambiant naissant« . Tous, d’ailleurs, après quelques discussions animées, se sont ralliés à son panache, sans sourciller.
Deux députés siègent au Conseil municipal de Perpignan, mais…
Quatre jours plus tard, le vendredi 23 juin, Romain GRAU annonçait également qu’il quitte la direction de l’entreprise de maintenance aérienne implantée sur l’aéroport de Perpignan Rivesaltes Méditerranée, EAS, dont il était jusqu’ici le Directeur général.
« Dès le début de la campagne électorale j’ai dit que, une fois élu, je serai un député à temps plein. J’applique ce que j’ai dit, tout simplement. Pour autant, s’agissant de mes fonctions au sein du conseil municipal de la Ville de Perpignan, ce n’est pas un abandon de la ville de Perpignan. Loin s’en faut ! Ce sera au contraire une meilleure façon de servir Perpignan dont chacun sait qu’elle est au cœur de mes préoccupations. Je serai en lien direct avec le maire Jean-Marc PUJOL, ensemble nous ferons avancer les dossiers, les projets. Pour ce qui est de l’entreprise EAS, je me situe dans le même axe. Après trois ans de travail, grâce aux équipes, très professionnelles, grâce à leur dévouement, à leurs compétences, nous avons commencé à redresser EAS. Personne ne peut le nier. L’entreprise que nous avons repris était au bord du gouffre, dans le rouge, nous pouvons être tous fiers d’avoir sauvé ce qui pouvait encore l’être. Je remercie mes associés dans la gestion et le fonctionnement, ainsi que toutes les équipes qui m’ont fait confiance. Mon mandat de parlementaire m’oblige à me retirer de la direction d’EAS afin d’éviter toute éventualité de conflit d’intérêt, car désormais je dois accompagner, aider, encourager toutes les entreprises, toutes les initiatives qui sont sur le territoire« .
Cela n’était pas arrivé depuis belle lurette : il faut remonter dans les années 90, à l’époque de Claude BARATE (alors RPR) et de Jacques FARRAN (PR), en effet, pour trouver au sein du Conseil municipal de la Ville de Perpignan deux parlementaires siégeant à l’Assemblée Nationale.
L’élection, dimanche 18 juin, lors du second tour des élections législatives, de Louis ALIOT (FN-RBM) et de Romain GRAU (LR/ La République En Marche!), respectivement dans la 2ème et 1ère circonscription des P-O, vient de ce fait redonner un sens et, surtout, du poids politique au Conseil municipal de Perpignan puisque la moitié (2/ 4) des députés des P-O y siégeront désormais.
Mais ces deux victoires électorales pour les deux élus cités ci-dessus entraînent également de leur part des démissions dans le cadre de la loi anti-cumul de mandats politiques.
Ainsi, Louis ALIOT devra se débarrasser de son mandat de député européen. C’est donc la loi et c’est automatique. C’est immédiat.
… Mais Romain Grau choisit de quitter la mairie !
Quant à Romain GRAU, en plus d’avoir démissionné de ses fonctions de 1er adjoint auprès de Jean-Marc PUJOL maire de Perpignan (les deux hommes se sont longuement rencontrés dès le lendemain matin du second tour), il a choisi de quitter la mairie en laissant son mandat de simple conseiller municipal (et par ricochet celui de conseiller communautaire à la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole), pour conserver son mandat de conseiller départemental.
Ce dernier choix est très stratégique car il donne un signal sur la suite de sa carrière politique. En décidant de laisser son mandat de conseiller municipal, Romain GRAU affiche pourtant – contrairement aux apparences – sa volonté de garder un pied ancré dans la mairie de Perpignan, avec évidemment pour objectif gagner les prochaines élections municipales, en 2020. Il est en tout cas, à ce jour, le mieux placé, le « plus solidement en marche », pour l’emporter au sein de la « droite républicaine »… Dans son entourage, parmi ses proches, on fait remarquer que le fait de choisir de quitter le conseil municipal serait « au contraire la meilleure des stratégies pour se présenter aux municipales de 2020. Il n’aura pas alors à supporter le fardeau de certains échecs locaux, tout en restant une sorte de cordon ombilical précieux entre la Ville et l’Assemblée Nationale, en lien direct avec Jean-Marc PUJOL« … C’est aussi une manière stratégique d’éviter un affrontement permanent, dans l’arène municipale, avec Louis ALIOT, pendant les vingt-et-un mois qui les séparent des prochaines élections locales. Mais à l’évidence cette décision n’a pû être prise qu’avec l’aval du maire de Perpignan, Jean-Marc PUJOL, qui continue de démontrer qu’il reste ainsi seul capitaine à bord du navire municipal ancré à la Loge-de-Mer !
J-M. M.
Les résultats du second tour
1ère circonscription : Romain GRAU (LREM) 14 720 voix (élu), soit 57,22% des suffrages exprimés (20,74% des inscrits) ; Alexandre BOLO (FN-RBM) 11 007 voix, soit 42,78% des suffrages exprimés (15,51% des inscrits).
2ème circonscription : Louis ALIOT (FN-RBM) 20 477 voix (élu), soit 50,56% (21,19% des inscrits) ; Christine ESPERT (LREM/ MoDEM) 20 025voix, soit 49,44% (20,72% des inscrits).
3ème circonscription : Laurence GAYTE (LREM) 18 506 voix (élue), soit 59,31% (22,29% des inscrits) ; Sandrine DOGOR (FN-RBM) 12 698 voix, soit 40,69% (15,29% des inscrits).
4ème circonscription : Sébastien CAZENOVE (LREM) 22 193 voix (élu), soit 57,97% (22,83% des inscrits) ; Stéphane MASSANELL (FN-RBM) 16 092 voix, soit 42,03% (16,56% des inscrits).