Estagel : au-delà du nom de la région

Plus qu'un drapeau, une âme

Depuis l’annonce de la dénomination de notre région sous le vocable « Occitanie », les écrits, les discours, les nébuleuses, les non-dits, les fuites en avant, en arrière, n’ont pas manqué. En fait, rien de très remarquable pour permettre aux Catalans de se retrouver derrière une seule et même identité. Seule, la pétition du CDC ayant recueilli des milliers de signatures est là pour attester d’un mouvement qui ne demande qu’à s’exprimer.

Un peu d’histoire.

Si l’histoire du pays Catalan est riche, multiple, diverse, parfois compliquée de par les alliances, un fait est à noter. En 1137, lors du mariage de Pétronille fille de Ramire II, roi d’Aragon, et de Raimon-Béranger IV, comte de Barcelone, les deux états conservent leurs usages, leurs coutumes, leurs monnaies. Certes, car il ne peut en être autrement, ceci est un raccourci historique. Cependant, un enseignement est à retenir. Les deux peuples, Catalans et Aragonais, ont gardé leur autonomie même s’ils étaient dirigés par un seul souverain. Le respect des uns et des autres était à l’ordre du jour. Cela se passait en 1137. En 2016, à tout prix, certains veulent écrire une autre histoire qui va à l’inverse de celle que nous connaissons, qui va à l’envers de l’esprit de tolérance du moyen-âge en ce qui concerne notre pays. Cela ne correspond pas aux aspirations des citoyens du XXIe siècle.

Le seul nom de la région ne peut suffire à notre identité

Même si celui-ci est très important, car il est question de notre identité de par le monde, il ne peut cependant pas suffire à cette volonté exprimée : « Vivre, travailler, décider au pays ». Dans ce domaine, aussi, en prenant des raccourcis, qu’en est-il de notre économie. Le tourisme, depuis des années, imposé par la finance dans notre département, a accompli son œuvre destructrice. Ceux qui n’ont que le RSA pour survivre, se comptent par milliers. De la mer à la montagne, « la mal vie » est devenue une institution plus particulièrement aujourd’hui, pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Notre agriculture est exsangue. Nous ne transformons même pas nos productions fruitières dans notre département. Notre viticulture est à la peine, malgré un discours qui se veut rassurant, mais parfois à côté du vécu.

Les emplois dans la production, sont une peau de chagrin par rapport à l’ensemble. Pour un total de 153 165 emplois en 2012, les emplois productifs (agriculture, industrie, construction ) sont au nombre de 28 132, soit 18,3 %. Cela revient à dire, que nous ne produisons pratiquement plus de matières premières alors que ces dernières sont les véritables richesses d’un pays, parce qu’elles dégagent une plus-value, source de développement.

Que faire ?

En signe de détermination, mettons notre drapeau sur nos façades
En signe de détermination, mettons notre drapeau sur nos façades

Une nécessité s’impose. Fédérer une population autour de thèmes rassembleurs. Le nom en est un, mais il ne peut pas être le seul. La preuve en est, une mobilisation que chacun, nous souhaiterions plus importante, mais qui reste en demi-teinte lorsque nous faisons l’effort d’enlever nos œillères pour bien voir la situation. Nous devons, à notre avis, parler de l’emploi, porter le fer sur l’économie de notre département, faire des propositions pour l’avenir des jeunes avec des métiers valorisants. Parler de formation, d’apprentissage de la langue sans exclusive d’âge, de l’école, qui doit rester celle de la République française, etc. Ce sont les conditions pour que demain, nos façades s’illuminent de notre « bandera », que ce combat devienne celui de toute une population. S’il en est ainsi, nul doute que les maires de nos cités vont ajouter sur les panneaux indicateurs du nom de leur ville, la mention « Pays Catalan ». Que nos maires, ajouteront nos couleurs au côté du drapeau français, européen. Ce n’est pas toujours le cas.

La mobilisation de chacun d’entre nous, avec nos possibilités, importantes ou pas, fera que les élus prendront leurs responsabilités pour relever le gant de l’indignité proposée.

Joseph Jourda