Estagel/ Agriculteurs : encore la loi de la nature, la vigne a gelé à – 5 degrés.

A cette température négative, les jeunes pousses de la vigne ne résistent pas.

L’angoisse a fait place au désespoir. Depuis 4 heures du matin, les vignerons d’Estagel et de tout le secteur sont mobilisés. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les dégâts ne sont pas tous connus. À notre connaissance, ils sont très importants. Jusqu’à 100 % de la récolte perdue sur certaines parcelles.

C’est ainsi que Jérôme devait nous donner une première estimation. Il est un jeune vigneron installé depuis 7 ans cette année. Sur toute cette période, une seule récolte normale : celle de 2019. Les années se succèdent et se ressemblent, sommes-nous tentés de dire. Elles se succèdent dans la désespérance.
En 2020, le mildiou a été de la partie. 2018, encore le mildiou. 2017, le gel, 2016, la sècheresse, 2015, le gel à 50 %. Comment résister à tous ces aléas sans un dose hors norme de courage, de sang-froid, de volonté indestructible de continuer ce métier tellement ingrat, lorsque la nature en rajoute.

Des hectares de vignes où la récolte est perdue


En ce matin du 8 avril 2021, Thierry Feuerstein, président de la cave de Rasiguères, était sur le terrain avec ses amis. Il n’avait pas trop d’éléments pour le territoire de sa cave, mais aucune illusion ne se lisait sur son visage qui restait impénétrable tant l’émoi, semblait le submerger.

Le groupe de vignerons pose pour la postérité


Les nouvelles devaient arriver des quatre coins du Fenouillèdes. Ainsi, Romain, ce jeune vigneron de Vingrau, devait nous dire que la plaine autour du mas de l’Alzine en allant à Tautavel, avait subi la morsure irrésistible de cette nuit de gel.
Sur les hauts de Montner également, les bourgeons devenus noirs, qui avaient atteint les 10 centimètres, réduisaient à néant les espoirs d’une récolte normale.
Nous apprenons aussi, que des coins devraient être épargnés et c’est tant mieux.

Benoit au premier plan avec son père Franck, constatent les dégâts.



Que faire ?

Devant autant de désarroi que faire ? La toute première intention devrait venir de la part des élus, pour apporter le soutien inconditionnel à la profession. Ce serait déjà cela de fait.

Le vignerons ne peuvent que constater l’étendue des dégâts.


Ensuite, une estimation plus approfondie devrait être ordonnée pour connaître au plus près la réalité.
Bien évidemment, certains vignerons sont assurés contre le gel étant donné qu’il est un risque assurable. Mais les autres ?
La question mérite d’être posée. Lorsque l’Etat, apporte son soutien à coup de milliards à de multiples entreprises dans cette période de pandémie, pourquoi pas pour nos vignerons ? L’exemple de ces derniers jours, pour aider Air-France, à hauteur de 5 milliards, est significatif.
L’économie vigneronne, vaudrait-elle moins que celle des affréteurs dans le domaine de l’aéronautique ? La vie des travailleurs de la terre, des paysans, de leurs familles, serait-elle moins noble, moins digne d’intérêt, que celle d’autres contribuables ?

Comment se protéger contre le gel ?

Certes, des techniques existent, mais souvent, elles sont trop onéreuses pour être utilisées surtout en cette période difficile économiquement pour la profession. Reste les vieilles méthodes que les vignerons n’utilisent plus, par respect pour ceux qui s’inquiètent de l’écologie. Ces méthodes anciennes, étaient certes polluantes, mais efficaces.

Les bourgeons noircis par le gel.


Si, dans une telle situation la solidarité doit primer, il serait normal que les écologistes viennent sur le terrain apporter leur solidarité et aident les vignerons à trouver des solutions.
Mais pour le quart d’heure, il vaut peut-être mieux qu’il s’abstiennent, car bon nombre de paysans ce matin, n’étaient pas contents, mais pas du tout, devant les mesures dictées par les écologistes aux gouvernants. Mesures qui trop souvent à leur goût, viennent mettre en péril leurs exploitations, mais aussi leurs caves particulières et coopératives.
Joseph Jourda