Le passé, le présent, le futur. Ainsi pourrait se résumer la visite de Pierre Contet aux caves particulières de notre village.
Le passé pour l’expérience ; le présent pour le travail, la mise en application de ses ambitions ; le futur pour l’espoir, la joie du travail bien fait, la mise en application de ses rêves. C’est cette déclinaison de la vie conjuguée à plusieurs temps, à plusieurs modes, que nous retiendrons de cette rencontre avec des vignerons indépendants après celle effectuée à la cave coopérative.
Lionel et Benoît
Le premier a déjà « de la bouteille », sans jeu de mots. Le second, fraîchement installé et sachant pouvoir compter sur l’aide efficace de ses parents. Tous deux, amènent la vendange au même quai de réception, occupent le même espace le temps de la vinification, ont fait les études correspondantes au choix de leur métier. Le chai, ce sont les parents et grands-parents respectifs qui en ont fait l’achat. Il continue de jouer son office. De leur propos, hier, le problème de la vinification était bien moins compliqué. On élaborait des vins et ils étaient mis à la vente. C’est autrement plus complexe, plus prenant, mais aussi plus qualifiant aujourd’hui. Il faut composer des vins qui vont être dégustés, comparés, surveillés par des connaisseurs, appréciés ou pas. Dans le même temps, cela laisse la place à l’expression individuelle de chacun, à la part de rêve, à la volonté d’assembler des produits qui feront d’abord le délice des producteurs.
Reste ensuite la mise en marché et chacun de choisir sa destination, son orientation. De choisir les lieux d’interventions, suivant ou les dirigent leur analyse individuelle de la situation économique, celle des marchés, de leur vision de ce monde de plus en plus complexe.
Jean Michel et sa passion
Il a beau s’en défendre, argumenter pour montrer que tous ses efforts ont un but, celui de mettre le pied à l’étrier de son fils ayant fait, lui aussi, les études adéquates, il n’en reste pas moins qu’il faut une énorme dose de passion pour entreprendre et réaliser l’objectif fixé. Cet objectif est de mettre en place une cave toute neuve, s’intégrant parfaitement à l’environnement. Les choses n’ont pas étaient simples. Il a fallu lever tous les interdits, tous les à priori, les réticences incompréhensibles parfois, de ceux qui donnent les feux verts pour les constructions. Enfin, la cave est quasiment prête, sera inaugurée en juin-juillet 2016. C’est finalement sur la commune du village voisin qu’elle a vu le jour. Dommage pour notre cité qui aurait pu montrer ainsi un certain dynamisme lié à notre seule économie. Un certain dynamisme montrant l’inaltérable volonté de croire en la vigne et au vin. Sans cette volonté, c’est le renoncement, l’abandon de toute une culture. « Le baisser les bras » contre lequel il faut lutter, se battre et convaincre qu’il est possible de faire autrement.
Il est à noter que les ventes de cette unité de production se réalisent à l’export, plus particulièrement en Chine, Thaïlande, Belgique. Sur les divers salons aussi, que Jean Michel et son épouse connaissent pour les pratiquer d’une façon assidue tout au long de l’année. Là, il faut vraiment une sacrée dose de courage, de détermination et surtout, ne pas compter sa peine.
Faire confiance, aider l’esprit d’entreprise, faire converger les efforts
C’est ainsi que Pierre Contet devait définir l’orientation qui devrait elle celle de tous les intervenants dans notre village, mais aussi dans notre département. Évidemment, pas uniquement en direction des caves particulières, mais aussi en direction de la coopération. Toutes ces entités ont en effet un lien commun : l’économie de notre cité.
Les particuliers rencontrés, sont surtout amers envers les politiques qui d’après leurs dires, ne font pas les efforts nécessaires pour être disponibles. Franchement en phase avec le monde viticole. Comme devait le confier l’un d’entre eux, nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous ne pouvons compter que sur nous et personne d’autre.
Dans son expression, Pierre Contet devait montrer qu’effectivement, les politiques ont un grand rôle à jouer pour impulser, coordonner, faire en sorte que les intéressées se rencontrent, discutent, réfléchissent et agissent ensemble. Ils sont un moteur indispensable. Cela se passe ainsi dans grand nombre de régions viticoles, ou du curé au maire, en passant par le président de l’équipe de rugby, tout le monde œuvre dans le même sens. Ils lèvent ainsi l’impasse de la concurrence mortelle entre voisins ayant les mêmes besoins, les mêmes intérêts, les mêmes espérances.
Pour ce qui nous concerne et plus particulièrement pour la vallée de l’Agly et du Fenouillèdes, cela semble ne pas être la décision, l’orientation prise. En effet, Monsieur le Maire de Maury, fraîchement élu au Conseil départemental, a en charge, pour cette instance, la culture. Cette décision est à méditer tant elle nous paraît éloignée de la préoccupation essentielle du monde viticole de notre coin du département.
Oui, des dirigeants de la cave, aux responsables des structures particulières, nous avons devant nous, des hommes, des femmes de conviction, aimant leur noble métier de vigneron. Ils y croient dur comme fer. Ils ont raison.
Leur courage, leurs efforts seront-ils récompensés ? Ne seront-ils pas déçus par toute une vie, pour plusieurs générations, d’un engagement sans faille pour l’économie première ? C’est très certainement à eux de répondre à cette question, en continuant d’être persévérants, opiniâtres. En continuant d’être des citoyens aimant leur métier, leur région, leur village.
Mais n’en doutons pas, c’est aussi la responsabilité des politiques, chacun à son niveau, de prendre le taureau par les cornes, de prendre les bonnes décisions pour que la vigne et le vin continuent d’avoir un avenir certain.