C’est en utilisant un lieu chargé d’histoire du village, que devait être interprétée la pièce de Brecht. Ce lieu, la place de l’église, mais aussi place Francisco Ferrer, ou est situé le centre Louis Aragon. Compliqué tout cela ? Pas autant que l’apparence souhaiterait le laisser supposer.
Nous en sommes persuadés, Brecht aurait eu plaisir à écrire une pièce de théâtre en s’inspirant de ce triptyque ou se retrouvent dans la vie, les philosophes, les ouvriers, et en extrapolant un peu, les dramaturges et les comédiens.
Un questionnement sur la place du spectateur
C’est l’idée essentielle qui est développée tout au long de la mise en scène. En fait, le comédien parle au public, mais quelle est la place du public ? C’est ainsi, que la pièce est déjà commencée sans que les spectateurs en soit réellement averti. Dans le même temps, les ouvriers du spectacle, qui ne sont autres que des acteurs, sont à la recherche du « patafix » ou autre chaise encore, pour parfaire l’ensemble.
C’est ainsi qu’est évoquée la volonté de voir une approche consciente et nécessaire entre ceux qui font le spectacle, les comédiens, les ouvriers du spectacle et le public. Malgré ce que nous pourrions supposer comme étant des « coups de gueule forts » dans la composition, c’est bien une invitation à l’ouverture d’esprit, au dialogue, à la réflexion, à laquelle nous sommes invités par les textes dans cette réalisation. L’œuvre de Brecht s’en trouve ainsi représentée de la meilleure manière, en associant le théâtre au monde ouvrier, pour aller plus loin dans l’instruction de ce dernier.
Nous laissant prendre au jeu, nous finissons par croire que ceci pourrait ne pas être une fiction tout en nous montrant la vérité de la réalité.
La pièce se termine par un vibrant appel de cette jeunesse sur scène, à changer le monde, car il en a bien besoin.
Tout avant cette fin raisonnée, les cloches de l’église avaient sonné l’angélus de 18h 55. Ceci, sous la bienveillance des acteurs et d’un public attentionné, nous rappelant peut-être, qu’il n’y a qu’un pas à franchir entre le mythe et la réalité.
Le Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR)
Il est animé aujourd’hui, par un puissant souffle de la jeunesse. Ils n’étaient pas moins d’une bonne vingtaine sur les planches à Estagel. Ainsi, le conservatoire de Perpignan participe activement à la formation de comédiens, d’acteurs. C’est incontestablement une bonne chose pour notre département. Mais la jeunesse a besoin d’espace, de liberté. Ces jeunes gens étaient donc en représentation autonome, sans leurs professeurs. Il n’en reste pas moins, que Charlotte Seigneux était présente par la pensée avec ses élèves. Sans conteste, cette présence était parfaitement ressentie. L’évocation de son travail à la fin de la représentation atteste de nos dires.
Et le souffle de la jeunesse qui par définition ose, laisse libre cours à la création. Qu’espérer de plus sinon que les moyens soient attribués pour continuer dans cette voie ouverte ?
Joseph Jourda