Dans la nuit du 7 au 8 avril dernier, une forte gelée devait venir compromettre la récolte 2021 de nos vignerons dans la vallée de l’Agly plus spécifiquement peut-être, mais aussi dans tout le département. La première émotion passée, les premières dispositions prises pour attirer l’attention en vue d’indemnisations futures, l’heure est à celle des comptes, d’approfondir tous les problèmes, les préjudices.
En véritables experts qu’ils sont, ceux qui toute l’année ont leur tête dans les ceps, vérifient inlassablement l’état de leurs vignes. Le moral n’est pas au beau fixe. Est-ce que des bourgeons vont réapparaître ? Est-ce que la vigne survivra ? Quelle sera la perte de fond, c’est-à-dire de ceps à remplacer ? Quelle perte de récolte pour les années à venir ?
Le moral dans les chaussettes ?
Certes, le moral n’est pas au mieux de sa forme. Mais les vignerons, ne sont pas des gens à s’en laisser compter. De génération en génération, ils en ont vu d’autres. Chaque fois, ils ont relevé la tête. Chaque fois, ils ont relevé les manches. Chaque fois, ils ont gagné le défi. Gageons qu’il en sera de même cette fois-ci encore.
Cela ne les empêche pas de faire leurs comptes. Ils sont inlassablement, jour après jour, dans leurs vignes pour constater l’état des ceps. Pour constater les dégâts, qui jusqu’à aujourd’hui, n’étaient pas perceptibles.
Rien de trop réjouissant à les entendre dire.
Une végétation alarmante en ce mois de mai
En effet, en ce début de mois de mai, la végétation semble être celle du mois de janvier. (voir notre cliché). Les bourgeons ont du mal à faire une autre réapparition. S’ils arrivent à réapparaître.
Ce qui immanquablement, ne cesse d’alarmer les professionnels de la vigne. Si les bourgeons ne poussent pas, cela voudra dire que le cep devra être changé. S’ils reviennent au bas du pied de vigne, il faudra refaire la souche.
Dans les deux cas, il faudra attendre dans la meilleure situation, quatre années avant de cueillir à nouveau des raisins, de refaire une récolte. Quelle sera la perte de fond, la perte de ceps ? 10-15-20 % ? Nul ne le sait encore précisément. Cela veut dire, autant de perte de récolte sur quatre ans.
Sans compter le travail à fournir en surplus de celui qui est la norme. Sans compter les maladies qui ne manquent pas de se propager dans de telles situations, sans les produits vraiment efficaces pour éviter les recrudescences. La protection de la nature et du consommateur oblige.
Un mois après la catastrophe
Voilà donc résumée la situation sur les exploitations un mois après le gel de la nuit du 7 au 8 avril dernier. Que cela soit le mode de production, en cave particulière ou cave coopérative, les vignes sont toutes dehors et la situation est la même. C’est l’équilibre déjà fragile de toute une économie qui est en danger. La solidarité nationale doit être réellement effective, puissante, adaptée au véritable séisme vécu.
D’autre part, si chacun s’accorde à dire, que les annonces d’indemnisation sont insuffisantes, il n’empêche qu’elles existent, que les vignerons, les agriculteurs, attendent qu’elles soient équitablement réparties. C’est à cela que des vignerons ont décidé de s’investir dans l’immédiat, avant que d’autres prises en compte soient effectives. Par exemple, la perte de fond comme nous venons d’essayer de l’expliquer, lorsque tous les méfaits de la dernière intempérie auront été répertoriés, analysés.
En conclusion et à l’écoute des vignerons de la vallée de l’Agly, nous pouvons dire, il nous semble, que la viticulture est en grand danger. Que le fleuron économique du département mérite l’investissement de tous pour le préserver. Que notre patrimoine doit être enfin protégé en reconnaissance de sa juste valeur.
Le patrimoine représenté par la vigne, mais en corollaire, celui de la coopération aussi, dont le nouveau nom est celui de : structures coopératives.
Et notre regard se pose sur les emplois représentés sur l’ensemble de la profession !
Courage amis vignerons !
Joseph Jourda