C’est le mot qui vient à l’esprit lorsque que l’on voit les centaines de motards en mouvement autour du rond-point du cadran solaire. Ceci d’autant, que les tracteurs des vignerons de la vallée de l’Agly sont déjà en place près à accompagner le mouvement. Les Gilets Jaunes, sont toujours plus nombreux.
Mais laissons la parole à Denis Pigouche, notre vaillant président départemental du syndicat des vignerons : « La température étant toujours aussi élevée, le paracétamol ne suffisant plus, il va falloir passer aux opiacés (dérivés de l’opium)». Nous croyons avoir compris que la température allait encore monter d’un cran.
Le peuple est dans la rue.
Si certains peuvent en douter encore, ceux qui vivent au quotidien le développement de ce mouvement en sont convaincus : notre pays vit des moments historiques.
Les vignerons de la vallée de l’Agly l’ont bien compris. Pour eux, c’est la période où ils passent les ceps un après l’autre. Pourtant, ils n’ont pas hésité à abandonner leurs ciseaux de taille pour prendre les commandes de leurs tracteurs et faire mouvement vers la sortie de l’auto-route nord. Accueillis avec enthousiasme par les participants en cette heure matinale, leur joie d’être dans le mouvement, pouvait se lire dans leurs yeux. Le regard de ces hommes, si durs à la tâche, mais finalement si sensibles à une démonstration d’amitié, était un véritable réconfort pour tous ceux qui savent regarder. Ils étaient heureux d’être du nombre, avec les leurs, leurs amis, leurs voisins.
À la suite de cela, ceux qui n’ont de cesse de dénigrer le monde paysan, vont avoir un peu plus de mal pour continuer leur sale besogne. C’est notre sentiment le plus profond.
Mais ils n’étaient pas les seuls de la vallée de l’Agly. Les Tautavelois étaient également en nombre tout comme les Saint-Paulais, de Montner aussi et d’autres certainement, que nous n’avons pu dénombrer, venus de différents villages. C’est en ce sens que le mouvement va en s’amplifiant. La mobilisation gagne les cités du monde rural.
À quand le positionnement de nos édiles municipaux qui n’ont pas encore donné, pour la grande majorité d’entre eux, un quelconque signe de soutien ou pas ? Les municipales de 2020, les obligeraient-elles à un droit de réserve ? Nous pensions que ce droit, tout à fait légitime, n’était une obligation que pour les fonctionnaires et surtout pas pour les hommes politiques.
Avec toujours les mêmes revendications.
Dans la semaine, les retraités occupent le terrain. La fin de semaine venue, les actifs prennent le relais. Des jeunes qui, comme de vieux militants syndicalistes, mènent le quadrille. Sans une fausse note, sans une seule tension, ni dans leurs propos, ni dans leurs actes. À regarder les forces de police présentes en nombres en ce samedi matin, ces dernières sont un tant soi peu désarçonnées par ces attitudes responsables. Nous en sommes persuadés, et nous avons un peu d’expérience dans ce domaine.
Nous le redisons encore une fois, ce mouvement, n’a aucun chef, ni grand, ni petit. Ni parti politique pour l’encadrer, ni syndicat pour formuler les revendications. Les gilets jaunes n’en veulent pas.
C’est ainsi que nous retrouvons David Drilles venu rejoindre ses amis vignerons.
Claude Carles, était également du nombre et rencontré dans le rassemblement. Ce grand gaillard, aux cheveux grisonnants, condamné à de la prison parce que Gilet Jaune. Pourtant, il n’a vraiment rien d’un terroriste. Plutôt celui d’un père de famille apprécié par tous.
Et toujours les mêmes revendications qui arrivent en fin des discussions qui ne manquent pas de s’instaurer. Un pouvoir d’achat pour tous, permettant de vivre dignement, le retour de ISF pour en finir avec le mépris des dominants, les pensions des retraités revalorisées pour vivre la dernière période de son existence dans la sérénité à la suite de toute une vie de travail.
Nous pouvons penser, en ce début décembre 2018, qu’un immense chantier est ouvert pour les chercheurs en sciences humaines. Un immense chantier de recherche, pour la prochaine décennie.
Joseph Jourda