Il n’est pas rare, tous les jours, soit dans la matinée, soit les après-midi, de voir sur le site du cadran solaire, des habitants du Fenouillèdes. Évidemment, la présence est plus nombreuse et d’avantage diverse, les fins de semaines.
Des hommes, des femmes qui depuis des lustres, ne s’étaient rencontrés, expriment leur joie de retrouvailles aussi espérées qu’inattendues. Et c’est sur le terrain de la contestation, de la revendication, de la concertation aussi, que cette vie riche, emplie de certitudes grâce à la lutte, s’exprime, se déverse comme un torrent impétueux, déversant son flot trop longtemps refoulé. Ce torrent semble capable de renverser tout sur son passage, et surtout les idées préconçues.
La richesse dans la diversité
Car c’est bien de cela dont il est question. Ces hommes, ces femmes, souvent méprisés, ce peuple dans sa diversité, exprime tous les jours, son ras-le-bol de vivre une vie de misère, d’incertitude, d’angoisses devant des lendemains qui ne brillent plus. Mais tous, ont le courage de rire, de plaisanter, d’exprimer leur joie d’être libres dans leurs expressions, dans leurs comportements. Toutes ces femmes, tous ces hommes, ont retrouvé leur liberté, balayant du même coup, toutes ces pressions qu’ils subissent devant un supposé emploi, un supposé avantage qui pourrait leur être accordé alors qu’il n’est qu’un simple droit. Ces hommes et ces femmes, avancent libres, fraternels, égaux. Leur revendication : vivre dignement du fruit de leur travail, vivre dignement leur retraite bien méritée.
Les organisations rejoignent le mouvement.
Certes, le mouvement veille toujours à la non-récupération politique ou syndicale. Sans chef, grand ou petit, il continue de fédérer autour de revendications qui tous les jours s’expriment un peu plus clairement. La principale étant la question du pouvoir d’achat sous toutes ses formes, pour toutes les catégories sociales. Ce n’est pas la proposition de l’augmentation du SMIC, façon gouvernementale, qui va satisfaire le mouvement et clore le débat lancé. Nos gouvernants auraient tord de le croire. Ils ne pourront pas régler le problème avec quelques aumônes.
Depuis quelques jours, au rond-point du cadran solaire, les avancées des diverses organisations, sont discutées, appréciées à leur juste valeur. Le regard porté est toujours celui de l’observation, de la prudence. Rien de plus normal pensons-nous.
Des positions des partis politiques, à celles des syndicats, des élus à tous les étages, trop peu nombreux d’après les discussions émises, tout est commenté, passé au crible de la réflexion sereine, souveraine.
Des syndicats agricoles, de la FDSEA, à la coordination rurale, en passant par le Modef, à certains syndicats de salariés, chacun avec ses propositions, ses revendications, tous, entrent peu à peu dans l’action. Une mention particulière toutefois, pour le syndicat des vignerons placé sous la houlette de son président Denis Pigouche qui, dès la première heure a saisi la nécessité du « tous ensemble ». Ce sont aussi les camionneurs, des syndicats des forces de l’ordre, les étudiants etc, qui rentrent dans l’action, chacun avec leurs particularités, leurs richesses. Mais dans la population, celle qui n’est pas présente sur les lieux de ralliement pour de multiples raisons compréhensibles, des propositions naissent. Comme celle d’indexer le prix des loyers sur les revenus et non sur la situation géographique.
Tout passe par le filtre de la discussion
Toutes ces approches sont regardées à la loupe par cette élite qui se retrouve dans les ronds-point. Car évidemment, l’élite de la nation, elles est là et bien là et non dans les bureaux lambrissés, climatisés où l’anesthésie générale a pollué, depuis trop longtemps l’ambiance.
Un monde nouveau est en train de naître. Tant pis pour ceux, qui ayant peur de perdre leurs petits privilèges mesquins, resteront sur le bord de la touche.
L’heure des changements à sonné. Les citoyens courageux, et ils sont incontestablement une majorité sont là, sur les ronds-points, sur les places des villages, sur les bancs réservés aux « sénateurs ». Les autres, tous les autres, sont attendus avec impatience.
Nous en sommes persuadés, leur arrivée sera saluée, à condition que chacun reste à sa place dans le respect de l’autre, dans le respect de cette grande diversité.
Joseph Jourda