Malgré l’arrêté préfectoral empêchant toute manifestation, les Gilets jaunes du rond-point du cadran solaire ont bravé l’interdit avec le courage, la détermination qui les caractérise. À son habitude, Denis était le premier au rendez-vous en ce samedi 29 décembre. Une étape de plus vers l’élargissement de la contestation, au gouvernement et à sa politique.
Chacun aurait pu penser que les fêtes de fin d’année, ou la trêve est devenue synonyme de farniente quasi-obligatoire, auraient pu sonner le glas de la mobilisation. Il n’en est rien. Cela s’est vérifié sur place et les nombreuses discussions viennent confirmer.
Une structuration en marche
Comme à l’accoutumée, les Gilets jaunes de la vallée de l’Agly, du Fenouillèdes, sont venus grossir les rangs des habitués de la semaine. Pour certains de ces derniers, ils sont devenus les incontournables du site. Reconnus par les automobilistes qui passent quotidiennement, ils ont droit aux coups de klaxon en signe de bonjour, d’amitié aussi et de reconnaissance surtout, dans la fidélité aux engagements pris par le mouvement : « On ne lâche rien ».
Si cette volonté reste intacte, elle s’enrichit aujourd’hui de celle de vouloir structurer le mouvement. Cette phase, à notre connaissance, est déjà bien avancée. Les statuts de l’association étant déposés en préfecture, pour ce que nous en savons. La réunion en vue de former le Conseil d’administration étant fixée au 6 janvier dès 9 h à la salle Carrère à Cabestany.
Évidemment, ce développement important, à donner pour la suite des événements, est le centre de toutes les discussions en ce samedi. De groupes en groupes, formés à l’improviste sur le site du cadran solaire, les propos parfois, divergents sur certains aspects, mais sont unis dans la même volonté : être efficace face à un gouvernement qui ne semble pas vouloir écouter la colère légitime d’un peuple, de toute une société en souffrance. Et oui ! Sur les ronds-points, c’est bien à un concentré de toute la société avec laquelle nous avons rendez-vous. Rendez-vous, que certains semble avoir décidé de manquer.
Les muets de la République
C’est la dénomination qui est donnée par beaucoup de Gilets jaunes, aux premiers édiles de nos communes de notre département. Effectivement, à uniquement quelques exceptions prêt, dont le maire de Cabestany qui montre son engagement, la grande majorité des maires reste muette, sourde, aveugle. À l’exemple de celui d’Estagel, (ex PCF aujourd’hui divers gauche), qui n’a pas vu le rassemblement en préparation sous son balcon, dans le village dont il a la première responsabilité. En effet, le vendredi 23 novembre, les vignerons du village et ceux des alentours, rejoints par des habitants, ont décidé de s’allier aux Gilets jaunes en ralentissant la circulation à l’entrée de la cité.
Comment nos maires vont-il faire pour s’impliquer dans la volonté du président de la République ? Rappelons que ce dernier, lors de son allocution, à exprimé son désir de les voir prendre la responsabilité de la grande concertation au plus près des citoyens. Cette dernière est prévue en début d’année. Les heures sont donc comptées. Comment se positionneront-ils par rapport aux Gilets jaunes. Pour eux, contre eux ? Se contenteront-ils de jouer le rôle de fonctionnaires zélés au service de l’Etat ?
Une chose est certaine. Les Gilets jaunes sont attentifs aux positions des uns et des autres. Les discussions montrent qu’ils ne s’en laisseront pas compter. Ils en ont assez de voir ceux qui devraient être à leurs côtés dans ces durs moments, tergiverser et rester muets.
Un questionnement nouveau est à noter dans les discussions. Il porte sur le rapport avec les gouvernants. Ces derniers étant des hommes politiques, les rapports ne pourraient donc être que politiques.
Un état d’esprit nouveau qui demande à être suivi avec attention dans les prochains jours.
Joseph Jourda