Il s’agissait pour les Gilets jaunes, de remettre le débat national, au plus près de la réalité, c’est-à-dire au plus près du peuple. S’il est une première, elle est d’avoir vu et entendu des vignerons s’exprimer sur leurs exigences.
Il est certes plus aisé de dialoguer, d’épiloguer sur un monde futur dans les salons feutrés, que devant une assistance d’une bonne centaine de participants, motivée par la même intention : changer la donne pour notre pays. Il est plus aisé, de refaire l’univers, dans les bureaux lambrissés agrémentés de la clim réversible. Sur le terrain, c’est une lutte pour convaincre du bien-fondé du mouvement, du bien fondé de sa continuation, de sa légitimité pleine et entière dont-il est question ; d’actions futures.
Les paysans au premier plan des exigences
À Estagel, il ne pouvait pas en être autrement. À la suite de l’introduction au débat d’un Gilet jaune, Michel devait intervenir avec les exigences des vignerons d’Estagel et de la vallée de l’Agly. Ainsi a-t-il pu évoquer la situation des vignobles à forte pente et la disparition programmée du glyphosate. À ce sujet, Michel devait être précis. « Il faut que les vrais pollueurs, les grosses firmes, qui ont joué avec notre santé et celle des consommateurs, mettent la main dans leur bourse emplie des milliards de profits réalisés sur notre dos ».
Bien sûr, il devait évoquer la question du revenu, des retraites de misère du monde paysan et des pensions de réversion ; de l’Europe et de ses conséquences. Il devait évoquer également la situation de l’environnement et donc de l’écologie. Thème qui devait être repris par une participante au débat. Enfin, il devait préciser avec force, la nécessaire remise en place de l’ISF et de l’arrêt de la fraude fiscale. Denis Pigouche, que nous ne présenterons plus, devait vite intervenir pour conforter son ami vigneron, préciser certaines revendications et les assurer de son entière implication à leur côté.
La présence des co-fondateurs du mouvement
En effet, Christophe Darmes, Christian Thuillier, Félix Wilhem ont tenu à être présents à cette première. Il s’agissait pour eux de montrer que le mouvement était en train de surmonter quelques difficultés, dans l’intérêt commun de tous ceux qui veulent que les choses changent en profondeur dans notre pays. Ils ont aussi affirmé leur attachement à la réalité du terrain qui consiste à mettre de côté les divergences pour voir les moyens pour construire l’unité. De prendre en compte enfin, que les différences sont une véritable richesse pour peu que nous sachions les mettre en valeur.
Chacun leur tour, et dans la plus grande sérénité, ils ont su apporter des réponses aux questions qui ont fusé tout au long de la soirée, sans pour autant, à aucun moment, donner l’impression de posséder la science infuse. Voilà un bon point qui montre que les co-fondateurs du mouvement dans les P.O, veulent définitivement rompre avec la vanité, le mépris dont est encore porteuse la caste dominante ou qui croit l’être.
Dans la salle, des questionnement, des propositions d’action
Hélène, vigneronne en cave particulière, devait faire part des multiples difficultés rencontrées et ainsi rejoindre les premiers propos de Michel. Elle devait ramener la discussion sur les actions possibles qui pourraient être mise en place pour aller dans le sens des Gilets jaunes.
Nous noterons la présence de quelques militants communistes. Les propos d’ordre général évoqués par leur premier responsable dans la vallée de l’Agly, ne devaient pas convaincre et nous semble-t-il, être hors sujet. C’est d’action sur le terrain, sans devoir refaire le monde à tout moment, dont ceux qui souffrent des pires nuisances dues au pouvoir de l’argent, ont besoin.
Une inquiétude des membres du PCF, était de ne pouvoir être présents d’une manière plus régulière dans le mouvement, sur les rond-points. L’ambiguïté a était levée par Christophe. « Vous revêtez le Gilet jaune et il n’y aura pas de problème. » La réponse, en trois mots, a été claire.
À souligner toutefois, que les militants communistes présents, n’aiment pas que l’on aborde le problème des maires. Allez donc savoir pourquoi ? Ils sont tout de même, le premier échelon de la vie politique de notre pays. La responsabilité leur incombe d’être clairement du côté de leurs administrés, d’être contre, ou alors de continuer à tergiverser comme il est malheureusement le cas encore trop souvent. Mais l’important, lundi en fin de journée, n’était-il pas de voir des Gilets jaunes et des militants communistes assis autour de la même table ?
Pour conclure, nous dirons qu’un pas vient d’être franchi dans la cité de François Arago dans le sens de continuer à construire le mouvement en bas, avec toutes les composantes de la société.
Nous attendons les prochaines actions dans la vallée de l’Agly, actions que nous continuerons de relater dans nos colonnes.
Joseph Jourda