Les sardanistes du village et des environs, avaient des fourmis qui rongeaient leurs jambes. En effet, depuis le début de la pandémie, ils n’avaient pu organiser de rencontres sardanistes. Sécurité sanitaire oblige ! En ce dimanche 20 février, à 15 h, au gymnase d’Estagel, cette anomalie de l’histoire a été réparée.
Sous l’égide d’Agnès, la présidente, le Foment Sardaniste du Fenouillèdes et d’Estagel, qui compte une trentaine de membres, avait donné rendez-vous ce dimanche, à ses amis, mais aussi au large public amoureux de la musique des coblas et de cette danse mythique en pays catalan : la sardane.
Ils sont venus nombreux.
Ainsi, Rose-Marie de Tautavel, André de Bélesta, Gilles de Perpignan, Alberte de Peyrestortes, sont-ils venus accompagnés de leurs amis, se retrouver dans cette ambiance toute particulière, qui vous plonge dans le passé d’un pays catalan toujours debout et revendiquant son identité. Bien évidemment, les deux Josette d’Estagel, Jean-Marie et tous les autres, étaient également de la ballade. Mais la sardane, ce sont aussi des moments passés entre amis ou l’amitié et la convivialité sont des règles jamais démenties. La confection de bougnettes, est un de ces moments.
Et on étire la pâte !
Qui ne connaît pas ce gâteau ? La pâte levée, il faut à présent passer du temps à l’étirer sur le genou, jusqu’à la rendre la plus large et la plus fine possible.
Cette méthode ancestrale est celle de nos anciens qui ont su transmettre au fil des âges, l’art de confectionner la bougnette. Dire que c’est un gâteau, finalement, n’est pas juste. C’est un don venu de loin, ou se mélange la finesse, le croustillant, un léger parfum et ce goût du sucre si particulier lorsqu’il est épandu avec parcimonie. Confectionner 7 – 800 bougnettes, n’est pas une mince affaire, même si cela se passe dans la bonne humeur. Elles devaient être vendues ce dimanche à l’occasion de la ballade.
La cobla les « Tres Vents »
Détenant le prix de la super sardane de l’année pour la dernière édition, c’est cette cobla qui devait assurer une prestation particulièrement réussie, pour accompagner les danseurs. Composée de 12 membres, elle rayonne dans tout le sud de la France, de Toulouse à Marseille. Menant une grande activité, il va s’en dire qu’elle officie également en Catalogne du Sud. C’est son directeur, Olivier Marquès, qui devait nous préciser que les prestations de la cobla sont nombreuses, car des Catalans, « il y en a partout ». Voilà, tout est dit !
La première sardane, elles devaient être au nombre de sept, intitulée « Pare Passejat » de David Pigassou, devait être dédiée à Jean-Marie Lavenant aujourd’hui disparu. Ce dernier en effet, a consacré une grande partie de sa retraite à tout faire pour prodiguer conseils, aide et amitié à tous les amoureux de cette noble dame : la sardane.
C’est que cette dernière revient de loin.
Le géographe grec Strabon (1er siècle) cite une danse en rond en tant que danse d’offrande à la Lune instrumentée par les Ibères qui occupaient la partie occidentale du littoral Roussillonnais, sans toutefois qu’aucune filiation ne puisse être établie, tant les danses en rond de la Méditerranée antique étaient nombreuses.
La sardane actuelle est née, au milieu du XIXe siècle, sous l’impulsion d’un musicien de Figuéras nommé Pep Ventura et du chorégraphe de Toroella de Montgri, Miquel Pardas.
Si, comme le regrette Agnès, la présidente, les jeunes manquent un peu dans les ballades, pour notre part, nous pensons qu’ils y viendront, l’âge avançant, pour rejoindre les pas de leurs ainés, car la sardane est ce lien qui unit les générations dans cette volonté inaltérable : faire vivre un peuple.
La prochaine ballade sera organisée par la colle Canigonenca à Perpignan. Elle sera composée de 9 sardanes de 7 tirades
Rendez-vous donc le dimanche 6 mars à 15 h au gymnase Marcel Pagnol chemin du Sacré Coeur.
Joseph Jourda