Il se tient le vendredi à la promenade des platanes de son vrai nom, « place du Général de Gaulle ». C’est le jour de la semaine où Mathilde est sûre de rencontrer Germaine. Ou encore, Michelle est certaine d’embrasser son ami Sarah. Il est incontournable et indispensable dans la vie au quotidien des Estagelloises et des Estagellois.
S’il est un moment de la semaine important pour la patrie de François Arago, c’est bien le jour du marché. Allons à la rencontre des commerçants ambulants.
Dés l’aube, l’installation des étals
Pour les lèves tôt du village, les amateurs du café sur le coin du bar, c’est devenu un rituel tout au long de l’année. Ils voient les fourgons passer sur la place, et prendre la direction de l’emplacement du marché. Quelques instants plus tard, après avoir rangé leurs véhicules, nos commerçants viennent à leur tour déguster le petit noir matinal. C’est l’occasion des premières rencontres, des premiers bonjours amicaux, des premières poignées de main pour ceux qui sont devenus de vielle connaissances.
La journée peut commencer.
Les fleurs occupent une place de choix.
Certes, pas de marché à grand spectacle ou les bonimenteurs haranguent les passants en leur promettant la félicité grâce à l’achat de tel ou tel produit. Rien de tout cela. Ici, tout le monde connaît tout le monde. La confiance est de mise, dans un monde ou nous aurions tendance à toujours être sur le qui-vive pour éviter une indélicatesse.
Notre ami le fleuriste, occupe son espace habituel avec sa multitude de plantes, de fleurs. Rangées soigneusement, elles semble nous souhaiter la bienvenue, comme la promesse d’une bonne fin de semaine.
Cela se sent, se respire. Toutes ses fleurs, sont soignées avec la plus grande délicatesse par notre fleuriste. Bien sûr, il les appelle toute par leur nom et peut nous raconter leur vie depuis la mise en pot. C’est d’ailleurs ce qu’il fait, lorsque les conseils lui sont demandés pour continuer à les soigner avec la plus grande attention. Personne n’a envie de gâcher le travail de ce professionnel passionné par son métier.
Toutes les senteurs bien présentes
Dés l’arrivée sur la place du marché, toutes les senteurs envahissent vos narines, vous disent qu’il est bien agréable de pouvoir profiter de cette ambiance particulière. Celle du marché, des rencontres et dans des occasions trop rares, des discussions avec les hommes et femmes politiques ou syndicalistes, venant discourir sur l’actualité.
Ainsi, les odeurs se mélangent. Celles du rôtisseur, qui a établi son emplacement en bout de promenade. Du traiteur nouvellement présent, dont la paella vient nous rappeler les moments festifs passés entre amis.
C’est aussi le boucher préféré, qui est bien présent avec toutes ses pièces de viande manipulées avec une attention particulière. Il n’est pas rare de trouver sur son étal, des morceaux comme le « tende-de-tranche », « l’onglet », le « paleron » ou encore le « tendron ». Plus rarement tout de même, n’exagérons pas, « l’araignée » qui est, les connaisseurs le savent, le morceau privilégié du boucher. Nous ne parlerons pas des charcuteries et autres délicatesses comme tous les bons morceaux de l’agneau.
Ce sont aussi les marchands de fruits et légumes au nombre de deux. Une attention particulière pour Henri Atthiel, qui est une vielle connaissance des Estagellois. Ses parents exerçaient déjà dans le village.
Nous n’oublierons pas la vendeuse d’asperges du pays qui, à la saison, vient nous proposer sa production entourée de tous les soins jusque sur l’étal.
Dommage, le marché du lundi n’existe plus.
Plus modeste que celui de la fin de semaine, il venait tout de même agrémenter le quotidien et permettait de compléter les achats du vendredi pour un oubli ou un ami arrivé à la dernière minute. Dommage, que rien n’est été entrepris pour non seulement continuer à le faire vivre, mais lui permette de se perpétuer. Ainsi, le chaland, ne viendra plus sur la place du village, acheter son journal, son paquet de cigarettes ou encore sa boîte de pointes. Ne comparons-nous pas l’économie à une boule-de-neige qui roule ?
Certainement, manque-t-il quelque part, une concertation certaine, entre les élus locaux et les commerçants ambulants qui tirent leurs revenus de leur travail, parfois âpre, les jours de mauvais temps. Ils n’ont de rapports qu’avec le policier municipal venant encaisser les emplacements. N’est-ce pas la responsabilité de nos édiles, de prendre ce problème à bras les corps pour essayer de le résoudre, même si les efforts consentis devaient se solder par un échec ?
Dommage aussi, que le poissonnier ayant pris sa retraite bien méritée depuis quelques mois, n’est pas été remplacé. Ne faudrait-il pas là aussi, essayer de renouer avec cette activité sur le marché ? Qui doit faire quoi pour aller dans ce sens ? Devons-nous laisser la lassitude, le : « il n’y a rien à faire », « c’est comme çà », « on n’y peut rien » prendre le dessus ?
Prenons garde ! Avec ces raisonnements, avec ce fatalisme ambiant, c’est aussi le marché du vendredi qui risque de disparaître.
Joseph Jourda