Nous avons choisi de garder anonyme le nom du propriétaire des lieux. Nous l’appellerons Michel pour la circonstance. Il a été vigneron toute sa vie durant. Passionné d’hydrogéologie, aujourd’hui à la retraite, il continue dans la vision du monde qui est la sienne : « la terre ne nous appartient pas. Laissons à nos enfants une planète propre, économisons ses ressources ».
C’est ainsi que Michel a décidé lors de la construction de sa demeure, de gaspiller le moins possible la ressource essentielle à toute vie. Nous voulons parler évidemment de l’eau. Il a équipé sa maison en conséquence. En cette période de pénurie, un geste pour la planète ne laisse pas insensible, indifférent.
La demeure de Michel
D’une superficie de 100 m2, tout a été conçu pour récupérer l’eau de pluie. C’est ainsi que cette dernière vient remplir une cuve de 5 000 l enterrée, et rendue pratiquement invisible.
Nous apprenons qu’une pluie enregistrant 70 ml, est largement suffisante pour remplir la réserve. Au mois d’avril dernier, les 50 ml tombés sont venus remplir la cuve, rendant ainsi l’outillage qui va avec, opérationnel.
Il faut dire que cette réserve sert aujourd’hui uniquement pour arroser le jardin d’agrément grâce à la pompe immergée. Si d’après les statistiques, 6 % sont utilisés pour le lavage de la voiture et l’arrosage du jardin, il n’en reste pas moins pour Michel, d’afficher une volonté de préserver la nature. La dépense la plus conséquente étant les 39 % utilisés pour les bains et douches. Et dire que tout au long des discours, des écrits, les agriculteurs seraient rendus quasiment responsables de la pénurie. Laissons donc les lecteurs seuls juges de la capacité réfléchie des paysans à prendre soin de la nature. Nous parlons là, d’actes concrets réalisés au niveau individuel.
Nous laisserons le soin aux statisticiens de calculer les réserves importantes d’eau de pluie qui pourraient être ainsi récupérées, ce qui éviterait d’autant de pomper dans la nappe phréatique.
Il suffirait que les décisions soient prises, des lois votées, pour que la récupération de l’eau de pluie devienne une exigence lors de toute construction d’immeubles. Il serait nécessaire, bien sûr, que les aides arrivent, pour ancrer cette volonté dans le réel pour faire face au réchauffement climatique tant décrié.
Nos politiques, seront-ils à l’initiative ? Sauront-ils être des visionnaires au service des populations ?
La méfiance des citoyens
Les citoyens sont tellement habitués aux promesses non tenues, aux propos loin d’être clairs des hommes politiques en particulier, de leur poésie bien rythmée, qu’ils ont une profonde méfiance envers les discours qui devraient pourtant les rassurer. Pourquoi ? Parce que sur le terrain rien ne se passe. Et les agriculteurs, incontestablement, sont des hommes de terrain. Il existe trop peu de concertation avec ceux qui, sans avoir de mandat électif d’aucune sorte, sont pourtant ceux qui produisent, ceux qui tous les jours, font des efforts pour être à la page des techniques nouvelles, des données exigeantes pour préserver l’environnement. Pourquoi ? Parce qu’ils aiment leur métier-passion, parce qu’ils savent que la terre ne leur appartient pas. Parce qu’ils veulent laisser à leur descendance, une planète impeccable.
N’est-ce pas le propre d’un amoureux de se comporter de cette manière ? Avoir le souci de l’autre ?
Les agriculteurs, ont tellement été trompés, tellement bafoués dans leur amour-propre, qu’ils écoutent avec suspicion tous les propos. C’est certain, ils préféreraient regarder les actes. Ne sont-ils pas ceux qui étant au plus près du terrain, connaissent obligatoirement, et au mieux, les difficultés posées par dame nature ? De ce fait, connaissent au mieux les solutions possibles ?
Par contre, être systématiquement contre tout ce qui bouge au nom trop souvent d’un parti-pris, et non au service de l’humain, est une erreur fondamentale. La position sereine, devrait être d’essayer de comprendre pourquoi les choses changent. Pour aller dans ce sens, seule une concertation profonde peut améliorer le cours des choses.
Et lorsque nous savons que l’eau « indirecte » consommée à travers les services et objets de consommation est bien plus importante que la dépense individuelle (150 l/jour), pour atteindre les 1875 m3 par an et par habitant en France, nos politiques, avant de nous demander d’économiser l’eau, devraient se pencher sur ces dépenses qui incombent au domaine public.
Joseph Jourda