Voilà des mois que nous sommes poursuivis par la peur de manquer d’eau.
À chaque coin de rue, un signe, une déclaration ou encore un arrêté préfectoral, viennent nous rappeler l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes. Et pour cause, sans eau, la vie s’arrête.
Et ensuite, il y a toutes les discussions qui s’instaurent. Celles des agriculteurs en priorité, suivie de près par les propriétaires de jardins familiaux pour arriver sur les simples utilisateurs qui s’interrogent sur ce que deviendra la possibilité de prendre sa douche ou faire cuire les aliments.
La torpeur de l’hiver passée
Lorsque la torpeur de l’hiver sera passée, aurons-nous droit à nouveau, à la peur et aux pleurs devant le manque d’eau ? Aurons-nous droit à nouveau à la peur de dépenser trop ? À la culpabilisation individuelle, pour nous faire oublier où sont les vraies responsabilités ?
De l’encre à coulé, des réunions de sommet ont eu lieu, des manifestations légitimes ont été organisées, de la salive, dans de nombreux palabres, a été utilisée. Mais où en sommes nous ?
À notre connaissance, les actes qui auraient dû et pu être validés sont encore absents de notre vie et viennent renforcer les inquiétudes légitimes. Ce qui peut apparaître comme un laxisme dangereux prendra-t-il fin grâce à des décisions opportunes réfléchies avec tous les utilisateurs. Nous disons bien avec tous les utilisateurs. La démocratie participative semble être un terme à la mode. Pourquoi pas lui donner ces titres de noblesse à cette occasion ?
La seule proposition qui surgit de temps à autre comme dernièrement encore dans la presse, est celle d’un tunnel partant du lac de Vinça pour alimenter celui de Villeneuve de la Raho. Dans le même temps, nous apprenons qu’un golf est en construction sur ce site.
Bien évidemment, le lien est vite fait. L’eau récupérée servira au fonctionnement pour ce jeu, disons le, plutôt réservé à une élite bien fournie en deniers sonnants et trébuchants.
Encore une fois, le problème étant ainsi posé, l’agriculture semble être délaissée sinon abandonnée.
Le barrage sur l’Agly
Une vue alarmante de l’état de remplissage
Mais il existe l’autre retenue importante située sur l’Agly. Ce barrage, en avril 2023 contenait environ 10 millions de m3. Il était déjà largement déficitaire à ce moment-là. Sa contenance totale est de 27, 5 millions de m3. Aujourd’hui, alors que les pluies d’automne, malgré les incantations, ne sont plus attendues, moins de 6 millions de m3 sont retenus. Il est à craindre que d’ici le mois de mars-avril, le barrage soit complètement vide.
Les sorties d’eau, le grande ou les petites, désespérément vides
La réalité sur le terrain est là et bien là ! L’autre réalité est qu’il semblerait que personne ne se pose de questions. Nous voulons parler de ceux qui ont demandé aux électeurs la responsabilité de gérer les villages. Certes, il n’ont pas le pouvoir de faire pleuvoir. Mais faudra-t-il faire brûler des cierges dans nos églises pour enfin entendre nos élus donner une opinion, un encouragement, une plainte, une colère, une compassion ? Serait-ce trop demander ? Bien sûr, il est plus facile de se préoccuper des illuminations qui sont de mise dans cette période et que nous ne voulons pas déprécier, ou d’améliorer la traversée de villages. Ces choses sont légitimes et tout à fait normales. En quelque sorte, il n’est question là, que d’entretien. Mais pour faire face à cet épisode dangereux que traversent nos campagnes et leurs habitants, il faudra faire preuve d’une autre détermination et certainement d’un courage haut de gamme.
En espérant la pluie !
Joseph Jourda