Estagel/ L’eau : un enjeu politique du 3e millénaire
L’importance de l’eau, pour la vie, n’est plus à démontrer. Aujourd’hui, face à l’incurie des pouvoirs publics, des politiques, pour avancer avec des propositions sérieuses, l’intervention citoyenne est nécessaire, indispensable. Encore faut-il que cette intervention soit aidée et surtout souhaitée, sollicitée.
Mesurons la responsabilité que nous portons envers les générations futures. Mesurons notre responsabilité face aux défis qui sont à l’ordre du jour pour notre agriculture, pour notre indépendance alimentaire. Que les bouches s’ouvrent enfin !
Une question de démocratie
L’eau, depuis que le monde est monde, est un bien commun à tout ce qui vit et respire. Alors, la première nécessité, n’est-elle pas de donner les pouvoirs aux citoyens ? Ceci, bien au-delà de futilités, de faux débats, qui se déroulent une fois à la Communauté de Communes, une autre à la Préfecture, ou encore au Département, même doté d’un syndicat mixte, mais composé de quelles structures, avec qui ? Un syndicat auquel les citoyens lambdas et responsables, seront encore absents ? Où les réunions se dérouleront à huit-clos ? De plus, les citoyens ne sont-ils pas ceux qui étant au plus près du terrain, connaissent obligatoirement, et au mieux, les difficultés posées ? De ce fait, connaissent au mieux les solutions possibles ? La démocratie, n’est-elle pas la condition pour que l’eau soit gérée dans l’intérêt de tous, agriculteurs, habitants des villes et des campagnes ?
Depuis longtemps, de tout bord, les reproches fusent : « Vous dépensez trop d’eau. Il faut économiser ». D’où des mesures de restrictions pas toujours bien comprises. Ceci d’autant, que personne ne laisse son robinet ouvert. Mais en vérité où sont les principales dépenses ?
Les principales dépenses en eau
Notre département compte deux barrages. Celui de Vinça et l’autre sur l’Agly. Quelques rappels sur le dernier cité.
En 1963, la mission Racine. Elle a pour but de conduire de grands travaux d’infrastructures en vue de développer le littoral. Dans cette période, Guy Malet, président du Conseil général, ancêtre du Conseil Départemental, Eloi Tresserres, maire de Caramany, tous deux visionnaires, s’interrogent. Ils posent la question de l’alimentation en eau potable dans les années suivantes. En effet, l’eau salée risque de rentrer dans les terres à force de constructions nouvelles entraînant un afflux de population. D’où, leur combat pour amener les pouvoirs publics à la construction de l’édifice. Eloi l’a fait, durant la campagne des cantonales en 1970. Il était le candidat du PCF. Il aurait donc été logique, étant donné les incidences, que les promoteurs sur le littoral, paient pour la construction du barrage. C’est le contribuable qui a payé.
Mis en service en 1994, son volume utile est de : 27,50 Mm3.
À savoir que les crues de l’Agly peuvent être nettement supérieures à celles de l’Yonne, affluent de la Seine. Elles peuvent atteindre 2000 m3/seconde comme en 1940.
Et toute cette eau, part à la mer !
Nous ne parlerons pas du barrage de Vinça. Pour son nettoyage, ce sont 15 Mm 3 qui partent dans la grande bleue. Une conduite qui amènerait cette eau au lac de Villeuneuve-de-la-Raho, servirait, ne doutons, pas à permettre aux promoteurs de continuer à faire des profits colossaux dans la construction de nouveaux immeubles. Dans le même temps, l’investissement des cies fermières SAUR and cie doit être posé. Et qui payerait ce tunnel conduisant l’eau ?
Voilà les vraies, les grosses dépenses en eau !
Que faire ?
Les élus territoriaux ont un rôle primordial, indispensable à jouer. Pour le moment, c’est le calme plat. Seraient-ils devenus des fonctionnaires attendant les ordres venus d’ailleurs ? N’ont-ils rien à dire ? N’ont-ils aucune proposition ? Cette « fonctionnarisation » entraîne une dénaturation profonde du jeu démocratique. Qu’ils soient d’accord ou pas avec tel arrêté préfectoral ou disposition départementale, mais qu’ils se prononcent !
Des propositions existent pourtant.
En ce qui concerne la vallée de l’Agly, la question des retenues collinaires est posée. Ces dernières permettraient de retenir l’eau des crues, mais aussi, l’eau régulée par le barrage pendant l’été. Eau, qui va elle aussi se perdre dans la mer.
Cette eau ainsi retenue, alimenterait la nappe du quaternaire. Elle pourrait également servir à l’agriculture sans devoir pomper dans la nappe du pliocène qu’il faut absolument préserver.
L’autre proposition, est l’arrêt immédiat, de toute construction sur le littoral et le refus administratif de tout nouveau lotissement dans l’arrière-pays. Ceci, jusqu’à rétablissement d’une situation redevenue normale.
Alors voilà ! Citoyens exprimez-vous. Que cela n’empêche pas les élus d’en faire autant.
Joseph Jourda