Il s’appelle Lucien Dubois. Originaire de Reims, en Champagne Ardennes, et après une halte au village voisin de Rasiguères, c’est sur les hauts d’Estagel, au lotissement René Constantin, que Lucien et sa compagne ont décidé de passer leur retraite avec des aller-retour dans leur ville d’origine. Donc, depuis 2006, la patrie de François Arago compte un artiste de plus : un luthier.
Ce n’est pas par hasard que Lucien finalement, est arrivé à Estagel. Depuis 1992, il venait en effet, passer ses vacances d’enseignant dans notre belle vallée de l’Agly aux paysages si contrastés passant du maquis, aux berges verdoyantes et rafraîchissantes du fleuve aujourd’hui privé d’eau à cause de la sécheresse, en passant par les pinèdes toujours aussi gaillardes. Peu importe, Lucien est dans le cadre idéal pour donner libre cours à sa passion.
Une forme d’expression, la vie, une passion
Comme le dit si bien Lucien, son art consommé dans la fabrique de guitares, est devenu pour lui, au bout de vingt ans de pratique, fondamental dans son existence, sa vie. Au-delà d’une passion, nous sommes tentés de dire que c’est une raison de vivre très forte dont-il lui serait difficile aujourd’hui de se passer.
Il faut dire que Lucien est autodidacte dans cet artisanat d’art. Ce qui revient à dire qu’en vingt ans, cinquante guitares sont sorties de ses mains expertes. A titre d’exemple, Daniel Friedrich, le plus grand luthier français, en a façonné un bon millier. D’autres, moins célèbres, trois cents, cinq cents, ce qui est déjà très significatif pour un bon luthier.
Une partie de la panoplie des outils du luthier
Cela n’empêche pas Lucien de prêter ses guitares recherchées par des professionnels. C’est ainsi que Luis Soria, utilise les instruments pour prodiguer la musique de son répertoire. Sans compter Christian Saut, honorablement connu comme guitariste confirmé, qui vient prêter son oreille aux sonorités magiques développées.
De nombreuses essences de bois utilisées
Chaque partie du corps de la guitare, en fonction de ce que nous avons compris, demande divers types de bois, passant du palissandre des Indes, à l’épicéa, sans oublier l’ébène et le cédro. Une passion certainement qui à un coût, mais peu importe. Seul le plaisir de la réalisation compte. La joie également, de pouvoir adapter les sonorités en fonction de la finesse du travail réalisé sur les différentes parties. C’est ainsi que les instruments sont prêtés, donnés ou alors vendus au prix du bois. Quel magnifique symbole, mettant ainsi la notion de travail à son juste niveau : celui du beau, du plaisir pour soi, mais aussi pour les autres. C’est ainsi que naissent les plus belles réalisations, les inventions également, en toute matière dirons-nous. Aimer ce que l’on fait, n’est-ce pas sublimer l’art d’être ?
Lucien dans la partie sous-véranda, avec le reste des outils.
Dans le nombre, important d’artistes que compte notre vallée, il manquait à notre répertoire un luthier. La chose est aujourd’hui réparée.
Par ailleurs, nous sommes convaincus qu’il apportera beaucoup dans les associations dont il est adhérent, tant son charisme semble être conséquent autant en ce qui concerne sa vie professionnelle que comme celle d’artiste.
Alors, bonne route à Lucien dans notre village. Bonne retraite à lui et à sa compagne.
Joseph Jourda