Il n’y a pas de meilleur moment spontané que ceux qui sont préparés longtemps en avance. C’est ce que sait si bien faire Soledad bien connue dans notre village. Soledad, est cette petite dame fluette que vous rencontrez dans le village, toujours pressée, toujours prête à dire un bonjour, toujours le sourire aux lèvres, toujours disposée à aider son prochain. Une dame avec un grand « D », dans son plein sens du terme.
Un bien agréable moment de détente autour d’une bonne table.
C’est ainsi que ce mercredi 15 novembre, sur les coups de 17 h 30, elle et ses amis, s’étaient donné rendez-vous à la rue Philippe Morat, chez Marie-Paule et Marcel. Ces derniers sont les propriétaires de la petite épicerie sise dans cette même rue. La proximité de ce lieu de rencontre, était justement choisie pour faciliter les échanges, pour faire vivre la convivialité grâce à laquelle, les plus grandes choses peuvent se réaliser. Car une épicerie dans un village, c’est un lieu d’échange. Elle joue un rôle social indéniable.
C’est Loup qui occupait la première place. Il était cependant accompagné par Rita et Soledad au chant. Cette dernière, devait surprendre l’assistance dans l’invention d’une nouvelle forme pour donner une sonorité toute inattendue à une partition. En effet, des cuillers frappées entre elles, jetées sur le mur et retombant au sol, devait donner le meilleur effet de surprise et la meilleure sonorité. Ces ustensiles, connus et utilisés de tous, tous les jours, devait relever le texte d’une chanson bien triste, mais montrant la force du chant et de la musique sur les consciences.
Une nombreuse assistance dans la rue.
Loup, dans son tour de chant, devait nous emmener en Italie, dans la région du Piémont qui semble avoir sa préférence. Turin, capitale du lieu, au nord de l’Italie, est bien connu pour être un brassage de civilisations et un mélange savant de cultures.
Il a pour nom « kamenja », mais pas tout à fait, comme il devait être précisé par Loup. Ce dernier devait nous avouer aussi, que l’origine de cet instrument est finalement inconnue. Il est toutefois, avec son nom arabe, de la même famille du violon avec trois cordes uniquement. Nous remarquerons que la sonorité était amplifiée par un radio réveil. Allez savoir par quel miracle de technologie ! C’est certainement ce mélange de savoir-faire musical, mais aussi d’ingéniosité, qui a conduit Florient à accompagner Soledat et ses amis en cette soirée. Il a eu l’occasion de les rencontrer au collège ou il est un des élèves. Depuis, il est devenu un fan de ce groupe attirant toutes les sympathies. Nous avons pu remarquer également, que la flûte d’Indonésie utilisée, n’avait pas la même sonorité que l’Européenne. D’où un charme supplémentaire à cette soirée.
Loup jouant de la flûte d’Indonésie
Des accords, un chant, un conte
Si à la suite de chaque chant, des explications étaient données, nous retiendrons celles du dernier morceau interprété. Il est question d’une famille jetée dans les geôles d’un quelconque monarque. L’issue de cet emprisonnement morbide ne peut être que fatal. Le plus jeune des frères, se met à chanter entraînant ainsi le reste de la fratrie. Dans l’instant, la vie s’immobilise. Les maçons laissent gâcher le ciment en préparation, le rabot du menuisier n’enlève plus les copeaux, le savetier laisse son sabot inachevé. Quant au roi, sa cuillère au bord des lèvres, demande la provenance de cette mélodie. Et là, l’histoire reste en suspens !
La grâce, sera-t-elle prononcée, et les protagonistes deviendront-ils ainsi de parfaits larbins ? Ou alors resteront-ils libres dans leur agonie ? La question est posée et devrait être renouvelée à Loup lors de son prochain spectacle.
En conclusion, nul besoin d’un déballage de matériel démesuré, pour faire de la bonne musique, pour captiver toutes les attentions. Souhaitons que de telles initiatives se poursuivent. Elles donneront une vie nouvelle, du dynamisme au village et peuvent sonner son réveil. Les longs mois d’hiver seront ainsi moins tristes, moins lugubres. Et surtout elles permettront de couper l’isolement et de limiter la solitude funeste.