Les vendanges battent leur plein. Les premières estimations tombent. En caves coopératives ou en caves particulières, les chiffres de moins trente, moins quarante pour-cent sur la récolte de 2015 sont annoncés.
Il fut un temps ou une mauvaise récolte sur cinq était à déplorer. Aujourd’hui, c’est une bonne récolte sur cinq qui est à apprécier. Nous sommes dans la série des mauvaises.
Les vignerons sont dans un désarroi total. Demain, comment vont-ils faire pour payer les factures et préparer la prochaine récolte, payer les études aux enfants. Comment vont-ils faire pour expliquer à leurs conjointes que leurs salaires devront venir compenser les pertes de récolte.
Comment convaincre le banquier de ne pas refuser l’emprunt qui permettrait de tenir la tête hors de l’eau.
Est-il possible qu’aucune déclaration d’hommes, de femmes politiques ne soit encore venue apporter un sentiment de réconfort, un sentiment de solidarité, un sentiment de peine partagée ?
À aujourd’hui, rien de tout cela. Dans le dernier numéro du journal du Conseil départemental, « L’accent Catalan », alors que cette situation était prévisible, rien. C’est le calme plat. Les vignerons ont le sentiment d’être abandonnés, de ne plus être acceptés dans le concert de la société. Eux qui ont surmonté tant épreuves, qui encore aujourd’hui ont un courage inébranlable, qui sont prêts à lutter comme toujours, contre l’adversité, n’ont-ils pas droit à un peu plus de considération, de simple humanité dans la peine ?
Pourtant, les motifs pour redonner espoir ne manquent pas. Entre autres celui de se pencher efficacement sur le problème récurant de l’arrosage. L’eau est là, même s’il ne peut pas être question de faire n’importe quoi.
Des réserves existent sous les Corbières. Lors des crues, nous regardons l’eau partir vers la mer comme les vaches regardent les trains passer. Que dire également de la plaine d’Estagel, Montner, Latour-de-France, alors que l’arrosage sous pression existe et que ces terres productives sont trop laissées à l’abandon.
À notre siècle, les moyens technologiques existent pour résoudre toutes les situations, mêmes les plus complexes.
Ce sont des choix politiques qui doivent être faits. Ceux allant vers la vie, vers l’homme, vers l’économie au service du plus grand nombre.
Espérons un sursaut salvateur des décideurs. Mais nous savons par expérience, que les vignerons continueront de compter avant tout sur eux y compris pour sonner le tocsin si cela devient nécessaire.
Joseph Jourda