C’est dans le journal «l’Agri … » du 8 septembre, que nous avons pris connaissance des propos de monsieur Jean-Marc Sabathé, préfet de l’Aude en ce qui concerne l’agriculture et plus précisément la viticulture.
Nous ne sommes pas dupes. Les orientations, les propos édictés par un préfet, sont ceux décidés au sommet de l’État, en l’occurrence, le Conseil des ministres qui nomme ses représentants dans les départements. Peu importe s’il s’exprime dans l’Aude, les P.O ou ailleurs.
Produire différemment. Cela suppose quoi ?
Si dans les propos de monsieur le préfet une chose est claire, c’est bien l’appel à produire différemment. Mais que cela veut-il dire ? Certainement, plusieurs hypothèses.
Travailler sur quelques grands domaines, mécanisés à outrance, pour avoir de fortes rentabilités et laissant en friche des centaines d’hectares ? Il faut bien garder une culture pour permettre le tourisme. En effet, peu de personnes rêvent de partir en vacances au milieu d’un désert.
Des exploitations marginales, de 4-5 hectares en vignes, qui feront peut-être du bio en occupant de rares créneaux ? Il sera facile de leur refuser toute subvention, toute aide venant de l’Europe. De plus, elles ne pourront pas bénéficier de celles du pays, car Bruxelles en aura décidé autrement. Fausse concurrence oblige. Même si les agriculteurs, les vrais, les dignes, souhaitent vivre du fruit de leur travail et uniquement de ce dernier, cela n’irait pas sans poser quelques problèmes.
Ou encore, cela veut-il dire un mélange de plusieurs genres. Nous pourrions voir ainsi mêlés, des domaines sur de grandes surfaces, produisant d’énormes quantités, qui auraient comme allié de par l’économie, des exploitations de types familiales, qui produiraient des vins de qualité. Ces dernières deviendraient l’image, la bonne, de toute une profession, d’un territoire. L’inconvénient est, que les grandes surfaces viticoles seraient largement à l’abri de tout inconvénient et qu’il n’en serait pas de même pour les autres.
Des décisions prises ou à prendre avec la profession qui souscrit aux idées positives
Ainsi, lorsque sont évoqués les circuits courts, la profession a déjà montré sa capacité à aller dans ce sens. Depuis longtemps, des caves coopératives, des caves privées, ont opté pour ce genre de commerce. Les vignerons concernés, se libèrent ainsi, autant que faire se peut, du joug de la grande distribution. D’évidence, même si ces efforts ont permis dans bien des cas la survie, ils sont encore bien insuffisants pour faire face à tous les problèmes.
Monsieur le Préfet souhaite faire de l’eau « une grande cause nationale ». Sans aucune arrière-pensée, sans aucune hésitation, les vignerons disent : « Banco ». Il trouvera, nous en sommes persuadés, de puissants appuis venant des vignerons, des responsables de la viticulture pour marcher dans ce sens. Mais le temps presse. Nous avons envie de dire : « Assez de tergiversations, assez de technocratie, assez de papiers et leurs copies, assez de décisions prises qui n’arrêtent pas d’être retardées ».
Comme le souligne encore monsieur le préfet, « il faut s’affranchir du diktat de la grande distribution ». Sur ce point également, nous ne pouvons qu’affirmer notre accord plein et entier, car il n’y a pas d’autre alternative : s’affranchir du diktat de la grande distribution ou que cette dernière, participe financièrement. Il est indispensable que les grosses fortunes soient moins fortunées et que ceux qui triment puissent vivre décemment du fruit de leur labeur.
Il en y va de l’avenir d’une profession, d’un territoire agricole ou pas.
Joseph Jourda (vigneron retraité)