La saison de la taille est entamée. C’est l’époque où chaque cep est ausculté, choyé, bichonné, passé un par un au décryptage tout autant méticuleux que précis. Sur le territoire, apparaissent des parcelles qui ont été livrées aux mains expertes de nos vignerons.
La taille, un art séculaire, une caresse passée sur les vignes pour aider la nature à produire les plus belles grappes et au-delà le meilleur vin, le plus harmonieux des crus.
« Cette année, la taille est un crève-cœur ! «
C’est ce que nous rapportent au moment de la pause, les tailleurs de ceps. Ils disent cela l’œil humide, la voix rocailleuse, dure, coupée par des morsures dans les phrases. L’émotion transpire dans leurs propos. Les dires des anciens surgissent des mémoires. « Dans les années 1920 une période de sécheresse avait amené des hommes de la terre à partir chercher du travail à la capitale. Ils l’ont fait pour ne pas crever de faim, avec leurs familles ».
Des têtes sèches à couper
Aujourd’hui, des exemples qui nous arrivent par clichés interposés, nous montrent qu’effectivement la taille est un désastre. Nul besoin d’être un vieux de la veille, encore moins ingénieur agronome pour comprendre. Des sarments n’ayant pas aoûté, les porteurs secs. Voilà le sinistre ! L’an dernier encore, ces mêmes sarments étaient longs, brillants, les nœuds bien séparés montrant la bonne santé, la robustesse des pampres, promettant de beaux raisins. Les têtes sèches doivent être coupées, éliminées pour essayer de régénérer le cep.
Des têtes porteuses doivent être éliminées pour régénérer le cep
Cette fois-ci, ce n’est pas simplement la récolte de l’année qui est alarmante, mais bien celles des prochaines qui sont déjà compromises. Et au-delà, la survie du vignoble, car beaucoup trop de ceps ne survivront pas. C’est une perte de fond avec toutes les conséquences que cela engendre. Bien évidemment, ce sinistre est dû à la sécheresse que nous subissons. Ceci dit, des décisions doivent être prises. Des consultations menées. Elles devront aboutir à mettre en œuvre des compensations pour donner à notre territoire, aux hommes et femmes qui le compose, l’énergie, la force nécessaire pour continuer son œuvre : permettre aux générations futures, de vivre de la vigne et du vin, en continuant d’aménager, entretenir le territoire pour le bien-être de tous, ruraux et citadins. Nous sommes persuadés que les syndicats de la profession vont œuvrer dans ce sens.
N’oublions pas ! La vigne, c’est l’économie, et souvent la seule suivant les endroits de notre département. C’est l’économie de tout un pays dont il est question. Elle doit devenir la préoccupation première, la priorité de tous les élus. La priorité absolue !