Sur les coups de 18h, en ce samedi 27 février, à l’espace Mandela, Jean-Louis Escudié a tenu une conférence sur la condition féminine en viticulture. La période se situant du XIXe siècle à nos jours a ainsi été évoquée. C’est à l’invitation des femmes des viticulteurs indépendants du village, que cette initiative fort intéressante est née, a été mise en place.
Celle-ci, placée quelques jours avant la journée du 8 mars, « journée internationale de la femme », a été suivie par un nombre honorable d’auditeurs, hommes et femmes venus d’Estagel, mais aussi des villages environnants. Nous souhaiterions toujours plus de public sur un tel thème. Il est question en effet, d’aider notre société à avancer pour plus d’équité entre les deux sexes. Dommage que certains qui devraient être à la pointe dans ce domaine, n’ont pas cru bon d’honorer de leur présence une telle manifestation.
Il est difficile, en quelques lignes, de retracer la richesse des propos tenus par le conférencier. Nous allons essayer de les retracer, en espérant être fidèle aux orientations données.
La situation de la femme
Disons tout de suite notre ressenti. S’il est important de parler de la femme un jour dans l’année, nous pensons que cela est largement insuffisant tant la tâche reste immense. Ce combat pour une équité vraie, entre l’homme et la femme, ne sera gagné que lorsque le besoin n’existera plus d’organiser une journée dans cette intention.
Jean-Louis Escudié, devait s’attacher, en s’aidant de nombreuses photos, à montrer le rôle joué par les femmes et leur place, dans l’économie des deux derniers siècles.
D’une façon générale, il devait préciser qu’encore de nos jours, la différenciation des travaux, permet en fait, de créer la différenciation des salaires. L’exemple du ramassage des sarments de vigne, tel qu’il se pratiquait et finalement pas si lointain que cela, est un exemple révélateur.
La femme et l’enfant, toujours associés dans notre culture, se baissaient jusqu’au sol, souvent les doigts engourdis par le froid, pour ramasser les pampres coupés. C’est un travail horrible, l’un des plus pénibles et des plus mal payé. Heureusement, il ne se pratique plus ou très peu. L’homme lui, taillait les ceps dans une position plus confortable et pouvait mettre des gants par grand froid. La femme et l’enfant non.
Si cette tâche était considérée comme un salaire d’appoint, elle permettait surtout d’éviter la reconnaissance d’un travail permanent, la reconnaissance d’un vrai salaire. Cette façon de penser se retrouve à tous moment dans l’analyse de la situation faite à la femme aujourd’hui.
Au regard de la documentation fournie, il était facile de faire le lien avec les pays en voie de développement. En fait, leur situation était la nôtre il n’y a pas si longtemps.
Les avancées technologiques
Heureusement dirons-nous, des avancées technologiques ont apporté des facilités dans le travail humain, réduisant la peine. Ce ne sont pas elles toutefois, qui réduisent les inégalités, mais bien les avancées sociales qui se gagnent dans les luttes syndicales, dans les luttes revendicatives.
Il n’est pour s’en convaincre, que de prendre l’exemple de la machine à vendanger. À notre connaissance, il n’y a pas de femmes qui conduisent ces engins. Comme elles sont rares encore aujourd’hui, même si les choses ont évolué, celles dont la fonction essentielle dans une exploitation, est d’être tractoriste. Cela voudrait dire la reconnaissance d’une qualification et donc d’un salaire correspondant.
Comme devait le souligner dans le débat une auditrice, le rôle joué par les femmes pendant les deux derniers conflits mondiaux, pour continuer à produire, faire survivre une économie, est trop souvent passé sous silence. D’ailleurs, les confits terminés, les choses ont vite repris leur place : l’homme debout, la femme courbée. Tout un symbole.
Ce n’est pas Pierre Torrés, éminemment connu, y compris bien loin des frontières de notre département, de notre pays, qui viendra soutenir une autre thèse. Merci Pierre pour ta présence à cette soirée importante dans notre village et qui s’inscrit dans une démarche pour réduire les inégalités homme-femme.
Beaucoup de choses, évidemment, restent à dire sur les propos de Jean-Louis Escudié. Une des façons pour continuer à avancer : poursuivre le débat.
Nous terminerons en posant une question.
Savez-vous dans quel pays le droit de vote à été donné aux femmes pour la première fois ?
C’est la Nouvelle-Zélande en 1893. Les femmes Maori, ont-elles aussi eu accès à ce droit.
En France, c’est l’Assemblée consultative siégeant à Alger le 23 mars 1944 qui vote le texte.
Joseph Jourda