Moins de monde aux terrasses de cafés, dans les restaurants, sur la plage aussi, une circulation automobile nettement plus fluide qu’à l’accoutumée en cette (haute) période estivale, des rues piétonnes dont les néons des boutiques s’éteignent en moyenne une heure plus tôt que l’an passé à la même époque, deux personnes par emplacement dans l’hôtellerie de plein air (alors que dans la décennie précédente elles étaient au minimum quatre)…
A la lueur de ce constat, que chacun peut dresser aisément sur le littoral roussillonnais, de Port-Barcarès à Cerbère, à moins d’avoir une poutre dans l’oeil, la saison touristique 2016 s’annoncerait comme des plus catastrophiques.
Pour alimenter cette morosité ambiante, les faits et méfaits ne manquent pas : une météo détestable en début de saison et qui malheureusement a perduré, les tragiques événements de Nice (attentats terroristes), la crise, etc.-etc.
Pourtant, d’autres statistiques et comportements tendraient à accréditer un phénomène inverse, avec au contraire une présence touristique plus importante, ou du moins une fréquentation équivalente à l’année dernière.
Les commerces – principalement « haut-de-gamme » – que ce soit dans le textile (vêtements) ou la restauration (gastronomie ou établissements ayant été rénovés), connaîtraient une certaine embellie, « plombée », ou plutôt freinée toutefois par une activité publique et privée qualifiée de « démodée », voire de « nullité » par celles et ceux qui font des efforts en permanence pour s’adapter aux évolutions actuelles : « la plupart des animations proposées aujourd’hui par les municipalités sont ringardes, comme elles ne ciblent aucune clientèle en particulier, qu’il n’y a ni vision ni marketing, elles n’attirent plus personne même lorsqu’elles sont gratuites ! A côté de ça, les poubelles débordent, certaines rues commerçantes puent… et se garer devient terriblement compliqué. Dans certaines stations du littoral, on a plus de chance de gagner à la Loterie que de trouver une place de stationnement ! », résume un touriste qui, après vingt mois d’août passés dans le Roussillon se demande, pour la première fois, si l’an prochain il ne va pas franchir les Pyrénées pour mettre cap au Sud. « C’est dommage, car il y a tout ici pour passer des séjours heureux, la nature est extraordinaire, le vin est excellent, les plages sont superbes, la côte est magnifique, l’arrière-pays regorge de balades sublimes… mais pour le reste on a l’impression que les mairies se sont arrêtées dans les années 70 au niveau de l’attraction touristique, si ce n’est, par endroit, quelques exemples isolés qui confirment la règle générale. Plutôt que de persister dans des animations poussives, pourquoi ne pas consacrer davantage de moyens pour rendre les stations plus belles, plus propres, plus attrayantes ? (…) ».
Le même touriste n’est pas moins vindicatif concernant le commerce local, surtout celui situé en front-de-mer… « Les commerçants doivent se remettre en question. Il y a urgence. Dans le camping 4 étoiles où je me trouve, tout le monde est unanime : nous sortons pour aller à la plage consommer une glace, une gaufre ou une crêpe, mais pas pour se fringuer ou s’attabler ! S’il y a quelques boutiques où l’on sent que les commerçants font des efforts pour achalander leur étal, en revanche la majorité d’entre eux nous propose des rossignols ! C’est à croire qu’ils nous prennent pour des migrants… ».
Le Club Med’ dans les campings !
Justement, à propos des campings : ils sont devenus de véritables « Club Méditerranée », avec leurs piscines olympiques et service XXL. En 2016, l’hôtellerie de plein air – même chez nous – n’a absolument plus rien à voir avec le rendez-vous historique des congés payés. On y croise des fashionistas au volant de puissants 4X4, etc.-etc. Bref, le campeur version 2016 a tout à domicile avec, parfois, un brin de luxe et de folie à portée de main : épicerie bio et vente de produits phytos, discothèque, bar lounge, spa, parc aquatique, garderie pour bambins élégants, restaurant, pizzeria, ateliers d’oenologie (!), théâtre de verdure entre mer et montagne, créations diverses, soirées « Les Bronzés le retour » ou « Camping la suite »… Plus besoin de sortir du camping ! Sauf à y être invité pour aller à la rencontre d’innovations, de gourmandises…
Car les touristes, peut-être moins visibles qu’autrefois, sont (encore) bien là : la Société TrainBus qui assure le transport en commun dans la station balnéaire d’Argelès-sur-Mer, en irriguant une grande partie de son territoire, a transporté, entre le 1er et le 31 juillet 2016, 73 000 passagers de plus qu’au mois de juillet 2015 ! Et selon Marc Elalouf, le P-DG de TrainBus, le mois d’août est bien parti pour battre un nouveau record avec 100 000 voyageurs de plus qu’au mois d’août de l’an passé.
Pour mémoire, en 2015, lors de la saison estivale, TrainBus a transporté près de 1 300 000 personnes sur le territoire de la commune d’Argelès-sur-Mer. Cette année, l’entreprise pourrait approcher les 1 450 000…