Le cortège (Photo Jean-Luc Modat tous droits réservés )
Mutation de société ? Rouleau compresseur du néo libéralisme ? La violence économique par ses effets de transformation brutale menace tout un chacun, toutes activités confondues, toutes les strates de la société. De l’artisan en proie aux baisses d’activité, à l’agriculteur confronté à la concurrence déloyale, au commerçant lessivé par la grande distribution, au salarié licencié jusqu’au fonctionnaire poussé à bout pour quitter de lui-même la Fonction Publique. Ce conflit social à la Poste de Thuir ferait-il figure de conflit sociétal ? Malgré les discours officiels lénifiants sur la défense des services publics, socle républicain de l’accès pour chacun aux services universels et égalitaires, les services publics de proximité, en zone rurale comme en banlieue disparaissent pour des considérations strictement budgétaires, des « logiques » financières, mais surtout une volonté dogmatique.
La genèse du conflit.
Selon une méthodologie bien huilée, l’Eté est une période favorable aux machinations. Ainsi, en Juillet 2014, prétextant la vétusté des locaux, la non conformité aux normes de sécurité, la Direction de La Poste annonce la fermeture du centre de distribution de courrier et la mutation des facteurs de Thuir sur trois sites : Millas, Toulouges, Saint-Génis-des-Fontaines. Pour exiger son maintien, les facteurs aussitôt se mobilisent en grèves tournantes, la Direction de la Poste (citoyenne !) campe sur sa décision, joue le pourrissement et la lassitude. Face à son silence, depuis le 26 janvier, 60 % des facteurs titulaires ont entamé un mouvement social illimité, reconduit par vote chaque matin à 7h.
Une manifestation populaire
Ce Samedi matin à 10h30, à l’appel de l’intersyndicale SUD66, CGT66 était organisé un défilé de soutien aux postiers grévistes et à la défense du service public de proximité. Prés de 150 personnes (les jeunes peu nombreux!) ont bravé la pluie battante pour manifester dans le centre de Thuir leurs soutiens aux facteurs héros par 55 jours de grève. Parmi les manifestant, le Maire de Thuir, des élus de la ville, des cheminots… De nombreux passants applaudissaient le passage du cortège en guise de solidarité.
Agressé la veille
La veille, Alain Mih porte parole du Comité de soutien a été victime d’une agression physique par une postière non gréviste soit disant excédée par les bruits de la sono des gréviste. « Cette postière suivie de près par 2 jeunes intérimaires, est sortie du Centre de tri avec l’intention d’endommager la sono qui accompagne nos sit-in journaliers sur la voie publique devant la Poste. J’ai tenté de m’interposer à la destruction, elle m’a porté un violent coup de pied de chaussure de sécurité et une gifle à l’oreille avec saignement. Je me suis rendu chez un médecin pour faire constater puis à la Gendarmerie pour dépôt de plainte. » Relate Alain Mih.
Analyses citoyennes
Lucien agent hospitalier
«Ce conflit est trop long pour qu’il débouche sur quelque chose de positif ! Il aurait fallu une mobilisation immédiate plus dense dés le début. C’est un conflit qui reflète en ce moment ce que vit la plupart des gens de ce Canton, du Département, de ce pays avec de petits salaires, confrontés à une dégradation des conditions d’emploi sans précédent.»
Marie enseignante
«Je suis de tout cœur avec eux parce qu’une ville comme Thuir puisse perdre son centre courrier c’est indécent ! Les gens qui nous gouvernent ne font pas grand-chose pour le service public. Ils sont bien courageux de tenir le choc face à une direction, à mon goût, plutôt fascisante dans ses façons d’opérer. Pour moi ce n’est que le début de quelque chose. Là on peut y greffer tous les mécontentements, toutes les difficultés quotidiennes de chacun. »
Robert retraité.
« Ce groupe de grévistes est très courageux. Ce conflit est représentatif du malaise des français. Avec la disparition dans les villages des services publics de proximité ce sont aussi les commerces, les bistros qui ferment. Tout est entrain de mourir sous contraintes de logiques financières. Nous allons tout droit dans le mur, et on le sent le mur ! »
Dominique militant citoyen
« C’est un conflit emblématique par sa durée, par les questions qu’il pose, au-delà de la délocalisation contestée, ce sont les conditions de travail qui se dégradent… La pensé libérale a infiltré les services publics. Je crois que ce conflit est observé avec étonnement avec intérêt et crainte par de nombreux responsables syndicaux, politiques.»
(Textes & Photo Jean-Luc Modat tous droits réservés ) [sociallinkz]