La Fédération Libre Pensée 66 nous communique sous le titre « La fermeture des frontières ne sert à rien, on n’empêche pas les flux, on ne fait qu’augmenter les souffrances », avec prière d’insérer :
« Ce 11 janvier des blocs de béton ont été installés par la préfecture des Pyrénées Orientales, suite à la visite d’Emmanuel Macron en novembre 2020,pour couper 5 routes secondaires de passage-frontières avec la Catalogne. 5 routes, dont le col de Banyuls ,le col de Manrell-Lass IIIas, interdites à la circulation et aux piétons pour une « durée illimitée » au nom d’un « plan de lutte contre la menace terroriste et l’immigration clandestine ». Bel amalgame de tous ceux qui font de la chasse aux réfugiés leur fond de commerce.
C’est par ces mêmes cols qu’en janvier…..1939 …. sont passées des milliers de réfugiés espagnols pendant la Retirada…..En quinze jours près de 500000 espagnols passaient en France pour fuir la dictature franquiste.Trois mois avant,le 12 novembre 1938, le gouvernement Daladier faisait paraitre un décret qui prévoyait « l’internement administratif des étrangers indésirables »
Voilà en quels termes Daladier présentait son décret :
« Il ne manque plus maintenant, pour compléter l’œuvre méthodiquement poursuivie depuis plusieurs mois, que d’assurer à la frontière un barrage solide qui permette d’exercer un contrôle absolu à l’accès sur notre territoire et de rendre pratiquement impossibles les entrées clandestines »
« Enfin, s’il fallait strictement réglementer les conditions d’acquisition de la nationalité française, il n’était pas moins indispensable d’assurer l’élimination rigoureuse des indésirables. Sans doute le Ministre de l’Intérieur a-t-il le droit d’expulser les étrangers résidant en France, ou, s’ils sont dans l’impossibilité de trouver un pays qui les -accepte^ peut-il leur assigner une résidence dans une localité déterminée, mais il est de ces étrangers qui, en raison de leurs antécédents judiciaires ou de leur activité dangereuse pour la sécurité nationale, ne peuvent, sans péril pour l’ordre public, jouir de cette liberté encore trop grande que leur conserve l’assignation à résidence. Aussi est-il apparu indispensable de diriger cette catégorie d’étrangers vers des centres spéciaux où elle fera l’objet de la surveillance permanente que justifient leurs infractions répétées aux règles de l’hospitalité. »
C’est au nom de ce décret que plus de 250 000 républicains Espagnols seront internés dans ce que les autorités françaises elles mêmes nomment « les camps de concentrations » notamment sur les plages d’Argelès.
L’histoire de cette période noire doit servir de leçon pour les situations d’aujourd’hui.
La Libre Pensée 66 rejette tout amalgame entre les terroristes et ceux qui immigrés, réfugiés, fuient la misère, les ravages provoqués par les guerres et dénonce l’instrumentalisation des migrants comme responsables de tous les maux. Les migrants sont, comme la classe ouvrière et la population de ce pays, les victimes d’une seule et même politique internationale, celle du capitalisme exploiteur et créateur de misère.
Héritière du siècle des Lumières, la Libre Pensée est par nature humaniste et universaliste. Au moyen de la Raison elle agit pour l’émancipation humaine. Elle rappelle son engagement indéfectible dans la lutte contre les fléaux qui nourrissent les flux migratoires contre le gré de ceux qui y sont contraints
Elle dénonce :
- Les affirmations mensongères ou à caractère xénophobe selon lesquelles le pays devrait se protéger d’une « migration incontrôlée », voire d’un « grand remplacement », alors même que les données disponibles montrent le caractère limité des migrations internationales (3,4% de la population mondiale en 2017).
- Les violations répétées des droits de l’Homme par les États, en particulier ceux de l’Union européenne, et la faillite de l’accueil des migrants dans ces pays, dans leur prise en charge.
- L’abandon de multiples tâches d’accueil, de logement, de nourriture, à des organisations humanitaires ou d’aide aux migrants, tâches qui relèvent de la responsabilité des États
Le renvoi de migrants vers des pays prétendument sûrs.
La Libre Pensée demande que :
- Cessent les contrôles au faciès, les renvois d’étrangers aux frontières.
- Soient mises en place des structures d’accueil décentes permettant une intégration pleine et entière comme citoyens de la République, notamment un investissement spécifique en matière scolaire pour former dignement les mineurs étrangers. Que ces structures soient encadrées, animées et sous la responsabilité d’agents de l’Etat astreints à la neutralité.
- Soit rétablie la liberté de circulation sur les cinq routes secondaires frontières avec la Catalogne. »
(1) Titre : Catherine Wihtol de Wenden (Cnrs)