Une enseigne du centre-ville a décidé de casser les prix et, par ricochet, c’est toute un pan de l’économie touristique qui vacille.
Tout a commencé sur le boulevard Jean Bourrat, où un célèbre hôtel semble rencontrer de sérieuses difficultés à sa table, au point aujourd’hui de fermer son restaurant le midi et d’envisager bientôt de faire de même le soir… Pour l’instant, ce ne serait-là qu’une hypothèse économique, certes, mais la rumeur devient de plus en plus insistante.
Seulement voilà, les difficultés du restaurant auraient impacté le coefficient de remplissage de l’hôtel, menaçant de facto son existence.
Du coût (c’est une image), la direction de l’établissement s’est sentie obligée de changer de fusil d’épaule et, en dépit de ses trois belles étoiles, de se positionner sur le marché low-cost pour y pratiquer bien entendu des tarifs défiant toute concurrence, surtout pour le confort et les services offerts à la clientèle par ledit établissement perpignanais du centre-ville. Le prix des chambres est inférieur à 50€ pour la nuit !
Le propriétaire des lieux, fraîchement débarqué sous le soleil du Roussillon depuis la région toulousaine, serait très déçu par la politique touristique de la ville, pour laquelle il n’aurait pas de mots assez dur pour qualifier l’absence de stratégie. Mais voilà, le choix du low-cost pour cet hôtel classé en trois étoiles est en train de semer panique, pagaille et, pour le moins, zizanie au sein des professionnels de l’hôtellerie perpignanaise qui accumulent rancœur et grosses colères.
DES HÔTELS 4* MOINS CHERS QUE DES 3* !
En premier, ce seraient très étonnamment les établissements de la ville classés en quatre étoiles qui souffriraient le plus de cette situation de crise locale. Pour s’en convaincre, d’ailleurs, il suffit de se rendre sur le site Booking pour constater l’ampleur des dégâts : la plupart des hôtels 4 étoiles de Perpignan sont moins chers, voire beaucoup moins chers, que des hôtels 3 étoiles implantés à Montpellier et Toulouse. On trouve à Perpignan des nuits en 4 étoiles à une soixantaine d’euros, et même à 50€ la nuit !, contre 90€ à 120€ la nuit pour un 4 étoiles à Montpellier…
Et la situation, hélas, ne va pas en s’arrangeant. A chaque réunion de tourisme, les propos s’enveniment entre hôteliers perpignanais. Municipalité et syndicats professionnels n’arrivent plus à calmer les esprits. Les hôtels 4 étoiles affichent des prix cassés à 50% sur le site Booking.com, obligeant ainsi les autres hôtels classés 3 étoiles à baisser également leurs prix.
Pour l’heure, c’est la spirale infernale…
Les hôteliers indépendants perpignanais sont furieux, car cette dégringolade au niveau des tarifs menace aujourd’hui la stabilité d’un marché touristique local qui semblait avoir retrouvé des couleurs, à travers un équilibre rassurant. On parle désormais d’une chute de 20 à 30% en à peine trois mois, pour les établissements classés 3*, fortement concurrencés par les 4* qui affichent des tarifs (presque) similaires : « ce n’est pas bon, mais pas du tout ! », s’inquiète un professionnel du tourisme qui connait bien la musique. « Tirer les prix par le bas n’est pas LA solution ». Cela tombe très mal, d’autant plus que l’agressivité commerciale d’airbnb se fait de plus en plus sentir sur le secteur. On craint maintenant de la destruction d’emplois…