Serge Pallarès, Catalan, directeur de la Capitainerie de Saint-Cyprien, est pésident de la Fédération Française des Ports de Plaisance (FFPP) depuis 2000, 1er vice-président du Parlement de la Mer et président de l’Union des villes portuaires d’Occitanie Pyrénées Méditerranée… à ces divers titres et fonctions, il est évidemment un précieux expert du domaine maritime. Interview entre mer et montagne, avec une personnalité au caractère solidement ancré sur le territoire !
Le Journal Catalan : Quelle est la part du nautisme dans l’industrie touristique des P-O ?
Serge Pallarès : Une étude a été lancée par le Parlement de la mer et sera présentée lors des assises de l’économie de la mer du 3 décembre 2019 à Montpellier.
Aujourd’hui, le nautisme dans le département des Pyrénées-Orientales représente un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros pour 1 000 emplois ; 160 acteurs économiques pour 66 millions d’euros de retombées indirectes.
LJC : Quels sont les grands projets d’extensions portuaires (plaisance) connus aujourd’hui dans les P-O ?
Serge Pallarès : Le Barcarès, Sainte Marie et Banyuls sur Mer
LJC : Quelle image ont les ports du littoral roussillonnais ailleurs en France ?
Serge Pallarès : La particularité est la proximité avec la Catalogne du sud qui offre un bassin de navigation très attractif et prisé par les plaisanciers français et étrangers.
LJC : Quels sont les investissements nécessaires pour rendre les ports de plaisance des P-O plus compétitifs ou plus attractifs ?
Serge Pallarès : Les ports de plaisance subissent les nouveaux comportements des plaisanciers. L’âge moyen des propriétaires ne cesse d’augmenter et leur renouvellement s’effrite. Une consommation plus collaborative se dessine pour les années à venir. La dimension environnementale ainsi que le développement durable deviennent des enjeux incontournables.
Les ports se transforment en lieux d’hébergement « insolite » et génèrent une expérience à part entière. Ce sont de véritables lieux de vie qui se rattachent de plus en plus aux enjeux du tourisme moderne avec un marketing centré utilisateur pour les rendre attractifs. Des opérateurs privés commencent à s’y intéresser.
Dans ce contexte, les enjeux sont forts pour les villes portuaires. Le positionnement de chaque port au regard de l’évolution du marché devient une nécessité. Des réflexions doivent s’engager sur le parcours client, les expériences promises, du décor à la qualité de la relation et des services associés.
Ici l’anticipation devient un élément clé de développement afin d’engager cette transition dans la bonne direction. Le marketing centré client fera la différence et le travail en synergie avec les acteurs touristiques dans une logique d’intelligence collective aussi.
LJC : Touristiquement parlant, peut-on faire avec le nautisme des « packs » comme cela existe déjà dans les P-O avec les stations de ski, certains domaines viticoles… ?
Serge Pallarès : Le port de plaisance est une fenêtre sur la mer, mais c’est devenu depuis peu une porte d’entrée sur le territoire. L’Uvpo et la Ffpp travaillent sur la diversification de l’offre touristique. Les principales mesures structurantes d’une nouvelle attractivité s’appuieront sur l’engagement et le regroupement des acteurs du nautisme.
C’est aussi une montée en gamme avec une qualité d’accueil et des services offerts haut de gamme qui répondent aux attentes des plaisanciers et des utilisateurs de port de plaisance.
C’est mettre en place une gestion intégrée, maîtrisée et durable, un marketing produits, en s’appuyant sur le digital, la promotion multicanal.
La solidarité économique doit être notre force, que tous les territoires apportent leur image en faveur de l’intérêt général pour que le département rayonne au cœur de notre grande région et surtout sur le bassin méditerranéen, voilà notre prochain défi.
LJC : Vous avez été auditionné récemment par la commission des Finances sur, entre autre « la réduction de la pollution générée par les navires grâce à une limitation de leur vitesse » ; c’est là un sujet qui vous tient à cœur et pourquoi ?
Serge Pallarès : Ce n’est pas la première fois que l’idée est évoquée. La France en avril 2019 l’a déjà proposée à l’OMI (Organisation Maritime Internationale) .
Quand les cargos ralentissent leur émission de gaz à effet de serre chutent.
Après la crise financière de 2008, les navires de fret avaient ralenti pour économiser le carburant. Une réduction de 12% de la vitesse ayant conduit à une baisse de 27 % de la consommation quotidienne des carburant et donc à de plus faibles émissions de gaz à effet de serre.
La flotte marchande mondiale ne cesse de grossir, il est devenu nécessaire et urgent que les professionnels de transport maritime se penchent sur des solutions à plus long terme, afin de décarbonner le plus possible la navigation : carburant moins sale, optimisation des moteurs pour gaspiller moins d’énergie, et même recours à une assistance éolienne.
Audition à l’assemblée nationale le 16 décembre 2019.