La crise sanitaire du covid-19 a durement impacté le secteur aéronautique et spatial. Il concerne en France l’industrie de l’aviation civile, le jet privé, mais aussi l’industrie spatiale et d’armement, et est l’un des principaux moteurs économiques de la Haute-Garonne. Face à la crise de l’aéronautique, des initiatives voient le jour pour encourager un retour à la normale.
Toulouse, la région la plus touchée
La grande majorité des acteurs du secteur de l’aéronautique en France se situe autour de Toulouse. La région concentre en effet les principaux sites des constructions aéronautiques pour l’aviation civile et l’aviation d’affaires. Chaque année, de nombreux ingénieurs sont formés par les écoles renommées de la région. L’Aerospace Valley, porté par l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine, est un pôle de compétitivité mondial de la filière aérospatiale.
La région, qui concentre 27% des employés de l’industrie aéronautique et spatiale, subit de plein fouet la crise aéronautique et la chute du trafic aérien mondial. Les salariés des sous-traitants des plus grands acteurs du secteur voient les plans sociaux se multiplier depuis le début de l’épidémie.
Aéronautique en crise : les chiffres clés
Pour tenter de contrer la crise aéronautique, le gouvernement français a annoncé en juin 2020 un plan de soutien financier pour préserver un secteur qui emploie près de 200 000 personnes en France. Une aide de 15 milliards d’euros, pour “permettre à Airbus, à Thales, à Dassault, à Safran, de préserver au maximum les emplois en France”, selon le Ministre de l’économie Bruno Le Maire.
Les temps sont durs en Haute-Garonne, berceau historique de l’industrie de l’aviation, département où les conséquences de la crise aéronautiques sont les plus douloureuses. Depuis le début de la crise sanitaire, le taux de chômage a connu une hausse de 9,3% en Occitanie, ce qui en fait la deuxième région la plus touchée en France métropolitaine. En Nouvelle Aquitaine, les chiffres montrent une hausse de 7,2% (Source : INSEE).
Selon Guillaume Faury, le président exécutif d’Airbus, le groupe est « confronté à la crise la plus grave que ce secteur ait jamais connue », a-t-il déclaré. Le géant de l’aéronautique, contraint de freiner de 40% sa production pour recentrer ses activités sur l’aviation commerciale, a annoncé la suppression de 15 000 emplois à l’été 2020. Cette décision concerne, en France, près de 5 000 postes, qui se partagent entre la branche aviation civile du groupe et l’entreprise toulousaine Stelia Aerospace.
Dans le même temps, Boeing prenait la lourde décision de supprimer 30 000 postes dans le monde sur deux ans. Cette annonce fait suite à l’année difficile qu’a connue le constructeur américain, qui a vu son chiffre d’affaires baisser de 29 %, soit une perte de 449 millions de dollars. Le groupe a donc réorganisé ses investissements, notamment en termes d’approvisionnement et de recherche et développement.
Des plans sociaux face à la crise aéronautique
Le secteur de l’aéronautique, comme le reste de l’économie en France, a déjà largement recours au chômage partiel et au dispositif de prêt de l’État depuis le début de la crise aéronautique. Mais, victime de l’effondrement du trafic aérien mondial, l’industrie aéronautique et spatiale connaît de nombreux plans sociaux.
Alors que dans le Nord, 800 salariés de plusieurs sous-traitants d’Airbus, dont la filiale Stelia Aerospace, voient leurs emplois supprimés, la Haute-Garonne n’est pas en reste. Dans le Sud Ouest, ce sont 5 800 salariés, hors intérim, qui ont perdu leur emploi, soit une baisse de 3,6% des effectifs du secteur.
Et tous les métiers de l’aéronautique semblent concernés. A Blagnac, aux alentours de Toulouse, 1 150 postes sur 2 200 ont été supprimés au sein de l’entreprise Akka Technologies, spécialisée dans les services d’ingénierie aéronautique. Depuis la mi-mars, plus d’un millier de salariés était pourtant au chômage partiel. L’entreprise justifie ce plan social par sa perte de chiffre d’affaires de 38% par rapport à l’année passée.
A quelques kilomètres, c’est l’entreprise Latelec à Labège qui a annoncé le licenciement de 130 salariés sur 450. Après deux mois de négociation et plusieurs journées de grève, les salariés de l’entreprise spécialisée dans le câblage aéronautique n’ont pas obtenu de changement de décision.
Avec l‘aide de l’État, ces entreprises en difficulté face à un secteur de l’aéronautique en crise espèrent former leurs salariés pour les reclasser. Une opportunité que met en avant Pôle Emploi Occitanie, en proposant des reclassements dans des entreprises de la défense, ou dans les filières agroalimentaires, ferroviaires et nucléaires. Ces débouchés pourraient, en effet, intéresser des salariés dont les compétences peuvent se recycler dans ces secteurs.
Dans la lignée de cette dynamique de mobilité professionnelle, EDF favorise les reclassements des employés qui ont subi un licenciement à cause de la crise aéronautique. Certains métiers de l’aéronautique disposent en effet de compétences communes à la filière électrique, notamment dans la gestion de projet et d’affaires, mais aussi dans les domaines de l’électromécanique, de l’électronique, de la soudure, de la chaudronnerie ou encore de l’électricité. Le groupe a donc proposé sur un site dédié plus de 200 offres d’emploi aux ex-salariés des sous-traitants d’Airbus, Safran, Liebherr ou encore Daher. EDF aurait déjà reçu plus de 650 candidatures suite à ce projet lancé en décembre 2020.
Un objectif face à la crise : construire le futur de l’aéronautique
De nouvelles initiatives naissent pour soutenir les acteurs du secteur et contrer les conséquences de la crise aéronautique. Ainsi, le programme “Rebond Industrie”, né de BPI France et de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), vise à accompagner les patrons de PME d’Occitanie pour adapter leur modèle au nouveau contexte économique. Ce soutien prend la forme d’un diagnostic de leur situation pour leur conseiller les meilleures stratégies à mettre en place pour se relever de la crise aéronautique.
Un autre partenariat porteur est celui du fonds spécialement débloqué par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas). Cette aide de 50 millions d’euros vise à encourager les entreprises du secteur à inventer l’avion du futur. Un coup de pouce apprécié, pour appuyer la recherche et l’innovation et trouver de nouveaux débouchés face à la crise aéronautique.