À Saint-Estève, la Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) œuvre jour après jour auprès de personnes atteintes d’handicap intellectuel associé ou non à d’autres handicaps (moteurs, sensoriels, mentaux). L’ensemble des équipes met tout en place pour améliorer la vie des habitants, reportage au sein de l’établissement.
Bordant un parc jonché de pins, 108 Avenue du Fournas à Saint-Estève, la maison du Bois Joli est aujourd’hui bien ancrée dans le quartier. L’établissement médico-social a été fondé, à cet endroit, en 1985. « Ici, c’est une maison, le terme est très important, les personnes qui vivent ici en sont les habitants, nous sommes chez eux » explique la directrice, Yvonne Riba. Les habitants du Bois Joli ont minimum 20 ans, ils sont atteints de déficiences importantes au niveau mental avec des répercussions sur la communication, la motricité…« En tout, il y a 52 résidents, 44 qui vivent à l’année au Bois Joli, 7 qui viennent uniquement la journée et nous nous occupons d’une personne à son domicile » précise Madame Riba. L’établissement est géré par l‘Unapei 66, association parentale au service de la personne avec handicap intellectuel.
L’importance des activités
Les professionnels de la MAS sont là pour assurer les besoins de la vie courante et la sécurité des résidents au quotidien, mais aussi pour éveiller et ouvrir ces derniers à la vie sociale, culturelle…
Voilà pourquoi ils mettent en place bon nombre d’activités: « il y en a chaque jour, en extérieur ou en intérieur. Elles sont très variées afin de stimuler un maximum les habitants » raconte Charles Leclercq, directeur-adjoint. Randonnées, jeux de sociétés, ateliers manuels ou artistiques, piscine, musique, visites culturelles, gym, films commentés…La liste est longue et certaines sont particulièrement marquantes comme le laisse entendre Joëlle Wolinski, aide médico-psychologique (AMP), « depuis 20 ans, les résidents vont à la plage, à Canet en été. Tout mettre en place a demandé beaucoup de travail, mais aujourd’hui tout est bien organisé, nous sommes intégrés, nous avons le matériel adéquat…Certains résidents ont même tissé des liens avec d’autres plagistes que nous retrouvons chaque année ». Autre activité essentielle, le Snoezelen: « elle permet aux résidents de ressentir et de découvrir des odeurs, des touchés…Le but est d’éveiller leurs sens pour qu’ils ressentent différentes sensations » détaille l’AMP qui travaille au Bois Joli depuis 35 ans.
Les activités doivent apporter un plus aux habitants, elles ne doivent en aucun cas devenir des contraintes, « il y a donc aussi beaucoup de temps de repos, ils sont nécessaires dans une vie en collectivité » rajoute Yvonne Riba. Pour accompagner et répondre aux besoins des résidents « nous essayons de nous adapter à chaque profil, d’individualiser un maximum. C’est une remise en question perpétuelle qui nous permet d’avancer et de trouver des solutions » résume Charles Leclercq.
Humanitude et méditation
Depuis quelques années, l’établissement a mis en place un gros chantier pour améliorer la communication entre les équipes mais aussi avec les habitants, « cela passe par des illustrations, un langage simplifié, des pictogrammes, des photos…L’objectif est que tout le monde se comprenne mieux » illustre le directeur-adjoint.
Mais ce n’est pas tout, « l’établissement a été le lieu d’une expérimentation de 8 semaines sur la mise en place de la méditation. Dans le but d’améliorer la qualité de vie au sein de la maison. Cela touche la communication, l’accompagnement, les relations entre les professionnels. Nous essayons d’amener de la cohésion entre les équipes afin d’accompagner au mieux les résidents et de développer un bien-être global » synthétise la directrice.
Ces démarches s’inscrivent dans le cadre de l’humanitude, une philosophie du soin et de la relation instaurée, dans les années 1980-90, par Rosette Marescotti et Yves Gineste. « Sa mise en place comprend tout un programme permettant de former les professionnels, pour qu’ils aient une meilleure approche dans les contacts et les relations avec les autres » précise la directrice. Une méthode qui passe par la parole, le regard, la gestuelle aussi, « ce sont des petites choses, des détails qui une fois appliqués permettent d’améliorer le quotidien de tous et de tisser des liens de confiance améliorant la qualité de vie » selon Joëlle Wolinski.
Les équipes du Bois Joli essayent d’institutionnaliser cette philosophie, afin de la pérenniser au sein de l’établissement. Pour le directeur adjoint: « il faut qu’elle devienne un acquis sur la durée, car c’est un réel plus pour tout le monde ».
La structure se renouvelle
La Maison d’Accueil Spécialisée du Bois Joli fait peau neuve depuis quelques mois, « les travaux ont commencé en 2018. C’est une reconstruction totale des locaux, les travaux sont en cours et s’achèveront en 2023. Nous avons décidé de rester au même endroit, car le cadre est idéal pour nous » conclut Yvonne Riba. Tout est remis à neuf, les unités de vie, les chambres, les parties communes, les cuisines…car dans une maison toutes les pièces sont essentielles.