Deux éminents personnages de la culture nord-catalane disparaissent en ce début du mois d’Avril, Jean Iglesis dit « pacha » et Eliane Comelade (Une).
Si les moindres sentiers du Canigou n’avaient plus de secrets pour le premier, les plus modestes subtilités de l’art culinaire étaient parfaitement connues de la deuxième. Sur fond de tradition et de culture héritées de nos ancêtres, les deux ont su faire œuvre de récupération, préservation et de valorisation de nos traditions locales en tentant toutefois de les faire évoluer, les adaptant au grès du temps et des mœurs.
Emboitant le pas à François Pujade, précurseur des feux de la St Jean modernes, Jean Iglesis, de par son action venait y donner un magnifique élan qui encore aujourd’hui se poursuit sur la Ville de Perpignan et bien au-delà des frontières du Roussillon et même de l’Hexagone. Avec Joseph Deloncle et Marguerite Mestre, marraine du musée Casa Pairal de Perpignan, il mit en place le cérémonial de la Flama del Canigó, une flamme qui, une fois régénérée au sommet de la montagne Sainte des Catalans, parcours des milliers de kilomètres pour allumer à son tour des milliers de feux de joie dans la nuit précédant la fête de Saint Jean-Baptiste. Avec le cercle des jeunes et le Comité international des feux de la Saint Jean, « Pacha » a su mettre à l’honneur notre ville, son Castillet tout en faisant de ce lieu emblématique le cœur de cette tradition festives.
Eliane Comelade, quant à elle, était l’historienne par excellence et fine alchimiste des « fogons » nord-catalans. Des recettes médiévales aux recettes populaires de nos grand-mères elle a fait de la cuisine populaire un art fort apprécié et prisé des belles tables de fêtes et de tous les jours. Qelle est la maîtresse de maison locale qui n’a dans sa vitrine un des nombreux ouvrages qu’Eliane a consacré à l’art de la table roussillonnaise ? Si on la connaît avec cette facette, il est bon de rappeler qu’elle s’est investie durant de nombreuses années à l’organisation des fêtes médiévales de Perpignan, avec les ateliers de Cuisine Catalane d’Ille, sous la houlette du musée de société de la Casa Pairal.
Les deux ont rouvert des voies qui s’étaient peu à peu refermées, formant un sillage et indiquant un chemin à suivre pour des générations futures. Partage, amour du pays, attachement à nos racines et à nos traditions… voilà quelques mots qui désignent le but de leur action. Ils gravissent maintenant tous deux les pentes du panthéon nord catalan, le Canigou.
La Ville de Perpignan, reconnaissante pour leur action et leur trajectoire, tient ici à leur rendre un hommage particulier et présente aux familles respectives leur très sincères condoléances.