Francis DASPE, responsable du Parti de Gauche Perpignan, nous prie d’insérer sous le titre « Laïcité à géométrie variable et connivence générale à Perpignan ? » :
« Le Conseil municipal de Perpignan dans sa séance du mercredi 25 juin 2014 a fait l’acquisition pour un montant de 820 500 euros d’un immeuble situé au 8 rue de l’académie et appartenant à l’Association diocésaine de Perpignan. L’immeuble sera utilisé comme un lieu d’exposition d’objets sacrés dont certains dédiés à l’Archiconfrérie de la Sanch et à son histoire.
Cette acquisition foncière n’est en réalité qu’un marché de dupes visant à contourner la laïcité. La municipalité de Perpignan offre un cadeau substantiel à l’Association diocésaine tout en lui permettant de poursuivre sa promotion : c’est du gagnant/gagnant à tous les coups ! Ainsi, l’Association diocésaine garde inchangé l’usage du bâtiment, usage garanti de manière permanente, tout en étant déchargée des préoccupations matérielles ou financières de l’entretien du bâtiment. Il s’agit en réalité davantage d’une subvention à peine déguisée. Une fois de plus, la frontière entre le cultuel et le culturel est franchie sans vergogne pour contourner l’exigence de laïcité. Un bâtiment acquis par une municipalité doit avoir une affectation laïque au service de l’intérêt général, et non pas au service d’une croyance particulière que la loi de séparation de l’Etat et des Eglises de 1905 range dans la sphère privée pour mieux garantir indistinctement toutes les croyances et la liberté de conscience.
Cette décision a été votée à l’unanimité des membres du Conseil municipal. Ce fut le cas notamment du pénitent à peine masqué de la procession de la Sanch de l’an passé, un certain Louis Aliot. La laïcité prônée par le Front National se révèle bien à géométrie variable… Le FN se situe clairement dans le système, englué dans les réseaux de connivence.
Avec de tels opposants, la majorité municipale peut dormir sur ses deux oreilles !
La décision de solliciter une subvention de 10 % de la dépense auprès du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) dans le cadre du projet « Tourisme durable et Itinérance du savoir en cœur de Ville » est à cet égard édifiante et révélatrice. L’Union européenne, qui méconnait la laïcité au point d’entretenir « un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les Eglises », est appelée à la rescousse pour financer l’opération. La confusion potentielle entre culturel et cultuel n’a jamais posé de problème aux institutions européennes au point de promouvoir de manière compulsive les « racines chrétiennes » de l’Europe.
La promotion des racines chrétiennes, voilà un des éléments du programme commun à Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan, Louis Aliot, responsable du Front National, et à l’Union Européenne. Si bien que, certes sur le ton de la plaisanterie (pour détendre l’atmosphère et briser la glace ?), Jean-Marc Pujol invitait lors du dernier conseil municipal Louis Aliot à faire un bout de chemin ensemble sur la route de Saint-Jacques de Compostelle…
Connivence, quand tu nous tiens… Et tant pis si la laïcité est bradée sur cet autel de la connivence ! »